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Les bus de l’humiliation à Tizi Ouzou: promiscuité et mépris

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  • Les bus de l’humiliation à Tizi Ouzou: promiscuité et mépris

    Des transporteurs par minibus et autres fourgons aménagés de 18 à 30 places, assurant des dessertes suburbaines, voire interrégions, imposent aux usagers de s’asseoir sur des strapontins (petits sièges pliants) installés le long du couloir intérieur du minibus au point où les malheureux clients et clientes se retrouvent, contraints, de se côtoyer dans une promiscuité insupportable, notamment en été, et non sans payer le même prix de la place que les autres clients installés «confortablement» sur les sièges normaux.

    Le problème n’est certes pas de réduire le prix aux clients assis sur ces sièges inconfortables, mais le danger encouru, sachant, de surcroît, que lesdits véhicules n’ont qu’une seule porte utilisée pour l’entrée comme pour la sortie. En plus, au moment d’encaisser sur les voyageurs, le receveur demandait carrément à ces derniers (ceux assis aux rangées du milieu), à faire passer l’argent de ceux qui ont pris place tout à fait à l’arrière du véhicule. Ils s’y exécutent en pivotant du buste et de la tête pour saisir l’argent, tantôt du côté droit, tantôt du côté gauche. Et pour rendre la monnaie, souvent celle-ci tombe par inadvertance de la main du client ou de celle du receveur, et c’est l’imbroglio du remue-ménage.

    Le mépris...

    Un voyageur assidu de la ligne Draâ Ben Khedda-Tizi Ouzou fera cette remarque : «Je ne comprends pas l’absence de réaction des ingénieurs des mines et autres contrôleurs techniques quand à l’impérative nécessité d’interdire totalement aux transporteurs d’adjoindre ce type de «siège» pour des minibus à une seule porte (entrée-sortie), car ces sièges pliants condamnent tout le couloir de passage des clients à l’intérieur du véhicule et ne sont d’aucun confort ; bien au contraire, ils constituent un réel danger en cas de quelque incendie, incident ou…accident ; qu’à Dieu ne plaise !». Aux stations des dessertes Draâ Ben Khedda-Tizi Ouzou (11km), où ce type de véhicules est légion, un autre paradoxe fait rage. A la station de cette ville chef-lieu de commune et de daïra abritant une dense population qui avoisine les 40 000 âmes, au chômage ou en activité, des files de voyageurs dont beaucoup de femmes, se forment dès les 07 heures du matin, pendant que— le paradoxe ! - les dizaines de fourgons et minibus garaient l’un derrière l’autre attendant chacun leur tour d’embarquement au signal du «gardien» portant stylo et carnet à la main. Celui-ci s’offre ainsi le «plaisir» du spectacle de la bousculade des voyageurs, après avoir fait attendre le chauffeur devant se mettre au quai et ouvrir enfin les portières aux clients qui s’engouffrent dans un spectacle désolant : et visiblement, ce spectacle est «savouré» en face par les pseudos contrôleurs, censés mettre de l’ordre au sein des stations, et par certains des chauffeurs, souvent complices dans le «manège».

    Au lieu de mettre 2 ou 3 voitures à la fois pour pouvoir prendre toutes la foule de voyageurs qui s’accumulent sans cesse, non ! Ils trouveraient amusant le spectacle.

    Quel remède ?

    Une façon comme une autre de narguer et de montrer que les voyageurs sont à leur merci et… méprisables. Imposant leur «loi», ces «contrôleurs», certains sont eux-mêmes chauffeurs de fourgons, prennent ainsi tout leur temps pour noter et faire passer à quai les véhicules, à tour de rôle, certes, mais pas avant le départ de la voiture ayant chargé ses voyageurs. Et pour ce rôle d’organisation, nos contrôleurs, dans la plupart des stations, perçoivent chaque jour 30 DA par fourgon et 50 DA par minibus. Les dizaines de transporteurs s’y acquittent de la «dîme» «pour éviter l’anarchie», non sans envier ces derniers, «chômeurs» de leur état, exonérés, dit-on, d’impôt comme de cotisation à l’assurance sociale ou de la retraite. De plus, en raison de ces bousculades, maintes fois — faut-il le rappeler — pendant que les voyageurs s’engouffraient avec anarchie à bord des fourgons, l’on a vu des femmes et des hommes aussi— sursauter et crier spontanément de douleur en secouant leurs doigts… écrasés par la portière avant, précipitamment fermée par le second passager prenant place dans la cabine du chauffeur. Chat échaudé craint l’eau froide…

