Par Fadoua Ghannam
ENSEIGNEMENT. High school à la marocaineA partir de la rentrée prochaine, la mode sera aux universités privées, créées en collaboration avec de prestigieuses écoles internationales. Digest.
Younès, 18 ans, ne sait plus à quel saint se vouer. A quelques semaines du baccalauréat, il n’a toujours aucune idée sur la formation universitaire à suivre : médecine, ingénierie, management, finances, etc. Et pourtant, ses bons résultats scolaires lui ouvrent théoriquement la porte des plus prestigieuses écoles et universités. Mais cet élève est
Ascenseur social
C’est un tout autre positionnement que l’Université internationale de Rabat (UIR) a choisi. Ses initiateurs, issus pour la plupart de la diaspora marocaine à l’étranger, veulent mettre en place “un ascenseur social pour les élèves brillants issus de milieux modestes”, comme l’explique son directeur, Noureddine Mouaddib, professeur à l’université de Nantes. “Nous voulons dupliquer ce modèle de réussite sociale qui, grâce à l’enseignement de qualité, a permis à de nombreux Marocains de réussir de brillantes carrières à l’étranger, malgré la modestie de leurs origines”, ajoute-t-il. Si les frais de scolarité s’élèvent à 90 000 DH par an, la moitié des étudiants ne s’en acquitteront pas en totalité. “Notre objectif, à terme, est d’arriver à 20 % d’étudiants boursiers et 30 % bénéficiant d’une gratuité totale. Ces derniers n’auront aucun centime à débourser pour suivre les cours au sein de notre université”, détaille Noureddine Mouaddib. Le choix de ces “privilégiés” se fera uniquement sur la base de leurs résultats scolaires, qui leur ouvriront les portes d’écoles d’aéronautique, d’industries pétrolières, d’architecture et design en plus des filières plus classiques, comme les sciences politiques, le management ou encore la finance. “Un grand intérêt sera également accordé aux activités de recherche et développement. A cet effet, nous avons signé, il y a quelques jours, une convention avec le groupe international Thales pour l’implantation d’un laboratoire à Rabat”, conclut l’initiateur du projet. Cette formule a séduit les hautes sphères du royaume. C’est en effet à l’occasion de la dernière visite d’Etat, effectuée en octobre 2007 par le président français Nicolas Sarkozy au Maroc, que ce projet d’université privée a été initié avec l’appui de Mohammed VI. Le cursus académique de l’UIR a été pensé en partenariat avec de prestigieuses universités et écoles étrangères : Yale University, Sciences Po Grenoble, Sup aéro Toulouse, Ecole des mines de Paris, Sup de Co Rennes, etc. Démarrage officiel des cours, dispensés en français et en anglais : septembre 2010.
Enseignement sélectif ?
Un an plus tard, une troisième université privée accueillera sa première promotion. Rappelez-vous, en mai 2008, le milliardaire Miloud Chaabi fait une annonce de taille. L’homme d’affaires philanthrope dédie 10 % de sa fortune (estimée à près de 40 milliards de dirhams) à la création d’une université privée, en partenariat avec l’Indiana State University. L’objectif est de mettre en place une université citoyenne “ouverte sur la communauté”, selon les dires de Omar Chaabi, en charge de l’accomplissement du projet. Le choix même du site est éloquent : Lahraouyine, l’une des localités les plus pauvres de la périphérie de Casablanca. L’université marocaine dupliquera l’organisation de son homologue américaine avec deux départements : sciences et techniques, “l’un des meilleurs outre-Atlantique” d’après le fils Chaabi, et arts et sciences humaines. Pour ce qui est de l’investissement nécessaire, des frais de scolarité et des détails d’inscription, aucune information n’est encore disponible. “Nous venons à peine d’avoir l’autorisation du ministère de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur”, souligne Omar Chaabi. Mais cette effervescence académique est loin de faire l’unanimité au sein des professionnels de l’université. “Nous ne voyons pas le bénéfice pour notre pays”, précise pour sa part Jalal Hassoun, membre du SNUSEP (Syndicat national de l’enseignement supérieur). “Nous risquons de nous retrouver face à un enseignement sélectif, basé uniquement sur les moyens financiers”, poursuit ce professeur. Et de conclure que l’Etat aurait mieux fait de se focaliser sur la réforme de l’université lancée il y a cinq années, qui ne concerne pas encore des facultés prestigieuses comme celles de médecine et de pharmacie.
Mundiapolis
Lieu : Nouaceur, Casablanca. Accès : bac. Filières dispensées : droit, finances, management, TIC … Frais de scolarité : 55 000 DH. Partenaires académiques : Université Sophia Antipolis (Nice, France). Investissement : 150 millions de DH. Capacité d’accueil : 3000 étudiants. Début des cours : Septembre 2009.
Université privée de Rabat
Lieu : Technopolis, Rabat Accès : bac et bac+2. Filières : aéronautique, énergie et mines, architecture et design, finances, droit… Frais de scolarité : 90 000 DH par an, logement compris. Langue de formation : français et anglais (l’arabe sera enseigné en tant que matière). Partenaires académiques : Sciences Po Grenoble. Investissement : 1,3 milliard de DH. Capacité d’accueil : 5000 étudiants. Début des cours : septembre 2010
Université Chaabi
Lieu : Lahraouyine, Casablanca. Accès : bac. Filières dispensées : ingénierie, finance et comptabilité, sciences humaines, littérature et études civilisationnelles… Partenaires académiques : Indiana State University. Capacité d’accueil : 3000 étudiants. Début des cours : Septembre 2011
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