Bruits de bottes à la frontière maroco-algérienne
La marocanité du Sahara ne sera jamais objet de transaction
Publié le : 19.05.2009
Pour l'heure, l'Algérie devrait chercher à bien négocier le virage pour ne pas subir l'humiliation, non pas l'Algérie en tant que nation mais le transitoire détenteur mandataire du pouvoir actuel.
Quant à l'éventuelle reprise des armes par le polisario au cas où Alger n'aurait pas gain de cause, elle rime avec le cocasse. «En cas d'échec du 5ème round de négociations avec le Maroc, sous l'égide de l'ONU, le polisario n'aura d'autre alternative que reprendre les armes », a affirmé l'un des tortionnaires des séquestrés des camps de Lahmada récemment à l'agence espagnole EFE. Etant établi en Algérie, c'est donc de ce territoire que le groupuscule algéropolisarien pense lancer des attaques. L'Algérie avancerait ses pions sur le front. Une guerre maroco-algérienne se profilerait ainsi selon le diktat d'Al Mouradia. Dès lors, l'on saisit aisément le pourquoi du refus de la réouverture des frontières terrestres. Les raisons sont donc on ne peut plus claires aujourd'hui, sachant que l'élite décisionnaire n'a rien retenu des leçons du passé.
Cela explique également le changement d'une constitution et d'un troisième mandat pour Bouteflika. Quel est cet illustre personnage politique qui voudrait hériter du dossier relatif à l'intégrité d'un pays tiers, d'une crise interne dans le noyau politique qui s'est limitée à renouveler la même équipe gouvernementale. Soit sa présence sonne comme un véritable désaveu puisque tout un chacun connaît les desseins hégémoniques et chimériques. Quant au Maroc, armé de patience, il espère que la raison finira par l'emporter sur l'esprit d'intrigue. La réalité est que l'Algérie est en proie à des convulsions. Ce n'est pas écrit mais on imagine aisément l'état actuel de certains hauts responsables et la réaction nauséeuse de la population due au laisser-aller dans la gestion du pays.
Dans les faits, la politique du chaos obéit à sa propre rationalité. Elle permet au pouvoir algérien de maximiser les moyens dont il dispose tout en maintenant l'expression d'une certaine finalité : la création d'un Etat fantoche doit être arrachée.
Bouteflika persiste et signe en se livrant encore et toujours à des manœuvres dilatoires en s'immisçant dans des affaires qui ne sont pas siennes. A croire que le seul paragraphe 7 de l'article 2 de la Charte des Nations unies, dans lequel il est stipulé que «nul Etat ni groupe d'Etats n'a le droit de s'ingérer ou d'intervenir, directement ou indirectement, sous quelque forme que ce soit ou pour quelque raison que ce soit dans les affaires intérieures ou extérieures des autres Etats», met de facto sa fonction en équation. La lecture de la Charte explique également qu'« il est du devoir d'un Etat de s'abstenir d'exploiter et de déformer les questions de droits de l'homme pour s'en servir pour s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats ou faire naître la méfiance et le désordre au sein ou parmi des Etats ou des groupes d'Etats ». Il faut bien admettre que le courage des idées n'est pas le fort car celui-ci ne se manifeste pas comme un trait de caractère isolé mais comme une éthique. Le courage moral, encore moins. Ce dernier comprend l'honnêteté, la franchise, la résolution et des principes solides. Mais le courage c'est aussi le sens du compromis. L'Histoire de l'humanité enseigne que les dirigeants médiocres ne progressent qu'en apaisant, en rassurant, en corrompant, en séduisant, ou en parvenant à manœuvrer ceux qu'ils perçoivent comme des touches à manipuler.
L'on retient également que jamais dans l'histoire de l'humanité un mouvement n'a eu de représentation dans les instances internationales. Pourtant le polisario est bien représenté et ce officiellement par les ambassadeurs de l'Etat algérien. Il arrive même que ces derniers en oublient de défendre les intérêts de leur propre pays. Cumul de fonctions. En clair, le dossier du Sahara est une affaire algéro-marocaine. C'est une évidence, y compris pour ceux qui, dans le passé, adoptaient la position paradoxale de l'Algérie, à savoir défendre les principes de l'autodétermination des peuples en bloquant entièrement le règlement de la question. Mais c'est encore une autre évidence qui nécessite d'être rappelée, car souvent oubliée, d'autant plus que chaque fois que l'on s'intéresse à la dimension politique ou militaire du problème, on finit toujours par aboutir à l'Algérie. Ce pays est, pour ainsi dire, le principal interlocuteur quant au règlement de la question.
