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Quand Sarkozy joue aux marionnettes

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  • Quand Sarkozy joue aux marionnettes

    Le président français prend manifestement grand plaisir à faire et à défaire les carrières. Et ce bien au-delà de la sphère étatique. Le regard étonné d‘un observateur allemand. 14.05.2009 | Michael Kläsgen Courrier International


    Exercer le pouvoir, pour Nicolas Sarkozy, cela consiste avant tout, semble-t-il, à jongler avec les hommes. S’occuper de la bombe atomique ? Plutôt barbant en ce moment. Faire valser les ministres ? Plutôt banal. Il est beaucoup plus gratifiant de nommer le patron de la télévision publique et d’obtenir une influence sur la programmation ou de désigner le chef des services secrets et peut-être bientôt les directeurs des hôpitaux publics et les procureurs.

    Eh oui, le président français étend son bras jusque dans les entreprises – et pas seulement les entreprises publiques. Daniel Bouton, par exemple, a pu le constater. Il avait fait du bon travail pendant dix ans à la tête de la Société générale. Puis il y a eu l’affaire Kerviel, la crise financière mondiale et enfin sa propre sottise. Bouton n’a en effet rien trouvé de mieux que de vouloir, en pleine crise, s’assurer un petit paquet de stock-options. Sarkozy a exigé sa tête et l’a obtenue. Bouton a d’abord renoncé à son poste de président-directeur général, puis à celui de président du conseil d’administration. On n’en serait sans doute pas arrivé là sans la pression de l’Elysée.
    A peu près à la même époque, Sarkozy a poussé son conseiller économique à la tête de la deuxième banque française. François Pérol, 45 ans, a pris la direction du groupe qui vient d’être constitué par la fusion de la Banque populaire et de la Caisse d’épargne. Nul ne conteste ses compétences mais, en dehors du parti présidentiel, tout le monde ou presque s’étonne de la légèreté dont Sarkozy a fait preuve en le nommant. Car c’est François Pérol lui-même qui avait organisé la fusion entre la Banque populaire et la Caisse d’épargne. La commission de Déontologie [aurait du être] saisie. [Mais elle ne l'a pas été, et n'a pas le pouvoir de s'auto-saisir]. Le président de la commission a un peu tiqué [il a reconnu que la Commission avait envisagé de démissionner collectivement], mais pas au point de devoir craindre pour son poste à lui. Et le gouvernement a tellement tanné les membres des conseils d’administration des deux banques qu’ils ont fini par entériner la désignation de Pérol. A noter que le rôle de conseiller économique de Sarkozy n’avait toujours été que provisoire pour cet ancien associé gérant de la banque Rothschild. Sarkozy l’avait attiré dans la politique il y a deux ans après sa victoire en lui promettant de le catapulter à la tête d’une grande entreprise. Chose promise, chose faite.

    Passer de la politique au secteur privé ou dans une entreprise publique avec le soutien du président ou d’un parti, cela n’a rien de nouveau en France. Il existe même un terme pour cela : le pantouflage*. Et pourtant le critère de choix s’est légèrement déplacé. Ce n’est plus la fidélité à un parti qui est décisive, mais la fidélité au président. Et il ne suffit plus de sortir d’une grande école comme l’ENA. Au contraire, ça risque même d’avoir un effet négatif. Sarkozy n’a paraît-il pas réussi le concours d’entrée et, depuis lors, n’aime guère les énarques.
    Sarkozy fait danser ses marionnettes et crée son propre système de “méritocratie*”. Officiellement, le président accorde des promotions à ceux qui l’ont bien mérité ; d’autres parlent de népotisme.
    Stéphane Richard va devoir lui aussi comparaître devant la commission de Déontologie. On a appris la semaine dernière qu’il serait le patron de France Télécom en 2011 – juste avant que la France élise un nouveau président. Richard est aussi intelligent que Pérol et a également été appelé en politique par Sarkozy il y a deux ans. Il partira à la fin de l’année pour prendre la direction générale de France Télécom. En attendant, il dirige le cabinet du ministre de l’Economie. Ancien patron de Veolia, il n’aurait jamais accepté ce poste politique si le président ne lui avait promis de plus hautes destinées managériales.

    On a souvent dit de Richard qu'il voulait accéder au poste convoité de patron d’EDF, qui sera vacant à la fin de l’année, mais il y avait beaucoup de candidats et diriger l’un des plus grands groupes de télécommunications d’Europe, c’est bien aussi. L’Etat détient encore actuellement un quart environ du capital de France Télécom. Et Sarkozy est par là convaincu d’avoir le droit de désigner les chefs du groupe. On attend désormais avec impatience de voir qui il va hisser à la tête d’EDF.

    La durée du séjour d’Anne Lauvergeon à la tête du groupe public Areva fait aussi beaucoup jaser. Sarkozy est imprévisible dans ses choix. Il ne suit pas toujours les règles du parti.
    Louis Gallois, par exemple, se maintient à la direction d’EADS et Jean-Cyril Spinetta, le patron d’Air France, est même devenu la semaine dernière membre du conseil de surveillance d’Areva. D’autres en revanche succombent au jeu de Monopoly auquel Sarkozy se livre dans l’industrie. Prenons l’exemple du patron de Thales, Denis Ranque.
    Le président souhaitant que le constructeur aéronautique Dassault fusionne avec cet équipementier électronique spécialisé dans la défense, Denis Ranque doit quitter son poste. On n’a rien de particulier à lui reprocher, les désirs du président lui ont simplement été fatals. D’un autre côté, qui sait ce qu’il va devenir ? On lui cherche actuellement un poste adéquat. Sarkozy a probablement déjà une idée.

    Louis Gallois, par exemple, se maintient à la direction d’EADS et Jean-Cyril Spinetta, le patron d’Air France, est même devenu la semaine dernière membre du conseil de surveillance d’Areva. D’autres en revanche succombent au jeu de Monopoly auquel Sarkozy se livre dans l’industrie. Prenons l’exemple du patron de Thales, Denis Ranque.
    Le président souhaitant que le constructeur aéronautique Dassault fusionne avec cet équipementier électronique spécialisé dans la défense, Denis Ranque doit quitter son poste. On n’a rien de particulier à lui reprocher, les désirs du président lui ont simplement été fatals. D’un autre côté, qui sait ce qu’il va devenir ? On lui cherche actuellement un poste adéquat. Sarkozy a probablement déjà une idée.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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