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L'arnaque à la paire, la favorite du banquier

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  • L'arnaque à la paire, la favorite du banquier

    L'arnaque à la paire, la favorite du banquier=============================
    La Chronique Agora
    Paris, France
    Jeudi 21 Mai 2009


    Bonjour,
    *** LE REBOND, POURQUOI ?
    ** Neuf semaines et demie de rebond... et même un peu plus. C'est bien plus long que la moyenne des rebonds après un krach. Ca en devient même surprenant, si vous voulez mon avis -- surtout si l'on considère les chiffres économiques soi-disant "moins mauvais" qui continuent de paraître avec une régularité de métronome.
    Prenez les plus récentes... Le Japon a enregistré une contraction historique de son PIB au premier trimestre -- 4% de recul, pour une baisse de 15,2% au total sur les 12 derniers mois et quatre trimestres de baisse consécutifs. Aux Etats-Unis, les mises en chantier de logements neufs ont subi un véritable "coup de massue", comme le décrivait Philippe Béchade hier avec une baisse de 12,8% en avril, au plus bas depuis 50 ans. En France -- faut-il le rappeler -- on attend un recul de 3% du PIB en 2009...
    Et il n'y a pas forcément de quoi se consoler du côté des entreprises : Air France-KLM a annoncé pour sa part sa première perte depuis la création de l'entreprise en 2003 -- perte qui se monte à 814 millions d'euros. Hewlett Packard supprime des postes. Et la litanie continue... tout comme la hausse des marchés.
    Pourquoi donc ?
    Bill Bonner nous l'expliquait lui aussi hier : "[ce rebond] pourrait durer plus longtemps que les autres parce que le krach qui l'a précédé était plus fort que les autres. Ou il pourrait durer plus longtemps que les autres parce que les autorités luttent contre ce retournement avec bien plus de vigueur qu'à l'ordinaire. Nous tentons de nous rappeler les chiffres... mais la réaction totale est au moins 10 fois supérieure à la normale".
    ** Frédéric Laurent résume parfaitement la situation en quelques paragraphes bien sentis dans Vos Finances - La Lettre du Patrimoine : "[...] il n'y a pas de réel courant acheteur sur les marchés. Pas de tendance haussière, pas d'engouement ni de réel optimisme. Il n'y a que des ordres d'achats lancés par les grandes banques américaines grâce aux subsides reçus du gouvernement américain. Elles sont certainement en train de tenter un coup de poker leur permettant de gagner un maximum d'argent en un minimum de temps, en faisant croire que la situation a changé. Il n'en est rien.
    "La situation réelle, économique, sans avoir empiré... n'a pas encore montré l'étendue des dégâts qu'elle allait apporter à l'économie mondiale. Lorsque ces banques auront estimé avoir suffisamment de gains, elles se mettront à vendre pour prendre leurs bénéfices. Sur les données économiques actuelles, rien ne pourra empêcher les marchés de retrouver leurs plus bas et peut-être même de les enfoncer. Cette nouvelle supercherie aura alors une autre incidence : nous faire ouvrir les yeux sur l'état catastrophique des finances publiques américaines, farcies de dettes et dont la conséquence directe sera la chute du dollar".
    Oui, cher lecteur, profitez de ce rebond tant qu'il est temps -- ou plutôt, profitez de l'ambiance détendue qui l'accompagne, parce qu'en ce qui concerne les actions en elles-mêmes, vous connaissez notre point de vue : restez à l'écart pour l'instant... Et au lieu de tomber dans le piège que tend M. le Marché, préparez votre portefeuille en le garnissant d'une armure solide... tout en or, bien entendu !
    Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée, en ce jeudi férié... et je vous donne rendez-vous dès demain en compagnie de Philippe Béchade.
    Meilleures salutations,
    Françoise Garteiser
    Pour la Chronique Agora

