1ère partie
On nous dit, on nous enseigne avec une belle unanimité depuis des années combien fut fascinante la civilisation musulmane en Espagne et combien instructif peut être l’exemple laissé par cette civilisation, si tolérante. Une tolérance dont l’Europe aurait bien fait de s’inspirer et une civilisation à laquelle elle doit tant… Mais si la fameuse conquête arabe n’était qu’un mythe ? Si la péninsule ibérique n’était devenue musulmane que parce qu’elle le voulait bien ? Si cette civilisation était plus celtibérique et wisigothique qu’arabe ? Tel est du moins l’opinion de certains historiens de renom qui n’hésitent pas à faire voler en éclats nos certitudes…
Au VIIe siècle, l’empire byzantin croule par pans entiers sous la poussée des Arabes. Entre les troupes d’Héraclius et les soldats de Mahomet, la bataille décisive s’engage le 20 août 636, dans la vallée du Yarmouk.
Conduites par un chef militaire prestigieux, Mo’âwya, les troupes arabes écrasent l’armée d’Héraclius, pourtant supérieure en nombre et en moyens militaires.
-Allâh et notre prophète Mahomet, s’écrie le fougueux Mo’âwya, sont les artisans véritables de notre victoire. Nos armes, à elles seules, auraient-elles pu vaincre l’immense empire byzantin ? Non, par Allâh ! Cette victoire, nous la devons, ô mes frères, à la force de notre foi ! Maintenant, le vaste monde est ouvert devant nous ! Plus rien n’arrêtera la marche triomphale de l’islam.
Les unes après les autres, en tout cas, les places fortes syriennes sont submergées par la vague déferlante des conquérants arabes : Antioche, Alep, Jérusalem, Gaballah, Césarée, Palmyre, la célèbre capitale de la reine Zénobie.
Sous la conduite énergique de Mo’âwya, les cavaliers arabes mènent une " Blitzkrieg " (guerre éclair) fantastique, digne des meilleures campagnes d’Alexandre. Les Byzantins, défaits, découragés, stupéfaits par cette irrésistible avance, cherchent refuge derrière la chaîne du Taurus, limite nord de la Syrie, en Cilicie et en Cappadoce. À la même époque, l’empire perse est attaqué à son tour, par les troupes de Khâlid. En 637, dans la plaine de Gadisya, en Mésopotamie, les guerriers de l’islam infligent une lourde défaite aux armées de Iezdedjerd III, empereur de Perse. Ils s’emparent, quelques mois plus tard, de Ctésiphon, « la plus grande et la plus belle cité royale de l’Asie ».
Cinq ans après, en 642, à Nehâwend, le vieux monarque perse, qui fuyait de ville en ville depuis la défaite de Gadisya, est de nouveau vaincu. C’est la « victoire des victoires », selon l’historien arabe Ibn Khaldun. Les portes de l’Asie sont désormais ouvertes à la ruée des cavaliers arabes qui vont se lancer vers le Kurdistan, l’Azerbaïdjan et jusqu’au Caucase, à l’Arménie et à la Géorgie.
Une autre vague, conduite par Amr ibn el-As, se répand vers l’ouest et s’empare de l’Égypte, entre 639 et 642.
« Si les flots ne m’avaient arrêté… »
Après ses nombreuses victoires, Mo’âwya est proclamé gouverneur de la Syrie.
Poussé par son irrésistible désir de conquête, il forme une flotte de sept cents vaisseaux et s’élance vers Chypre. Il assiège la capitale de l’île, Constantia, et réclame la reddition sans combat des Chypriotes. Mais ceux-ci refusent, espérant recevoir bientôt des secours de Constantinople. Après une longue résistance, ils finissent par être vaincus. Mo’âwya s’empare de la ville et ordonne sa destruction. Il s’installe au palais de l’archevêque et reste le maître de l’île pendant quelques mois.
Après Chypre, le gouverneur de Syrie, en 649, réussit à conquérir la Crète puis, l’année suivante, l’île de Rhodes. C’est là, dit-on, que Mo’âwya lance son cheval au milieu des flots et s’écrie :
-Si les flots ne m’avaient arrêté, ô Dieu de Mahomet, j’aurais conquis à notre foi les pays les plus lointains.
