Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Finances au beau fixe, économie à la traîne

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Finances au beau fixe, économie à la traîne

    Quand le pétrole va, le Trésor va, les importations aussi

    Les réserves de change ont atteint un montant de 143,102 milliards de dollars à la fin décembre 2008 contre 110,18 milliards de dollars à la fin 2007. Même si «l'emballement» de la facture des importations des biens et des services a réduit le taux de couverture des importations à 36 mois contre 40 mois en 2007, la situation financière du pays reste très confortable. Les chiffres contenus dans la note de conjoncture de la Banque d'Algérie, cités par l'APS, confirment le constat positif déjà fait, il y a quelques jours, par le gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Leksaci. La politique de désendettement porte ses fruits, estime la Banque, en relevant au second semestre 2008 un excédent du compte capital et opérations financières. «C'est la première année où le compte capital et opérations financières réalise un solde positif qui contribue à la viabilité de la balance des paiements, sous l'effet d'une augmentation significative des IDE en 2008 (2,34 milliards de dollars contre 1,37 milliard de dollars en 2007», se félicite la banque en relevant que ce «phénomène nouveau» constitue «une performance particulière qui permet à l'Algérie de faire face au 'choc externe' de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et de durcissement de leurs conditions».


    Grâce aux hydrocarbures

    L'excédent global de la balance des paiements est de 37,03 milliards de dollars, l'encours de la dette extérieure sur le moyen et long terme était à la fin 2008 de 4,282 milliards de dollars contre 4,889 milliards de dollars à fin 2007. Alors que la valeur du dinar a connu ces derniers mois une baisse de l'ordre de 12%, la Banque d'Algérie estime que la politique suivie en matière de taux de change est «en phase avec la stabilité externe» et souligne que la politique suivie «de manière flexible, sert l'économie nationale». «L'appréciation du dinar, par rapport au dollar US, notamment aux 2e et 3e trimestres 2008, conjuguée à un effet balancier en matière d'évolution du cours dinar/euro, dépréciation au 1er trimestre suivie d'une appréciation au cours des 3 trimestres suivants de 2008 ont conduit à une consolidation à court terme du taux de change effectif réel du dinar qui, à fin 2008, est resté proche de l'équilibre avec une appréciation de 1,58% en moyenne annuelle». Il reste, observe la Banque d'Algérie, que le défi est d'asseoir «une compétitivité externe hors hydrocarbures pour soutenir la viabilité à moyen et long termes de la balance des paiements». La politique du taux de change doit être «accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification de l'économie nationale». Dans la foulée, la Banque d'Algérie a annoncé une augmentation des investissements directs étrangers nets qui ont atteint, en 2008, 2,31 milliards de dollars alors qu'ils n'étaient que 1,37 milliard en 2007. Il serait intéressant de connaître la part d'IDE relative au secteur hydrocarbures et celles hors hydrocarbures mais on l'aura compris, les chiffres contenus dans la note de conjoncture confirment que la position financière extérieure de l'Algérie est excellente grâce, uniquement, aux revenus des hydrocarbures.


    Exportations hors hydrocarbures insignifiantes

    La fiscalité pétrolière constitue, plus que jamais, la divine manne de Trésor algérien. Il est donc logique que les finances extérieures soient affectées par la baisse des prix du pétrole, sachant que les exportations hors hydrocarbures n'ont été au second semestre 2008 que de 0,57 milliard de dollars contre 0,87 milliard au premier semestre. Ces exportations hors hydrocarbures, par leur faiblesse, sont pratiquement sans apport à la «viabilité de la balance des paiements courants, surtout dans ce contexte de très forte augmentation des paiements au titre des importations des biens et services». La note relève qu'un autre élément de vulnérabilité pour la balance des paiements est «représenté par l'emballement, en 2008, des services non facteurs importés qui sont passés de 4,78 milliards de dollars en 2006 à 6,93 milliards de dollars en 2007 et à 10,97 milliards de dollars en 2008». On relève également que les crédits à l'économie ont augmenté de 17,84% en 2008 pour s'établir à 2.615,51 milliards DA dont la plus grande part a été allouée au secteur privé (52,14%). La note souligne la tendance à la hausse des crédits à moyen et long termes (notamment les crédits hypothécaires) qui sont passés à 52,62% à fin 2008 contre 51,26% à fin 2007. Il reste que les chiffres ne permettent pas d'avoir des indications claires sur la part des crédits d'investissements dans les crédits à l'économie. L'accroissement des crédits hypothécaires est en soi une bonne chose pour l'accès à la propriété, il reste également à savoir qu'elle est la part des financements accordés aux projets immobiliers. On remarque aussi que les banques sont rappelées à leur devoir d'analyse et d'évaluation correcte des risques. Est-ce une critique adressée aux banques ?


    Critique implicite des banques

    «Le rôle de la politique monétaire dans la régulation du marché monétaire doit être accompagné par un progrès de la part des banques quant à la gestion du risque de liquidité, sachant que la persistance du contexte d'excès de liquidité en Algérie contraste avec l'acuité de la crise de liquidité qui a été la première manifestation de la crise financière internationale dès 2007.» Il est également attendu que «les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédits, vu l'acuité de cette question au niveau international». Certains spécialistes sont tentés d'y voir au moins un constat de performance médiocre des banques. L'emballement en 2008 des services non facteurs, pointé par la note de conjoncture, est un élément de préoccupation car les dépenses d'infrastructures sont appelées à croître. Le tableau d'ensemble dresse en définitive un bilan favorable du point de vue financier. Quand le pétrole va, le Trésor se porte à merveille, les importations sont florissantes... Mais force est de constater, en termes de performances globales, l'existence d'une déconnexion entre l'état des finances du pays et le reste de l'économie. L'Algérie se présente paradoxalement dans une situation inverse à celle des pays frappés par la crise : les finances vont bien, l'économie réelle reste à la traîne.

    Le Quotidien d'Oran
Chargement...
X