    La fréquence de ces accidents a fini par rendre «conscients» la plupart des voyageurs, qui prennent ainsi, désormais, plus de précaution . En tout cas, l’excès dans «l’attente» -nullement innocent — à mettre à la disposition des usagers une ou deux voitures qui puissent suffire au flux de voyageurs, incite fréquemment beaucoup de ces derniers, indignés, à se déplacer sur des centaines de mètres vers l’arrêt de la sortie ouest de la ville où s’arrêtent les bus venant de Bordj Menaïel, Baghlia, Boumerdès, Rouiba… Ces derniers prennent volontiers à bord les usagers de Draâ Ben Khedda, et pour 10 DA place seulement, au lieu des 15 DA chez les transporteurs locaux. Quoique ce tarif n’atteint même pas, faut-il le reconnaître, les deux DA au kilomètre qu’impose la réglementation. Les pouvoirs publics ont, de surcroît implanté, certainement à la demande de transporteurs locaux qui se sentent «concurrencés», des panneaux d’interdiction d’arrêt au centre et à la sortie-est de la ville. Ainsi, des voyageurs des cités Chaba et Mahmoudi, par exemple, qui désireraient se rendre à Tizi Ouzou, sont contraints de faire des centaines de mètres à pied jusqu’à la station des fourgons, comme est contraint tout voyageur de ces cités venant des villes de wilayas voisines (Boumerdès, Rouiba, Bordj Menaiel, Bouira, Dellys, Draâ El Mizan…) à descendre au premier arrêt (entrée-ouest) et faire, à pied, plus d’un km pour rentrer chez-lui, sachant que les bus de ces régions refusent d’observer des arrêts à proximité de la grande mosquée (tout près de la station des fourgons), comme à la sortie-est de l’ex Mirabeau, car des panneaux «arrêt interdit» y sont placés, et, bizarrement, sporadiquement enlevés.

    Or, faut-il le reconnaître, cette «interdiction» est violée impunément et fréquemment par des… stationnements de véhicules, exceptés pour ces transporteurs de passage qui rendaient énormément services aux voyageurs âgés, malades, femmes… «Vous voyez, madame, ce panneau-là devant l’arrêt que vous me demandiez ? Il m’a valu récemment le retrait de mon permis et une verbalisation pour avoir «rendu service» à quelqu’un comme vous…», répondit un transporteur assurant des dessertes entre Boumerdès et Tizi Ouzou, via Draâ Ben Khedda, à un couple de sexagénaires l’ayant prié de les déposer à l’«arrêt de la mosquée», ou du moins à celui de la cité Mahmoudi (sortie-est). Toujours en matière de points d’arrêt, souvent des voyageurs implorent des transporteurs sur la liaison Draâ Ben Khedda -Tizi Ouzou à les déposer aux lieudits «Bouaïd», «Belhocine», ou «Said Amirouche», mais ces opérateurs rétorquaient toujours qu’il n’est pas question d’observer un arrêt à ces endroits, dangereux, il est vrai, tant que des panneaux d’autorisation n’y sont pas apposés. «Je ne vais, tout de même pas, pour 15 DA, exposer mes clients au danger ou risquer le retrait de mes papiers et la mise en fourrière de ma voiture», avertissait Kader à l’endroit de ses clients. Et dire que souvent des automobilistes bafouent la règle à ces niveaux, pour peu qu’il n’y ait point de surveillance… Aussi, l’apport de grands bus, comme au temps des «transport Hameg» et du Secotrav (transport communal), est décidément nécessaire pour en finir avec la hogra des «contrôleurs» -transporteurs, l’agglutinement de voyageurs attendant, anxieux, de rejoindre leur travail, où, à défaut, autoriser les bus de passage, à déposer et prendre des voyageurs aux points d’arrêts habituels de la ville.Peur des bouchons ? Ils n’ont jamais diminué, avec ou sans les panneaux d’interdiction d’arrêt. Encore faut-il qu’ils soient respectés par les riverains.

    Par la Dépêche de Kabylie
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