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La ZAC de Taharacht en quête de reconnaissance

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  • La ZAC de Taharacht en quête de reconnaissance

    Danone, Soummam et autres Général-Emballage, fleurons de l’industrie agroalimentaire nationale, sont sortis, qui l’eût cru, de ce terrain rocailleux appelé, dans une sonorité qui évoque la sècheresse et la stérilité, Taharacht. Certes, ce n’est pas extraordinaire que des roses poussent sur un tas de fumier.

    Mais l’état de «déshérence» dans lequel les pouvoirs publics maintiennent, vingt-ans après, ce site industriel, est, pour le moins, surprenant. Ici le dynamisme des capitaines d’industrie n’a d’égal que l’incurie des autorités en charge des actions d’accompagnement. Les opérateurs ne cessent de geindre. Dernier récipiendaire en date, Abdelhamid Temmar, qui, à la faveur de la présidentielle, trouvera enfin le temps de se rendre sur ce site, sans doute le plus dynamique du pays. “Nous ne comprenons pas les raisons du maintien de ce site au statut de zone d’activité alors qu’il remplit, de par l’ampleur et la diversité des activités qui s’y trouvent, toutes les conditions pour être promu au rang de zone industrielle”, dit l’un d’eux au ministre de l’Industrie qui, à son tour, promet de se «pencher sur le dossier incessamment”. Mais le scepticisme demeure. Pour remédier durablement au laisser-aller et à la dégradation du site, on avance l’idée que les industriels procèdent à la création d’une association de sauvegarde des intérêts moraux et matériels des investisseurs.

    Car les problèmes, il y en a. Une simple promenade au travers des différentes voies desservant les unités de productions est de nature à assombrir le lustre de cette zone d’activités. Des chiens qui errent dans tous les sens, des tempêtes de poussières poussant derrière les poids lourds, des odeurs nauséabondes qui se dégagent des avaloirs et parfois des conduites d’assainissement éclatées. Des détritus de tous genres parsèment les chaussées et les trottoirs, des gravats jonchent les unités de productions, des bosses et des crevasses déforment les routes. Un décor des plus délabrés. Des espaces verts et des trottoirs manifestement prévus tardent à être réalisés et, pour boucler la boucle, un industriel, révèle l’existence de lieux “abandonnés” où des gens s’adonnent à longueur de journée à la consommation de boissons alcoolisées. “C’est un site industriel où tout est permis. Nous craignons de voir ces lieux devenir un jour des lieux de débauche et des poches de criminalité incontrôlables”, souligne-t-il avec inquiétude. La zone n’est pas clôturée et, de surcroît, n’est dotée d’aucune structure sécuritaire. Le programme national de réhabilitation des zones industrielles et zones d’activités engagé depuis le début des années 2000, bien qu’il ait connu ailleurs une évolution importante, n’a pas encore concerné la ZAC de Taharacht. L’absence d’une “entreprise de gestion et d’entretien” de cette zone fait que les problèmes s’accumulent et s’exacerbent chaque jour davantage.

    Créé et viabilisé par l’Agence foncière d’Akbou, le site est transféré en 2006 sur le patrimoine de l’Agence foncière de Béjaïa. Cela étant, le seul intervenant demeure l’APC d’Akbou, notamment son service voirie qui procède à la réparation des fuites récurrentes de réseau d’assainissement. Si pour le service d’urbanisme de l’APC d’Akbou la gestion de la ZAC Taharacht relève exclusivement de la compétence des services de l’Agence foncière de Béjaïa, au niveau de l’antenne de cette même agence à Akbou, le ton est au silence car les responsables ont reçu, nous dit-on, l’ordre de ne rien communiquer aux journalistes. Mais, les problèmes de la ZAC rassemblent manifestement à l’iceberg dans le sens où la partie submergée est de loin plus importante! Dans l’édition définitive du Plan d’occupation des sols (POS) portant Zone d’activité Taharacht, l’URBA-SE unité de Béjaïa, note que “la nappe phréatique se trouvant au niveau de la vallée de la Soummam, malgré sa profondeur variable, est soumise à un risque de pollution certain par les différents acteurs qui participent à notre vie quotidienne… Elle deviendrait impropre aux usages domestiques et parfois même industriels et agricoles”.

    Au chapitre des sources de contamination, l’étude cite l’activité industrielle. En conséquence, l’étude constate “la nécessité absolue de réaliser une station d’épuration en dehors du périmètre d’étude pour assurer un traitement des eaux usées et leurs éventuel recyclage”, comme elle exige des industriels “le prétraitement des eaux usées au niveau de chaque unité avant l’évacuation vers la station d’épuration”.

    Un riverain de oued Soummam, fin observateur de la nature car chasseur, n’a pas manqué de signaler la prolifération de certaines espèces végétales et animales aux dépens d’autres espèces qui commencent à se faire de moins en moins abondantes et même à disparaître : “l’équilibre écologique est rompu et la situation évolue vers d’autres états d’équilibre dont nous ignorons l’impact sur la faune et la flore. Oued Soummam, jadis grouillant de vie et lieu de villégiature, devient de plus en plus une décharge répugnante!” nous confie notre chasseur. Et des indices de même ordre sont constatés par plusieurs citoyens, habitants et propriétaire de terrains riverains.

    C’était vers la fin des années 1980 que la première entreprise, en l’occurrence la laiterie Djurdjura, a été implantée par la famille Batouche dans l’actuelle zone d’activité. Sa proximité de port de Béjaïa (65 Kms), la route nationale N° 26 la longeant au nord et la voie ferrée au sud, sa proximité du grand centre urbain Akbou et bien d’autres facteurs en ont fait un pôle d’attraction pour de nombreux investisseurs qui se sont rués au début des années 1990 pour l’acquisition des 51 lots que comptait la zone A dont la superficie est de 28,64 hectares. Le succès réalisé par les premières entreprises, le grand nombre d’emplois créé et la génération d’une fiscalité importante pour la commune ont décidé l’APC à envisager son extension au début des années 2000. Aussi, une zone B d’une superficie de 35,64 ha fut créee.

    Aujourd’hui, plus de soixante entreprises y activent dans des domaines aussi divers que l’agroalimentaire, le bâtiment, le plastique, les services, l’énergie et autres. Elles sont toutes desservies par des réseaux d’eau potable, électricité et téléphone, comme elles sont raccordées au réseau d’assainissement de type “séparatif”, c’est-à-dire que les eaux industrielles et pluviales sont collectées par des réseaux différents. Quelque 6000 emplois directs y sont créés et quelque 7 milliards de centimes au titre de la TAP (65%) et de la TVA (10%) en provenance de la ZAC atterrissent mensuellement dans les caisses de la commune d’Akbou. “La ZAC est le poumon économique de la région d’Akbou !” assure un élu municipal.

    Par La Dépêche de kabylie
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