Tout en menant ces campagnes sur mer et sur terre, l’infatigable Mo’âwya définit et applique, dans sa province syrienne ainsi que dans les autres territoires conquis, une politique fort habile à l’égard des populations qu’il contrôle. Certes, le pouvoir réel est confié à la caste des cavaliers arabes, qui devient l’aristocratie militaire et politique du régime, son épine dorsale. Mais les peuples soumis sont loin d’être opprimés. Ceux qui veulent garder leur religion peuvent le faire, moyennant le paiement d’un impôt spécial. Et les autochtones sont invités à participer à la gestion des affaires publiques. À part l’armée qui reste le domaine réservé des Arabes, toutes les administrations, que Mo’âwya a héritées des Byzantins et préservées, sont ouvertes aux élites syriennes de toutes religions. De nombreux fonctionnaires nommés par les Byzantins sont maintenus en place.
Peu à peu, en l’espace de vingt ans, la province syrienne devient la plus prospère de l’empire arabe naissant, parce que la mieux gérée.
En 661, Mo’âwya reçoit le titre de calife, « successeur de Mahomet, l’envoyé d’Allâh », et fonde la dynastie des Omeyyades qui va régner presque un siècle à Damas, devenue la capitale d’un empire brillant.
Dès lors, les conquêtes reprennent. À partir de l’Égypte conquise, les Arabes lancent une offensive vers les rivages nord-africains. Progressant comme l’éclair, le long du littoral tripolitain, ils s’emparent de Barcah, de Tripoli et de Gabès, sous la conduite du redoutable Oqba ibn Nafi. Malgré la résistance acharnée des Berbères, la vague arabe traverse la Tunisie, prenant soin, toutefois, de contourner la Carthage byzantine, solidement fortifiée.
Arrivé dans le centre du pays, Oqba y fonde, en 670, une place d’armes islamique, la ville de Kairouan, et y fait construire une mosquée qui sera une des plus célèbres du monde musulman. Après quoi, il reprend sa marche, traverse l’Algérie et atteint, dit-on, les rivages de l’océan Atlantique.
La conquête de la Berbérie ou Ifriqiya ne sera achevée que dans les premières années du VIIIe siècle, après la mort de la reine berbère Kahina, tuée en 702, à Tabarka, après avoir combattu les envahisseurs arabes jusqu’au dernier souffle.
Une fois les tribus berbères soumises, celles-ci, avec à leur tête un des leurs, Tarik, se lancent à la conquête de l’Espagne, battent en 711 le roi wisigoth Rodéric, qui sera ainsi le dernier souverain de la dynastie wisigothique régnant sur l’Espagne depuis 476 (pour le nord-ouest du pays depuis 585). En 712, le gouverneur arabe de l’Ifriqiya, Moussa ibn Nossaïr, vient renforcer la petite armée de Tarik, pour parachever sa conquête.
Vingt ans plus tard, les troupes arabes franchissent les Pyrénées, envahissent le sud de la France et parviennent jusqu’à Poitiers. Là, en 732, Charles Martel réussit à arrêter leur expansion.
Une énigme non résolue : l’islamisation de la Berbérie
Telles sont, si l’on en croit les historiens arabes et à leur suite les auteurs de manuels scolaires en Occident, les grandes étapes de l’épopée militaire mahométaine. Cependant, cette conquête n’a pas manqué de susciter quelques controverses. Devant son caractère prodigieux, certains historiens se sont demandé si cette épopée n’était pas plus mythique que réelle. La conquête arabe et l’islamisation du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, ont-elles été obtenues par les armes ? Faudrait-il rechercher leurs origines ailleurs ?
