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Le Fonds national d’investissement au secours de la pétrochimie algérienne

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  • Le Fonds national d’investissement au secours de la pétrochimie algérienne

    Les projets dans le secteur de l’énergie sont estimés à 25 milliards de dollars alors que les capacités de financements des banques commerciales sont limitées. Le Fonds national d’investissement est la réponse trouvée par les autorités financières algériennes.

    Par Hassan Haddouche, Alger

    C’est après une longue période de réflexion que les autorités financières algériennes ont annoncé, au début du mois de mars dernier, la création d’un Fonds national d’investissement (FNI) doté initialement d’un capital public de 150 milliards de DA (1,5 milliard d’euros). Ce fonds est destiné à suppléer les banques commerciales qui ne disposent ni des ressources financières longues, ni des ressources humaines qualifiées pour prendre en charge le financement des investissements structurant à moyen et long termes pour l’économie nationale. En fait, selon différentes sources proches de ce dossier, ce sont les problèmes de financement soulevés dans la période récente par le programme de développement de l’industrie pétrochimique qui ont donné l’impulsion essentielle à ce projet, dans les cartons du Ministère des finances algérien depuis plusieurs années. Lors de la cérémonie d’installation du nouveau fonds, le grand argentier algérien, Karim Djoudi, a précisé que ses ressources, qui pourraient être portées à moyen terme à 10 milliards d’euros, seront mobilisées « pour répondre aux besoins de restructuration du secteur économique en évitant le recours au financement extérieur ».

    Karim Djoudi a précisé que ses ressources seront mobilisées « pour répondre aux besoins de restructuration du secteur économique en évitant le recours au financement extérieur ».

    La création du FNI est donc tout d’abord à resituer dans le cadre de la décision des autorités algériennes de ne pas recourir à l’endettement extérieur et de privilégier le financement local des projets d’investissement. Cette option s’explique, de l’avis général, par l’importance des liquidités disponibles tant au niveau du secteur bancaire que du Trésor public, qui dispose notamment, grâce au Fonds de régulation des recettes budgétaires, d’une cagnotte de près de 50 milliards de dollars. On souligne également que le financement en dinars permettra d’éviter les pertes de change éventuelles liées au financement des projets.

    La pétrochimie d’abord

    La première mise en œuvre de cette démarche a été appliquée en 2008 au traitement du financement de deux importants projets pétrochimiques réalisés en partenariat entre Sonatrach et les groupes Bahwan et Orascom. Ces deux premiers investissements figurent sur une liste plus longue de sept ou huit projets identifiés par le Ministère de l’énergie et qui pourraient mobiliser au total plus de 25 milliards de dollars. Ils sont, pour l’instant, les seuls dont le dossier de financement a été finalisé, et ont pour caractéristique commune de comporter un apport en capital de 30% et un endettement à hauteur de 70% du financement de projets. C’est cette dernière partie du financement qui a été assurée par les banques publiques algériennes, avec pour chef de file la BEA dans le cas du partenariat avec Bahwan, et le CPA dans le projet de production d’urée et d’ammoniac conclu entre Sonatrach et Orascom.

    Les contraintes du financement local

    Les contraintes liées à la décision de privilégier le financement local de ces deux projets sont rapidement apparues. Selon nos sources, la capacité d’absorption des banques de la place est limitée à 750 millions de dollars par projet, en raison des ratios de division des risques qui imposent un engagement maximal de ¼ des ressources des banques au profit d’une même entreprise. Précision utile : cette règle a d’abord été assouplie par la prise en compte individuelle des projets dans lesquels la Sonatrach est impliquée. La deuxième difficulté essentielle liée au financement de ces projets réside dans leurs durées qui sont comprises entre quinze et vingt ans. Les banques ne disposant pas de ressources de cette nature courent donc le risque de se retrouver rapidement en dehors de la réglementation sur les ratios de transformation. Ces différentes contraintes n’ont pu être levées que grâce à l’intervention du Trésor public algérien, sans qu’on sache, pour l’heure, si cette intervention a pris la forme d’une garantie ou d’un apport de ressources longues au profit des banques concernées.

    Une nouvelle approche pour le partenariat

    Cette sollicitation massive des ressources publiques dans le cadre de projets de partenariat soulève de façon évidente le problème des contreparties à exiger en retour, s’agissant de surcroît d’investissements qui s’accompagnent d’un transfert important de la rente gazière. C’est le sens qu’il faut donner aux propos tenus par Karim Djoudi à l’installation du FNI. Pour le ministre algérien des Finances : « Dans un contexte où les opérateurs étrangers réduisent leurs investissements en raison de la crise financière internationale, le gouvernement algérien propose une approche nouvelle qui consiste à accompagner les investisseurs étrangers en apportant une large réponse en matière de financement et de cofinancement à travers la création du FNI. »

    La nouvelle approche proposée par le gouvernement algérien consiste donc, on l’aura compris, à proposer d’importantes facilités de financement en échange d’une participation majoritaire de la partie algérienne. C’est cette approche qui devrait être mise en œuvre dans la réalisation de la suite du programme pétrochimique.

    Simultanément, la création du Fonds national d’investissement va permettre de dépasser les limites imposées par les capacités de financement des banques, tout en contribuant à rendre plus transparente l’intervention du Trésor public. Elle soulève incidemment, et ceci est une autre histoire, le problème des capacités d’expertise de cette nouvelle institution qui est toujours à la recherche de son premier directeur général et qui ne peut encore compter que sur quelques cadres issus d’une Banque algérienne de développement réduite depuis de nombreuses années à sa plus simple expression.

    Les Afriques
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