En créant ce mouvement à l'aide de pays amis et soutenus par des organisations qui ne connaissent ni l'histoire, ni la géographie de la région, l'Algérie dévoile son vrai visage. Le polisario n'est-il pas l'un de ses propres reflets ? Il est temps de mettre fin à cette mascarade. Le colonialisme est révolu de par le monde. Le Maroc n'est pas concerné par cet état de fait, il suffit pour s'en convaincre de replonger dans la lecture de l'histoire des pays formant le Maghreb.
Lequel doit s'unir et se consolider alors que le Maroc continuera à développer ses provinces du Sud. Sur ce plan, l'histoire interpelle tout un chacun et rappelle que la dynamisation de l'UMA montrera la voie à suivre, mais l'Algérie sera-t-elle prête à inaugurer une véritable ère de relations bilatérales ? La réponse ne viendra sûrement pas de la résidence Al Mouradia. En attendant, il convient de ne pas insulter l'avenir. Dans cette optique, des rencontres informelles sont prévues pour inaugurer un nouveau cycle de négociations, sous l'égide des instances onusiennes. Nul besoin de rappeler que des options n'auront pas lieu d'être soulevées : la marocanité du Sahara ne peut faire l'objet d'aucune transaction.
A part ce point, divers sujets pourraient être abordés. Dans ce cadre, la détermination du Souverain et de la Nation tout entière rassemblée autour de lui, la justesse de la cause et le consensus international qui se sont dégagés derrière l'initiative marocaine et le sentiment des intérêts hégémoniques de certains esprits en mal de réconciliation conduiront le Conseil de sécurité à tirer, lui aussi, les conséquences de cette situation.
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L'alternance clanique
Pour l'heure, il se dit à Alger qu'avec un troisième mandat, le président Bouteflika chercherait quelque peu à protéger ses proches d'éventuelles poursuites judiciaires, une fois celui-ci disparu du pouvoir. Ce n'est donc pas la démocratisation des institutions qui serait en jeu mais plutôt la poursuite d'une «alternance clanique» au sein du pouvoir. Quant au retrait apparent de l'armée de la façade politique algérienne, il ne signifie pas forcément que les généraux ont disparu de la scène. En clair, l'armée incarne toujours le Pouvoir, dès lors que le président est dans l'incapacité d'exercer ses fonctions et est considéré comme le «grand ordonnateur» de la succession. C'est toujours d'actualité. Quoi qu'il en soit, le régime se trouve dans une situation extrêmement difficile.
Par Latifa Cherkaoui | LE MATIN
La marocanité du Sahara ne sera jamais objet de transaction
Publié le : 19.05.2009
Pour l'heure, l'Algérie devrait chercher à bien négocier le virage pour ne pas subir l'humiliation, non pas l'Algérie en tant que nation mais le transitoire détenteur mandataire du pouvoir actuel.
Quant à l'éventuelle reprise des armes par le polisario au cas où Alger n'aurait pas gain de cause, elle rime avec le cocasse. «En cas d'échec du 5ème round de négociations avec le Maroc, sous l'égide de l'ONU, le polisario n'aura d'autre alternative que reprendre les armes », a affirmé l'un des tortionnaires des séquestrés des camps de Lahmada récemment à l'agence espagnole EFE. Etant établi en Algérie, c'est donc de ce territoire que le groupuscule algéropolisarien pense lancer des attaques. L'Algérie avancerait ses pions sur le front. Une guerre maroco-algérienne se profilerait ainsi selon le diktat d'Al Mouradia. Dès lors, l'on saisit aisément le pourquoi du refus de la réouverture des frontières terrestres. Les raisons sont donc on ne peut plus claires aujourd'hui, sachant que l'élite décisionnaire n'a rien retenu des leçons du passé.
Cela explique également le changement d'une constitution et d'un troisième mandat pour Bouteflika. Quel est cet illustre personnage politique qui voudrait hériter du dossier relatif à l'intégrité d'un pays tiers, d'une crise interne dans le noyau politique qui s'est limitée à renouveler la même équipe gouvernementale. Soit sa présence sonne comme un véritable désaveu puisque tout un chacun connaît les desseins hégémoniques et chimériques. Quant au Maroc, armé de patience, il espère que la raison finira par l'emporter sur l'esprit d'intrigue. La réalité est que l'Algérie est en proie à des convulsions. Ce n'est pas écrit mais on imagine aisément l'état actuel de certains hauts responsables et la réaction nauséeuse de la population due au laisser-aller dans la gestion du pays.
Dans les faits, la politique du chaos obéit à sa propre rationalité. Elle permet au pouvoir algérien de maximiser les moyens dont il dispose tout en maintenant l'expression d'une certaine finalité : la création d'un Etat fantoche doit être arrachée.