Au sujet de l’Afrique du Nord, le grand orientaliste Georges Marçais, pourtant acquis à la thèse classique que nous venons d’exposer, ne cacha pas son désarroi :
L’islamisation de la Berbérie, écrit-il dans son Art musulman d’Occident, soulève un problème historique que nous n’avons pas l’espoir de résoudre… Ce pays avait été une des terres d’élection du christianisme. Introduit par Carthage et les villes de la côte, il avait gagné les villes de l’intérieur. L’Africain Tertullien disait à la fin du IIe siècle : « Nous sommes presque la majorité dans chaque cité ». L’Église, à cette époque, comptait déjà de nombreux martyrs ; elle devait s’imposer également par ses docteurs. Persécutée, elle se glorifiera de posséder un saint Cyprien ; triomphante, elle fera entendre la grande voix de saint Augustin à la chrétienté tout entière. Au reste, la religion du Christ ne recrutait pas seulement ses adeptes dans les villes… Le nombre étonnant de sanctuaires modestes, de chapelles sommairement édifiées, dont nous rencontrons les ruines à travers les campagnes d’Algérie, exprime la diffusion de l’Évangile chez les ruraux berbères…
Or, en moins d’un siècle, les fils de ces chrétiens auront en grande majorité adopté l’islam avec une ardeur capable d’affronter l’épreuve du martyre. L’œuvre de conversion s’achèvera au cours des deux ou trois siècles qui suivront, œuvre définitive et quasi totale, ne laissant que des îlots infimes dont l’existence semble douteuse… Comment expliquer cette déchristianisation et l’islamisation qui en est le corollaire ?
Dans un autre ouvrage, La Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Âge, le même Georges Marçais note que l’annexion de l’Afrique du Nord, amorcée en 647, « ne peut être considérée comme à peu près réalisée que vers 710. Il n’avait pas fallu moins de cinquante-trois ans pour acquérir un résultat d’ailleurs précaire, car l’ère des difficultés allait bientôt s’ouvrir. Elle ne prendra fin qu’au début du IXe siècle. Soit plus de cent cinquante ans de lutte ouverte ou d’hostilité latente, un siècle et demi pendant lequel la conquête arabe avait subi des échecs qui avaient allure de faillites et qui remettaient en question l’avenir de l’islam en Occident ».
On nous dit, on nous enseigne avec une belle unanimité depuis des années combien fut fascinante la civilisation musulmane en Espagne et combien instructif peut être l’exemple laissé par cette civilisation, si tolérante. Une tolérance dont l’Europe aurait bien fait de s’inspirer et une civilisation à laquelle elle doit tant… Mais si la fameuse conquête arabe n’était qu’un mythe ? Si la péninsule ibérique n’était devenue musulmane que parce qu’elle le voulait bien ? Si cette civilisation était plus celtibérique et wisigothique qu’arabe ? Tel est du moins l’opinion de certains historiens de renom qui n’hésitent pas à faire voler en éclats nos certitudes…
Au VIIe siècle, l’empire byzantin croule par pans entiers sous la poussée des Arabes. Entre les troupes d’Héraclius et les soldats de Mahomet, la bataille décisive s’engage le 20 août 636, dans la vallée du Yarmouk.
Conduites par un chef militaire prestigieux, Mo’âwya, les troupes arabes écrasent l’armée d’Héraclius, pourtant supérieure en nombre et en moyens militaires.
-Allâh et notre prophète Mahomet, s’écrie le fougueux Mo’âwya, sont les artisans véritables de notre victoire. Nos armes, à elles seules, auraient-elles pu vaincre l’immense empire byzantin ? Non, par Allâh ! Cette victoire, nous la devons, ô mes frères, à la force de notre foi ! Maintenant, le vaste monde est ouvert devant nous ! Plus rien n’arrêtera la marche triomphale de l’islam.
Les unes après les autres, en tout cas, les places fortes syriennes sont submergées par la vague déferlante des conquérants arabes : Antioche, Alep, Jérusalem, Gaballah, Césarée, Palmyre, la célèbre capitale de la reine Zénobie.
