«Nous sommes tous des chrétiens d’Orient », s’exclamait Régis Debray lors d’un colloque à Paris. Assassinats de chrétiens en Irak, incendies d’églises à Gaza, vexations contre les coptes en Egypte, liberté de culte encadrée en Turquie, restriction de mouvements en Israël... Les communautés chrétiennes, filles du Moyen-Orient depuis deux mille ans, se sentent de plus en plus mal sur leurs terres natales, hier fief du pluralisme religieux.
La visite du pape Benoît XVI, du 8 au 15 mai, en Jordanie puis en Terre sainte-Israël et Territoires palestiniens-leur remettra un peu de baume au coeur. A chaque étape, à Amman, à Jérusalem-Est, qui abrite des dizaines de communautés religieuses, à Nazareth, à Bethléem, où la majorité chrétienne a abdiqué devant les musulmans, des milliers de fidèles se presseront pour assister aux offices de Benoît XVI. La plupart seront des Palestiniens de Palestine ou d’Israël, membres de ces nombreuses communautés chrétiennes d’Orient liées à Rome. Leur vie est difficile.
En Cisjordanie, parce que le mur construit par les Israéliens les a coupés des 147 000 chrétiens d’Israël et des lieux saints. En février, une quarantaine d’entre eux écrivaient au Saint-Père pour lui faire part de leur désarroi et de leur crainte que son voyage soit interprété comme un soutien à la politique israélienne en Palestine.
D’où le regret des 2 500 chrétiens de Gaza que Benoît XVI n’aille pas les rencontrer. « Pourquoi le pape ne vient-il pas ? » s’insurge le très dynamique évêque de Gaza, Mgr Manuel Musallam. Il veille sur la seule église de ce coin de Palestine et dirige la Sainte Famille, une école religieuse. Il y a deux ans, des groupuscules islamistes se sont attaqués à des chrétiens dans la ville. Ils ont posé une bombe dans la seule librairie chrétienne. Son propriétaire a été tué. Des dizaines de chrétiens ont quitté Gaza, certains pour la Cisjordanie, où la vie est plus paisible-la maire de Ramallah est une femme chrétienne-, d’autres pour le Canada. Au fil des années, la présence chrétienne au Moyen-Orient s’effiloche.
Les communautés sont-elles menacées de disparition, englouties dans un océan musulman, parfois islamiste ?
Les chrétiens d’Orient-en majorité orthodoxes-sont encore 10 à 12 millions. Mais la population musulmane a crû bien plus vite. « En 1919, les chrétiens de Palestine étaient 45 000, soit 25 % de la population ; en 1947, ils étaient 90 000 ; aujourd’hui, ils sont 200 000 entre la Palestine et Israël, mais ils constituent moins de 2 % de la population », explique Mgr Philippe Brizard, directeur général de l’Ouvre d’Orient.
La tendance est la même partout.
Démographie faible des chrétiens, qui forment la partie la plus éduquée et souvent prospère de la population ; émigration des jeunes, qui vont étudier aux Etats-Unis ou en Europe et ne rentrent plus. L’inquiétude sur la pérennité des communautés chrétiennes en terre d’islam s’est aggravée avec la montée de l’islamisme. Il y a un siècle, les chrétiens étaient le fer de lance des sociétés arabes, contribuant à la renaissance de la langue et à l’éclosion du nationalisme. Ils ont permis l’ouverture de ces sociétés vers la modernité. Michel Aflak, le fondateur syrien du Baas, ce parti laïque qui se voulait panarabe, était un chrétien. Les islamistes ont voulu mettre un coup d’arrêt à cette influence jugée pro-occidentale. Ils n’y sont pas totalement parvenus. Ils ont échoué en Jordanie, où le roi a toujours protégé la communauté chrétienne. En Syrie, le régime autoritaire, dont le pouvoir est aux mains de la minorité alaouite, fait alliance avec la minorité chrétienne, implantée dans les affaires, et accueille ses membres martyrisés des pays voisins, tel l’Irak.