Bouteflika persiste et signe en se livrant encore et toujours à des manœuvres dilatoires en s'immisçant dans des affaires qui ne sont pas siennes. A croire que le seul paragraphe 7 de l'article 2 de la Charte des Nations unies, dans lequel il est stipulé que «nul Etat ni groupe d'Etats n'a le droit de s'ingérer ou d'intervenir, directement ou indirectement, sous quelque forme que ce soit ou pour quelque raison que ce soit dans les affaires intérieures ou extérieures des autres Etats», met de facto sa fonction en équation. La lecture de la Charte explique également qu'« il est du devoir d'un Etat de s'abstenir d'exploiter et de déformer les questions de droits de l'homme pour s'en servir pour s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats ou faire naître la méfiance et le désordre au sein ou parmi des Etats ou des groupes d'Etats ». Il faut bien admettre que le courage des idées n'est pas le fort car celui-ci ne se manifeste pas comme un trait de caractère isolé mais comme une éthique. Le courage moral, encore moins. Ce dernier comprend l'honnêteté, la franchise, la résolution et des principes solides. Mais le courage c'est aussi le sens du compromis. L'Histoire de l'humanité enseigne que les dirigeants médiocres ne progressent qu'en apaisant, en rassurant, en corrompant, en séduisant, ou en parvenant à manœuvrer ceux qu'ils perçoivent comme des touches à manipuler.
L'on retient également que jamais dans l'histoire de l'humanité un mouvement n'a eu de représentation dans les instances internationales. Pourtant le polisario est bien représenté et ce officiellement par les ambassadeurs de l'Etat algérien. Il arrive même que ces derniers en oublient de défendre les intérêts de leur propre pays. Cumul de fonctions. En clair, le dossier du Sahara est une affaire algéro-marocaine. C'est une évidence, y compris pour ceux qui, dans le passé, adoptaient la position paradoxale de l'Algérie, à savoir défendre les principes de l'autodétermination des peuples en bloquant entièrement le règlement de la question. Mais c'est encore une autre évidence qui nécessite d'être rappelée, car souvent oubliée, d'autant plus que chaque fois que l'on s'intéresse à la dimension politique ou militaire du problème, on finit toujours par aboutir à l'Algérie. Ce pays est, pour ainsi dire, le principal interlocuteur quant au règlement de la question.
En créant ce mouvement à l'aide de pays amis et soutenus par des organisations qui ne connaissent ni l'histoire, ni la géographie de la région, l'Algérie dévoile son vrai visage. Le polisario n'est-il pas l'un de ses propres reflets ? Il est temps de mettre fin à cette mascarade. Le colonialisme est révolu de par le monde. Le Maroc n'est pas concerné par cet état de fait, il suffit pour s'en convaincre de replonger dans la lecture de l'histoire des pays formant le Maghreb.
Lequel doit s'unir et se consolider alors que le Maroc continuera à développer ses provinces du Sud. Sur ce plan, l'histoire interpelle tout un chacun et rappelle que la dynamisation de l'UMA montrera la voie à suivre, mais l'Algérie sera-t-elle prête à inaugurer une véritable ère de relations bilatérales ? La réponse ne viendra sûrement pas de la résidence Al Mouradia. En attendant, il convient de ne pas insulter l'avenir. Dans cette optique, des rencontres informelles sont prévues pour inaugurer un nouveau cycle de négociations, sous l'égide des instances onusiennes. Nul besoin de rappeler que des options n'auront pas lieu d'être soulevées : la marocanité du Sahara ne peut faire l'objet d'aucune transaction.
A part ce point, divers sujets pourraient être abordés. Dans ce cadre, la détermination du Souverain et de la Nation tout entière rassemblée autour de lui, la justesse de la cause et le consensus international qui se sont dégagés derrière l'initiative marocaine et le sentiment des intérêts hégémoniques de certains esprits en mal de réconciliation conduiront le Conseil de sécurité à tirer, lui aussi, les conséquences de cette situation.
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L'alternance clanique
Pour l'heure, il se dit à Alger qu'avec un troisième mandat, le président Bouteflika chercherait quelque peu à protéger ses proches d'éventuelles poursuites judiciaires, une fois celui-ci disparu du pouvoir. Ce n'est donc pas la démocratisation des institutions qui serait en jeu mais plutôt la poursuite d'une «alternance clanique» au sein du pouvoir. Quant au retrait apparent de l'armée de la façade politique algérienne, il ne signifie pas forcément que les généraux ont disparu de la scène. En clair, l'armée incarne toujours le Pouvoir, dès lors que le président est dans l'incapacité d'exercer ses fonctions et est considéré comme le «grand ordonnateur» de la succession. C'est toujours d'actualité. Quoi qu'il en soit, le régime se trouve dans une situation extrêmement difficile.
Par Latifa Cherkaoui | LE MATIN
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