Sous la conduite énergique de Mo’âwya, les cavaliers arabes mènent une " Blitzkrieg " (guerre éclair) fantastique, digne des meilleures campagnes d’Alexandre. Les Byzantins, défaits, découragés, stupéfaits par cette irrésistible avance, cherchent refuge derrière la chaîne du Taurus, limite nord de la Syrie, en Cilicie et en Cappadoce. À la même époque, l’empire perse est attaqué à son tour, par les troupes de Khâlid. En 637, dans la plaine de Gadisya, en Mésopotamie, les guerriers de l’islam infligent une lourde défaite aux armées de Iezdedjerd III, empereur de Perse. Ils s’emparent, quelques mois plus tard, de Ctésiphon, « la plus grande et la plus belle cité royale de l’Asie ».
Cinq ans après, en 642, à Nehâwend, le vieux monarque perse, qui fuyait de ville en ville depuis la défaite de Gadisya, est de nouveau vaincu. C’est la « victoire des victoires », selon l’historien arabe Ibn Khaldun. Les portes de l’Asie sont désormais ouvertes à la ruée des cavaliers arabes qui vont se lancer vers le Kurdistan, l’Azerbaïdjan et jusqu’au Caucase, à l’Arménie et à la Géorgie.
Une autre vague, conduite par Amr ibn el-As, se répand vers l’ouest et s’empare de l’Égypte, entre 639 et 642.
« Si les flots ne m’avaient arrêté… »
Après ses nombreuses victoires, Mo’âwya est proclamé gouverneur de la Syrie.
Poussé par son irrésistible désir de conquête, il forme une flotte de sept cents vaisseaux et s’élance vers Chypre. Il assiège la capitale de l’île, Constantia, et réclame la reddition sans combat des Chypriotes. Mais ceux-ci refusent, espérant recevoir bientôt des secours de Constantinople. Après une longue résistance, ils finissent par être vaincus. Mo’âwya s’empare de la ville et ordonne sa destruction. Il s’installe au palais de l’archevêque et reste le maître de l’île pendant quelques mois.
Après Chypre, le gouverneur de Syrie, en 649, réussit à conquérir la Crète puis, l’année suivante, l’île de Rhodes. C’est là, dit-on, que Mo’âwya lance son cheval au milieu des flots et s’écrie :
-Si les flots ne m’avaient arrêté, ô Dieu de Mahomet, j’aurais conquis à notre foi les pays les plus lointains.
Tout en menant ces campagnes sur mer et sur terre, l’infatigable Mo’âwya définit et applique, dans sa province syrienne ainsi que dans les autres territoires conquis, une politique fort habile à l’égard des populations qu’il contrôle. Certes, le pouvoir réel est confié à la caste des cavaliers arabes, qui devient l’aristocratie militaire et politique du régime, son épine dorsale. Mais les peuples soumis sont loin d’être opprimés. Ceux qui veulent garder leur religion peuvent le faire, moyennant le paiement d’un impôt spécial. Et les autochtones sont invités à participer à la gestion des affaires publiques. À part l’armée qui reste le domaine réservé des Arabes, toutes les administrations, que Mo’âwya a héritées des Byzantins et préservées, sont ouvertes aux élites syriennes de toutes religions. De nombreux fonctionnaires nommés par les Byzantins sont maintenus en place.
Peu à peu, en l’espace de vingt ans, la province syrienne devient la plus prospère de l’empire arabe naissant, parce que la mieux gérée.
En 661, Mo’âwya reçoit le titre de calife, « successeur de Mahomet, l’envoyé d’Allâh », et fonde la dynastie des Omeyyades qui va régner presque un siècle à Damas, devenue la capitale d’un empire brillant.
Dès lors, les conquêtes reprennent. À partir de l’Égypte conquise, les Arabes lancent une offensive vers les rivages nord-africains. Progressant comme l’éclair, le long du littoral tripolitain, ils s’emparent de Barcah, de Tripoli et de Gabès, sous la conduite du redoutable Oqba ibn Nafi. Malgré la résistance acharnée des Berbères, la vague arabe traverse la Tunisie, prenant soin, toutefois, de contourner la Carthage byzantine, solidement fortifiée.