« Nous voulons que les chrétiens restent dans le monde arabe », écrivait en 2002 le prince Talal, membre de la famille saoudienne, dans une tribune publiée par le quotidien An Nahar de Beyrouth. Un point de vue éclairé très minoritaire : en Arabie, seule la religion musulmane est autorisée...
Par le Point
La visite du pape Benoît XVI, du 8 au 15 mai, en Jordanie puis en Terre sainte-Israël et Territoires palestiniens-leur remettra un peu de baume au coeur. A chaque étape, à Amman, à Jérusalem-Est, qui abrite des dizaines de communautés religieuses, à Nazareth, à Bethléem, où la majorité chrétienne a abdiqué devant les musulmans, des milliers de fidèles se presseront pour assister aux offices de Benoît XVI. La plupart seront des Palestiniens de Palestine ou d’Israël, membres de ces nombreuses communautés chrétiennes d’Orient liées à Rome. Leur vie est difficile.
En Cisjordanie, parce que le mur construit par les Israéliens les a coupés des 147 000 chrétiens d’Israël et des lieux saints. En février, une quarantaine d’entre eux écrivaient au Saint-Père pour lui faire part de leur désarroi et de leur crainte que son voyage soit interprété comme un soutien à la politique israélienne en Palestine.
D’où le regret des 2 500 chrétiens de Gaza que Benoît XVI n’aille pas les rencontrer. « Pourquoi le pape ne vient-il pas ? » s’insurge le très dynamique évêque de Gaza, Mgr Manuel Musallam. Il veille sur la seule église de ce coin de Palestine et dirige la Sainte Famille, une école religieuse. Il y a deux ans, des groupuscules islamistes se sont attaqués à des chrétiens dans la ville. Ils ont posé une bombe dans la seule librairie chrétienne. Son propriétaire a été tué. Des dizaines de chrétiens ont quitté Gaza, certains pour la Cisjordanie, où la vie est plus paisible-la maire de Ramallah est une femme chrétienne-, d’autres pour le Canada. Au fil des années, la présence chrétienne au Moyen-Orient s’effiloche.
Les communautés sont-elles menacées de disparition, englouties dans un océan musulman, parfois islamiste ?
Les chrétiens d’Orient-en majorité orthodoxes-sont encore 10 à 12 millions. Mais la population musulmane a crû bien plus vite. « En 1919, les chrétiens de Palestine étaient 45 000, soit 25 % de la population ; en 1947, ils étaient 90 000 ; aujourd’hui, ils sont 200 000 entre la Palestine et Israël, mais ils constituent moins de 2 % de la population », explique Mgr Philippe Brizard, directeur général de l’Ouvre d’Orient.
La tendance est la même partout.
Démographie faible des chrétiens, qui forment la partie la plus éduquée et souvent prospère de la population ; émigration des jeunes, qui vont étudier aux Etats-Unis ou en Europe et ne rentrent plus. L’inquiétude sur la pérennité des communautés chrétiennes en terre d’islam s’est aggravée avec la montée de l’islamisme. Il y a un siècle, les chrétiens étaient le fer de lance des sociétés arabes, contribuant à la renaissance de la langue et à l’éclosion du nationalisme. Ils ont permis l’ouverture de ces sociétés vers la modernité. Michel Aflak, le fondateur syrien du Baas, ce parti laïque qui se voulait panarabe, était un chrétien. Les islamistes ont voulu mettre un coup d’arrêt à cette influence jugée pro-occidentale. Ils n’y sont pas totalement parvenus. Ils ont échoué en Jordanie, où le roi a toujours protégé la communauté chrétienne. En Syrie, le régime autoritaire, dont le pouvoir est aux mains de la minorité alaouite, fait alliance avec la minorité chrétienne, implantée dans les affaires, et accueille ses membres martyrisés des pays voisins, tel l’Irak.
« Nous voulons que les chrétiens restent dans le monde arabe », écrivait en 2002 le prince Talal, membre de la famille saoudienne, dans une tribune publiée par le quotidien An Nahar de Beyrouth. Un point de vue éclairé très minoritaire : en Arabie, seule la religion musulmane est autorisée...
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