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L'amnistie fiscale divise les patrons

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    L'amnistie fiscale divise les patrons
    par Ghania Oukazi


    L'amnistie fiscale partage les hommes d'affaires entre ceux qui sont pour et ceux qui pensent que «c'est une manière de blanchir l'argent».

    Le débat autour des trois problématiques exposées par le FCE n'a pas été simple avant-hier à l'hôtel Hilton. C'est Slim Othmani, DG de NCA (Nouvelles Conserveries Algériennes), qui avance, entre autres, les raisons du rejet par les hommes d'affaires de l'accord de libre-échange arabe. «Nous n'avons pas les mêmes règles de jeu et une entreprise ne peut attendre que les mécanismes se mettent en place pour édicter ces règles. Il faut arrêter la partie et redéfinir le jeu», réclame-t-il. Ses revendications, «la convertibilité du dinar et un moratoire ou carrément une amnistie fiscale». Ce qui provoque la colère d'un patron d'une entreprise d'emballage. «Par sa demande d'une amnistie fiscale, Slim Othmani veut demander sans le dire le blanchiment d'argent de ceux qui ont massacré notre économie. A cause d'eux, je ne produis rien parce que je n'emballe rien ! Je demande une enquête pour savoir pourquoi l'entreprise qui produit ne produit rien et celle qui a volé veut le blanchiment !», lui rétorque sèchement l'intervenant. Le représentant de Michelin en Algérie intervient pour apporter la nuance.

    «Je travaille depuis trois ans en Algérie. Avant, j'étais en Russie et l'une des actions entreprises là-bas pour réduire la contrefaçon, c'est la réduction des taxes qui, ici, pénalisent les producteurs algériens. Notre société paie 5% de taxes en plus par rapport à celles qu'elle a en Espagne (...)», dira-t-il. Une dame, professeur d'économie, intervient sur la concurrence déloyale et demande au ministère du Commerce «que devient le Conseil de la concurrence ?». Elle relèvera aussi «les aberrations contenues dans l'accord d'association comme par exemple l'Algérie peut exporter du whisky.»



    L'amnistie fiscale et les tricheurs



    Le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, pour sa part dit «saluer les pouvoirs publics pour avoir procédé à l'ouverture du commerce. Nous l'avons réclamée mais il fallait des règles pour protéger la production nationale.» Il parlera aussi de la mise à niveau des entreprises en soulignant que «la mise à niveau avec 50.000 euros ou 100.000 euros dépensés par l'UE, c'est un leurre !» Il pense que «la mise à niveau doit être faite pour une entreprise qui doit être concurrentielle sur le marché international. Pour cela, il faut qu'elle ait une taille et des prix compétitifs. La mise à niveau, c'est le renouvellement complet de l'outil de production.» Il interroge «pourquoi nous n'exportons pas assez ? Pourquoi nous importons plus ?» Pour répondre: «C'est vrai qu'il y a l'économie informelle mais il n'y a pas que ça. C'est parce que nous ne produisons pas assez et parce que nous ne le faisons pas avec des normes internationales.»

    Rebrab juge important l'environnement de l'entreprise «qu'on doit améliorer». Il affirme être contre l'amnistie fiscale parce que, dira-t-il, «s'ils ont triché, il faut qu'ils paient !» Il propose «la suppression de la TAP pour certains commerces et même pour l'industrie parce que de toute façon, ils ne la paient pas. Mais s'ils sont encouragés à intégrer au fur et à mesure l'économie formelle, ils accepteront de payer.» Slim Othmani demande la parole pour avoir été interpellé. «Notre association des producteurs de boissons avec la douane, se sont constituées en un comité fourchette pour observer en tant réel toutes les boissons importées afin d'attirer l'attention sur les fausses déclarations», explique-t-il. Pour soutenir «il ne s'agit pas de ne pas faire payer les tricheurs. Je parlais d'un certain nombre de grossistes qui se comptent sur les doigts et qui veulent avoir un canal pour discuter avec l'administration. Il s'agit de canaliser une masse monétaire dans le circuit formel et leur faire comprendre qu'ils peuvent parfaitement gagner leur vie en intégrant ce circuit.» Il estime que «si les grossistes ferment, personne ne peut commercialiser ses produits».

