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Collision
par El-Guellil
par El-Guellil
Ils ont beau écrire, ils ont beau dénoncer. Les drames se suivent et se ressemblent. Les journaux font dans la comptabilité macabre. «Une famille décimée». «Des dizaines de blessés et autant de décès. La mort est banalisée. Il y a même des villes où on se targue de dire : «celui qui ne meurt pas dans la carrosserie n'est pas rajel». Une carte mentale qui m'échappe. Que je n'arrive pas à comprendre. Fi youm mina el ayam, il faudra qu'on m'éclaire. En vertu de quoi, de quel principe, de quelle vertu, nass, des gens tout à fait ghaya dans leur peau, bien de leur personne, se transforment en cinglés dès qu'ils ont un appareil, ou une machine entre les mains ? Pourquoi automobile rime avec débile et «m'habile» ? Ils sont pressés d'arriver nulle part, conduisant hargne au coeur, comme si tout le monde était contre eux.
Il y a le tapageur «choufni» qui attend le dernier moment pour freiner sec à un feu rouge et qui démarre en cow-boy (à chacun ses origines) dès que le vert yaghmez. Kayene l'autre qui fait dans le khéchinisme, qui vient se placer sur la voie de droite pour vous doubler et vous faire une queue de poisson lorsque le feu tournera au vert.
Lakhor qui, dans un embouteillage, change cent fois de voie dans l'espoir d'aller plus vite.
Celui-là il a pensé à tout : «daïre» des clignotants en option, le klaxon c'est son mode vie. Pour ce coyote, le piéton et le cycliste sont des obstacles. Le plus dangereux, celui qui, comme pour vous pousser vers sa folie, vous colle sa carrosserie sur votre pare-chocs, le frustré avide de humer, comme un animal l'arrière-train de l'autre «bête de route». Dès qu'il vous a assez nargué, sa bagnole rutilante vous dépasse pour aller se faire voir ailleurs. Il roule à tombeau ouvert vers sa vie urgente. Ils aiment tellement la nature... C'est une faune qui peut disparaître rapidement. Il nous faut la protéger contre elle-même: la mettre en cage.
Source : Le Quotidien d'ORAN ;