Arrivé dans le centre du pays, Oqba y fonde, en 670, une place d’armes islamique, la ville de Kairouan, et y fait construire une mosquée qui sera une des plus célèbres du monde musulman. Après quoi, il reprend sa marche, traverse l’Algérie et atteint, dit-on, les rivages de l’océan Atlantique.
La conquête de la Berbérie ou Ifriqiya ne sera achevée que dans les premières années du VIIIe siècle, après la mort de la reine berbère Kahina, tuée en 702, à Tabarka, après avoir combattu les envahisseurs arabes jusqu’au dernier souffle.
Une fois les tribus berbères soumises, celles-ci, avec à leur tête un des leurs, Tarik, se lancent à la conquête de l’Espagne, battent en 711 le roi wisigoth Rodéric, qui sera ainsi le dernier souverain de la dynastie wisigothique régnant sur l’Espagne depuis 476 (pour le nord-ouest du pays depuis 585). En 712, le gouverneur arabe de l’Ifriqiya, Moussa ibn Nossaïr, vient renforcer la petite armée de Tarik, pour parachever sa conquête.
Vingt ans plus tard, les troupes arabes franchissent les Pyrénées, envahissent le sud de la France et parviennent jusqu’à Poitiers. Là, en 732, Charles Martel réussit à arrêter leur expansion.
Une énigme non résolue : l’islamisation de la Berbérie
Telles sont, si l’on en croit les historiens arabes et à leur suite les auteurs de manuels scolaires en Occident, les grandes étapes de l’épopée militaire mahométaine. Cependant, cette conquête n’a pas manqué de susciter quelques controverses. Devant son caractère prodigieux, certains historiens se sont demandé si cette épopée n’était pas plus mythique que réelle. La conquête arabe et l’islamisation du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, ont-elles été obtenues par les armes ? Faudrait-il rechercher leurs origines ailleurs ?
Au sujet de l’Afrique du Nord, le grand orientaliste Georges Marçais, pourtant acquis à la thèse classique que nous venons d’exposer, ne cacha pas son désarroi :
L’islamisation de la Berbérie, écrit-il dans son Art musulman d’Occident, soulève un problème historique que nous n’avons pas l’espoir de résoudre… Ce pays avait été une des terres d’élection du christianisme. Introduit par Carthage et les villes de la côte, il avait gagné les villes de l’intérieur. L’Africain Tertullien disait à la fin du IIe siècle : « Nous sommes presque la majorité dans chaque cité ». L’Église, à cette époque, comptait déjà de nombreux martyrs ; elle devait s’imposer également par ses docteurs. Persécutée, elle se glorifiera de posséder un saint Cyprien ; triomphante, elle fera entendre la grande voix de saint Augustin à la chrétienté tout entière. Au reste, la religion du Christ ne recrutait pas seulement ses adeptes dans les villes… Le nombre étonnant de sanctuaires modestes, de chapelles sommairement édifiées, dont nous rencontrons les ruines à travers les campagnes d’Algérie, exprime la diffusion de l’Évangile chez les ruraux berbères…
Or, en moins d’un siècle, les fils de ces chrétiens auront en grande majorité adopté l’islam avec une ardeur capable d’affronter l’épreuve du martyre. L’œuvre de conversion s’achèvera au cours des deux ou trois siècles qui suivront, œuvre définitive et quasi totale, ne laissant que des îlots infimes dont l’existence semble douteuse… Comment expliquer cette déchristianisation et l’islamisation qui en est le corollaire ?
Dans un autre ouvrage, La Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Âge, le même Georges Marçais note que l’annexion de l’Afrique du Nord, amorcée en 647, « ne peut être considérée comme à peu près réalisée que vers 710. Il n’avait pas fallu moins de cinquante-trois ans pour acquérir un résultat d’ailleurs précaire, car l’ère des difficultés allait bientôt s’ouvrir. Elle ne prendra fin qu’au début du IXe siècle. Soit plus de cent cinquante ans de lutte ouverte ou d’hostilité latente, un siècle et demi pendant lequel la conquête arabe avait subi des échecs qui avaient allure de faillites et qui remettaient en question l’avenir de l’islam en Occident ».
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