    C'est comme s'il a enfoncé le clou. Et c'est le président du FCE qui lui répond. «Vous présentez les grossistes avec un côté angélique qu'ils n'ont pas. Tantôt ce sont des importateurs qui s'érigent en commerçants et tantôt des commerçants qui s'érigent en importateurs.

    Donc, ce côté-là n'existe pas.» Pour Reda Hamiani, «l'amnistie fiscale, ça dépend de ce qu'on met dedans. Ça peut irriter parce qu'il y a beaucoup d'argent gagné en dehors de l'éthique. Mais économiquement, c'est couper l'herbe sous l'informel.» Le président du FCE affirme que «l'amnistie pourrait servir à effacer un excès de fiscalité qu'on a eu avant». Il rappelle pour l'histoire que «l'informel, c'est sociologique, c'est même idéologique».



    La peur du «commerce triangulaire»



    Durant les années 90, un grand nombre de commerçants refusaient de payer les taxes à l'Etat parce que, dira-t-il, «ils le considéraient comme impie (taghout)». Les faits sont têtus quand il raconte qu'«en 1994, les commerces du quartier de la Montagne à Alger ont été encerclés par les brigades de contrôle parce qu'ils refusaient de payer leurs taxes. Leur réponse a été de baisser rideau. Et de peur que la ville ne soit affamée, le ministère du Commerce a retiré ses brigades.» L'Etat a ainsi cédé et «c'est comme ça qu'il y a eu après les marchés de Dubaï à El Hamiz, d'El Djorf à Bab Ezzouar et bien d'autres à travers tout le pays», dira Hamiani. Ce qui le laisse noter que «l'informel est une réponse à un excès d'administration et à une perte de pouvoir d'achat des ménages. 0 douane et 0 fiscalité, c'est bien mais à savoir si la loi de finances accepte de perdre ces 25% de taxes.»

    Et à ceux qui estiment «qu'on n'exporte pas parce qu'on ne produit pas, c'est faux, affirmera-t-il. Quand on produit, il faut être labellisé, il faut être ISO. On l'est mais pas suffisamment. Les Algériens en France sont recalés parce qu'ils ne sont pas conformes aux règles techniques en vigueur. On pourrait faire la même chose en édictant un certain nombre de règles pour certains de nos produits. On peut le faire en créant des niches pour produire de la qualité, de l'exclusif mais là non plus, on n'est pas aidé. Mis à part le groupe Cevital et SIM qui se sont assuré les normes nécessaires pour le faire, aucun autre groupe ne peut concurrencer les productions étrangères», souligne-t-il. S'il a été pour l'ouverture de l'économie, Hamiani a voulu, dit-il, qu'après le FMI qui nous a déstructurés avec ses plans d'ajustement structurel, il fallait prendre 5 ou 6 ans pour ouvrir, le temps d'avoir fait une mise à niveau de nos entreprises.

    Il dit de même pour l'accord de libre-échange arabe, «le président de la République avait pris la décision de le signer en 2005 et puis plus rien jusqu'en décembre 2008, on nous a transmis un texte pour nous dire qu'on ouvre en janvier 2009. C'est notre impréparation qui nous fait peur. On a peur aussi du commerce triangulaire», avouera-t-il. Les hommes d'affaires s'accordent à voir en la Tunisie et «accessoirement» en l'Egypte «un risque essentiel et une menace principale quand on sait que l'accord de libre-échange arabe leur permettra d'attirer les investisseurs chez eux tout en leur offrant le marché algérien sur un plateau d'argent. Et sans droits de douane !» C'est là un exemple de ce que le président du FCE appelle «le commerce triangulaire».
    Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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