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La katiba démodée contre le régiment vaincu .

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    La katiba démodée contre le régiment vaincu
    par Kamel Daoud
    Le discours sur la repentance et la demande d'excuses entre l'Algérie et la France est devenu lassant et redondant comme un enterrement raté. Des deux côtés, il est devenu indécent et tellement insultant, pour les historiens comme pour les pêcheurs de sardines. Certains Français y placent ce qui leur reste de fierté d'empire dans le cadre du bat étroit qui leur échoit dans la géographie de l'Otan et de l'Empire State Bulding mondial. De notre côté, pays décolonisé par les armes et recolonisé par la fainéantise et la dépendance alimentaire, certains d'entre nous s'y rattrapent en voulant tirer des coups de feu sur la France, pour faire croire qu'ils ont participé à la guerre de Libération avant leur naissance ou leur poussée dentaire.

    En France, l'exigence d'honnêteté a été parasitée par la vanité internationale de ce pays qui n'arrive pas à se hausser à la gloire de son gaullisme magnifique mais jamais reproduit. Chez nous, on y sent encore une fois plus le feu de broussaille pour masquer le reste du vol de bétail dans les douars piégés. Et des deux côtés, les arguments se valent. Sarkozy a raison de s'interroger sur une Algérie qui « pardonne à des égorgeurs d'enfants et pas à la France ». Chez nous, on peut s'indigner de voir les Australiens présenter leurs excuses aux Aborigènes décimés et les Italiens payer cash leurs « oeuvres positives » en Libye, et se dire pourquoi la France, qui a tant mal fait, ne se contente pas de nier, mais pousse l'outrecuidance mémorielle à vouloir confondre bâtir un pont et incendier une mechta. Entre les deux, il y a le peuple des indifférents, lobotomisés des deux côtés de l'histoire commune des deux pays, et les peuples critiques qui, en France, se demandent si on n'a pas mieux à faire que de poursuivre un bataille de spahis morts et enterrés, et ici, si certains Algériens n'ont pas fait pire à leur pays après 1962 que les Français avant leurs valises.

    Le débat s'est donc autonomisé, selon les maladies propres de chaque pays, et a été vicié par des prises d'otages localisées, sans lien avec le fond de l'Histoire. En France, le « dossier » sent le caprice d'un empire réduit à une dépendance et dont la fierté s'est réfugiée dans l'entêtement organisé. Chez nous, la biographique étatique, en mode depuis toujours, a créé un peuple qui préfère endosser la biographie d'un léopard que de s'attarder sur le traumatisme fondateur de notre nationalisme et même de notre nationalité.

    En mémoire des millions d'Algériens de décimés au 19ème siècle par déboisement enfumages, on doit avoir honte de dire que ce débat est d'un ennui majeur. Mais, en mémoire des enfants à venir, on a honte de les faire venir dans un pays qui, entre deux demandes de repentance, en est arrivé à importer des sardines de Tunisie et des Chinois pour ramasser du gravier.

    La colonisation n'a pas été une oeuvre positive. L'Indépendance le devient de moins en moins.

    SOURCE : Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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