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L'Etat français contrôle l'énergie belge

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  • L'Etat français contrôle l'énergie belge

    Centrica cède SPE-Luminus à EDF, qui, en contrepartie, lui vend 20% de British Energy. Cette transaction modifie le paysage énergétique européen et, surtout, touche au premier plan le marché belge de l'énergie. EDF, détenu à 85% par l'Etat français devient le principal concurrent en Belgique de l'opérateur dominant GDF Suez, dont l'actionnaire principal est à 35%... l'Etat français. L'Hexagone contrôle donc désormais les deux premiers opérateurs d'énergie en Belgique.

    Bruxelles (L'Echo) - Centrica, le numéro un de l'énergie au Royaume-Uni, et le géant français Electricité de France (EDF) ont conclu ce lundi une opération double par laquelle EDF prend contrôle le SPE-Luminus, le deuxième groupe sur les marchés belges du gaz et de l'électricité. En échange, Centrica acquiert une part de 20% de British Energy, le premier producteur anglais d'électricité. Les deux groupes ont signé dans la foulée une joint venture qui va renforcer la présence d'EDF sur le marché anglais du nucléaire.

    L'opération est soumise à l'approbation des autorités de la concurrence britanniques et européennes. Elle inquiète visiblement le ministre de l'Economie Vincent Van Quickenborne (Open VLD), qui a décidé de saisir la Commission européenne pour lui demander de vérifier qu'il n'existe pas de signe d'entente les deux entreprises GDF Suez et EDF visant à imposer le même business plan en Belgique.

    EDF, NUMERO DEUX EN BELGIQUE

    Cette transaction de taille modifie le paysage énergétique européen et, surtout, touche au premier plan le marché belge de l'énergie. EDF, détenu à 85% par l'Etat français devient le principal concurrent en Belgique de l'opérateur dominant GDF Suez, dont l'actionnaire principal est à 35%... l'Etat français. L'Hexagone contrôle donc désormais les deux premiers opérateurs d'énergie en Belgique. SPE-Luminus, qui dispose d'une capacité installée de 1,9 gigawatt et de 1,6 million de clients en Belgique, reste 49% entre les mains de communes et de banques belges.

    "L'échange d'actifs faisant l'objet de cette opération permet au groupe EDF de renforcer sa présence au Benelux en devenant le deuxième énergéticien en Belgique", explique le CEO d'EDF Pierre Gadonneix.

    Concrètement, Centrica vend à EDF sa part majoritaire dans SPE-Luminus (51%) pour 1,3 milliard d'euros, tandis que l'électricien français cède pour un montant de 2,5 milliards d'euros une part de 20% de Lake Acquisition, le véhicule lui ayant servi au rachat de 100% de British Energy en septembre dernier. Centrica va payer directement 1,2 milliard d'euros en cash à EDF. Le groupe français fournira également 18 TWH (Tera Watt Heure) d'électricité supplémentaire au prix du marché à Centrica pendant 5 ans à partir de 2011. "Le prix payé par EDF est cher", a estimé l'analyste de CM-CIC Securities Patrice Lambert-de Diesbach.
    graphique

    Pour financer l'opération, qui devrait être mise en oeuvre à la fin du troisième trimestre 2009, EDF envisage des cessions en France ou à l'étranger à hauteur de cinq milliards d'euros, mais pas d'augmentation de capital. "L'échange d'actifs représente à peu près la moitié de la transaction principale, l'autre moitié correspond à un désendettement d'EDF", a expliqué Pierre Gadonneix lors d'une conférence call.

    Centrica et EDF avaient déjà conclu un accord de principe en juillet dernier. Au départ, Centrica aurait dû racheter 25% de British Energy pour 3,3 milliards d'euros. Toutefois, la chute des prix du pétrole et de l'électricité, élément indispensable pour établir la valorisation de British Energy, avait ralenti la finalisation de l'accord. Centrica paye sa part 6% moins cher que ce qu'avait payé EDF en septembre pour 100% de British Energy. Pour Gadonneix, ce rabais est "symbolique".

    REACTIONS MITIGEES


    La Commission européenne n'a pas souhaité faire de commentaire, l'opération ne lui ayant pas encore été notifiée. La Creg, le régulateur des marchés belges de l'énergie, s'est également abstenue. Le président de la Commission wallonne pour l'Energie, Francis Ghigny, estime pour sa part que "Centrica n'a jamais vraiment exercé son rôle de concurrent". "J'espère qu'EDF va enfin prendre un rôle actif vers la clientèle résidentielle pour augmenter la concurrence. Quant à savoir si l'Etat français va donner des injonctions communes à ses deux groupes, il est trop tôt", a-t-il déclaré à lecho.be.

    Contrairement au ministre Van Quickenborne, le ministre l'Energie Paul Magnette (PS) est peu loquace sur la question, jugeant qu'"EDF est un partenaire sérieux avec un projet industriel crédible".

    Pour Eric de Keuleneer, professeur à la Solvay Business School, "EDF a les moyens de faire de la concurrence à Electrabel (GDF Suez) s'il le veut". Electrabel a, pour l'instant, une pleine maîtrise sur les prix étant donné que ses centrales sont amorties. Mais M. de Keuleneer, pour qui la libéralisation du marché de l'énergie en Europe est un échec, exclut que la vente de SPE à EDF ait un impact sur les prix pratiqués en Belgique, "les prix en Belgique n'ayant pas grand chose à voir avec la concurrence". Il invite l'Etat belge "a reprendre son rôle de régulateur" et s'étonne que "le ministre de l'énergie soit peu soutenu sur ce sujet par ses collègues du gouvernement belge".

    COURSE AU NUCLEAIRE


    EDF et Centrica vont également créer une joint venture sur une base de 80/20 afin de réaliser un programme de construction de quatre nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni. De tels partenariats sont déjà développés par EDF en Chine et aux Etats-Unis. Le groupe français, premier producteur d'électricité en Europe, poursuit sa course au nucléaire. Il détient 58 réacteurs en France et British Energy exploite huit centrales sur les dix du Royaume-Uni produisant un petit cinquième de l'électricité nationale.

    Deux centrale britanniques, équipées de réacteurs anciens de type Magnox doivent fermer l'an prochain. Les autres seront arrêtées entre 2014 et 2035. Ces dernières sont pour la plupart la propriété de British Energy, racheté par EDF pour quinze milliards d'euros. Le gouvernement de Gordon Brown a présélectionné 11 sites pour abriter de nouvelles centrales. EDF a en proposé cinq, qui n'entreront pas en fonction avant 2017.

    SPE Luminus, de son côté, détient 20% du marché domestique belge d'électricité. Le groupe possède des parts de 4% dans les centrales nucléaires de Doel et Tihange (GDF Suez) ainsi que des droits sur la centrale de Chooz en France.

    Centrica avait doublé sa part de 25,5% dans SPE-Luminus l'an dernier, quand il avait exercé son droit de préemption en achetant une part de Gaz de France (GDF), lors du mariage entre GDF et Suez. Le groupe anglais, qui cède aujourd'hui SPE au prix fort, renforce avec British Energy sa position au Royaume-Uni et, peut dès lors, se consacrer à son expansion en Amérique du Nord.

    Vincent Georis (C) - L'Echo (Belgique)
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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