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La peine de mort pour les mineurs fait débat en Iran

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  • La peine de mort pour les mineurs fait débat en Iran

    L'exécution de Delara Darabi, jeune iranienne qui avait moins de 18 ans au moment du crime dont elle était accusée, a rouvert le débat sur la condamnation à mort de mineurs en Iran.

    «Maman, ils veulent m'exécuter. Je vois la potence. Aidez-moi !» Il est sept heures du matin, ce vendredi 1er mai, lorsque, depuis la prison de Rasht, au nord-est de Téhéran, Delara Darabi lance cet appel téléphonique désespéré à sa mère. Ce seront ses dernières paroles. Au bout du fil, la voix d'un inconnu enchaîne : «Nous allons pendre votre fille et vous ne pouvez rien y faire.» Après un «clic» glacial, la ligne est aussitôt coupée.

    Quand les parents de la jeune Iranienne, condamnée à mort pour le meurtre d'une cousine, débarquent quelques minutes plus tard devant l'établissement pénitencier, il est trop tard. Après six ans passés derrière les barreaux, Delara Darabi a été pendue au bout d'une corde. «Je me demande qui a eu la cruauté de retirer la chaise de dessous ses pieds», confie un de ses avocats, Mohammad Mostafaei, dans une note postée sur son blog personnel.

    Les associations de défense des droits de l'homme sont sous le choc. «L'Iran est signataire de deux conventions dans lesquelles elle s'engage à ne pas exécuter de condamnés à mort pour des crimes commis avant leur majorité. Or, Delara n'avait que 17 ans au moment des faits», déplore l'activiste Asieh Amini, contactée à Téhéran.

    Une centaine de cas en attente

    Selon un rapport publié à Paris par la Fidh (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme), plus de quarante jeunes condamnés auraient été exécutés en Iran de 1999 à 2009, et une centaine d'autres mineurs attendent leur tour. L'organisation rappelle qu'en République islamique, le meurtre, le viol, le vol à main armé, le trafic de drogue et l'adultère sont des crimes passibles de la peine capitale.

    Si la mort de Delara Darabi suscite autant d'émoi, c'est parce que son exécution a pris tout le monde de cours. En 2003, la jeune fille, alors âgée de 17 ans, avait d'abord avoué le meurtre commis lors d'un cambriolage, avant d'admettre qu'elle voulait couvrir son petit ami, âgé de 19 ans, qui était avec elle lors de l'infraction. Plus tard, le relevé d'empreinte aurait, selon ses défenseurs, prouvé que le coup de couteau mortel a été porté par un droitier, alors que Delara est gauchère. En 2007, sa sentence fut néanmoins confirmée. Le jeune homme, lui, écopa de dix ans de prison.

    Décidé à la sauver, son entourage s'était alors lancé dans une véritable course contre la mort. Il y a deux ans, l'exposition, à Téhéran, de ses toiles peintes depuis sa cellule avait fait beaucoup de bruit. Plus récemment, des efforts avaient été déployés pour essayer d'obtenir le pardon des proches de la victime. D'après la loi iranienne, inspirée de la charia, un crime commis nécessite «rétribution» (qisas) par la condamnation du criminel.

    Domination de l'arbitraire

    Cette peine peut être transformée en compensation financière (ou diya), à condition que la famille de la victime fasse preuve d'indulgence. L'octroi, quelques jours avant sa pendaison, d'un sursis supplémentaire de deux mois par l'ayatollah Shahroudi, le chef du pouvoir judiciaire, avait redonné espoir à tout le monde. Mais il n'a pas été pris en compte.

    Amnesty International y voit le signe d'une domination de l'arbitraire, les juges locaux ayant le pouvoir final de trancher. Ces décisions peuvent également réserver des surprises inattendues, comme la libération ce week-end, de Kobra Najjar, une Iranienne condamnée à la lapidation pour adultère, à la suite d'une demande de révision de son dossier, prononcée par Shahroudi, et d'une amnistie accordée par le guide suprême.

    À l'approche des élections présidentielles, l'affaire Delara a rouvert le débat sur la condamnation des mineurs, qui oppose les tenants d'une application stricte de la charia aux partisans d'une remise à jour des textes religieux. Dans un article publié dans le quotidien modéré Etemad-e Melli, quelques jours avant la sentence de la jeune fille, le clerc réformateur Mehdi Karoubi, candidat au scrutin du 12 juin, s'est ainsi ouvertement opposé à ce genre d'exécution. Mais il s'est aussitôt retrouvé dans la ligne de mire du quotidien ultraconservateur Keyhan, qui l'a accusé de faire de la «propagande contre le système». Le débat est pourtant loin d'être clos. D'après l'agence de presse Ilna, Ali Reza Jamshidi, le porte-parole du pouvoir judiciaire, vient de faire savoir que le Parlement planche sur une révision de la peine capitale appliquée aux mineurs. «Nous nourrissons l'espoir d'un changement», souffle Asieh Amini.

    Par le Figaro

    Delara Darabi
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