    *** ON NE CORRIGE PAS DES ERREURS FINANCIERES EN LES SUBVENTIONNANT
    ** Que devient tout l'argent des renflouages gouvernementaux ? Qu'en est-il du plus grand programme gouvernemental depuis la Seconde Guerre mondiale -- la lutte contre le capitalisme ? Qu'en est-il de l'engagement financier le plus coûteux de l'histoire ? Plus grand que les pyramides, plus cher qu'Alexandrie et Babylone combinées, plus colossal que le colosse de Rhodes...
    * Environ 15 000 milliards de dollars ont été assignés au grand programme de renflouage/relance des Etats-Unis. Ca ne devrait pas manquer de court-circuiter la correction et accélérer l'économie, n'est-ce pas ?
    * Eh bien... non.
    * Parce qu'on ne peut pas corriger des erreurs financières en les subventionnant. On ne peut effacer de mauvais investissements en y mettant plus d'argent. On ne peut transformer de mauvaises entreprises en bonnes entreprises en leur donnant de l'argent. Et on ne peut guérir les maux d'une dette excessive en empruntant plus d'argent.
    * Au lieu de contraindre les gens à corriger les erreurs de l'ère de la bulle, les gouvernements font tout ce qu'ils peuvent pour maintenir à flot les mauvais investissements, garder en vie des entreprises mortes et tenir en activité des banques zombies. Plus les autorités injectent de l'argent, plus l'économie met de temps à corriger les erreurs et s'adapter aux nouvelles réalités.
    ** Tout de même, cet argent doit bien aller quelque part, non ? Une bonne partie n'ira-t-elle pas dans les cours des actions ?
    * La réponse est "peut-être".
    * Mais cet argent qui pourrait aller dans les actions, d'où provient-il ? Ah, cher lecteur, c'est là qu'il y a un os... une mouche dans la confiture... un souci.
    * Chaque dollar employé pour soutenir Wall Street, par exemple, doit venir d'ailleurs. Nous avons vu cette semaine un titre rapportant que "les riches deviennent plus riches à Wall Street". Evidemment. Au lieu de faire faillite et d'être licenciés -- comme ça aurait dû être le cas -- le gouvernement intervient pour leur donner encore plus d'argent. Non seulement les banques restent sur pied, mais elles peuvent verser à leurs gestionnaires des bonus encore plus gros.
    * Le gouvernement emprunte à l'économie privée -- de l'argent qui aurait pu être prêté à un entrepreneur... ou à une boulangerie... ou à un propriétaire -- et le met au travail. Il est vrai que durant une contraction du crédit, l'emprunt semble baisser. Mais il le fait pour une bonne raison. L'économie ne fonctionne pas correctement. Les gens ne savent pas quels projets vont fonctionner ou pas. De plus, les prix des actifs -- qui tendent à soutenir les prêts -- chutent. Qui voudrait se risquer à prêter de l'argent lorsque le nantissement pourrait disparaître ? Les nouveaux prêts traversent donc une période de gel... jusqu'à ce que la période de choc, d'ajustement et de restructuration soit terminée.
    * La théorie des autorités, c'est qu'elles ne font que mettre au travail des ressources oisives... afin de faire repartir l'économie. Ce qu'elles font vraiment, c'est tirer des ressources d'une oisiveté sûre pour les gâcher dans des projets actifs qui ne rapportent rien. Ce n'est pas là la base d'un authentique marché haussier. C'est la base d'une grosse déception.
    * Et cela ajoute près de 2 000 milliards de dollars de nouvelle dette au bilan fédéral américain chaque année.
    * Mais attendez... le gouvernement ne fait pas qu'emprunter de l'argent, il crée aussi de l'argent "à partir de rien". Et CA, ça va allumer le feu sous l'économie, non ?
    * Eh bien, oui et non. Mais c'est un trop gros sujet pour aujourd'hui... nous allons donc le garder pour un autre jour.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    L'arnaque A La Paire, La Favorite Du Banquier

    ============
    Par Marc Mayor (*)
    Depuis que le monde est monde, il existe une escroquerie bien connue des aigrefins ; l'inquiétant, c'est quand votre banquier s'en inspire. Observons d'abord un exemple classique, avant de s'attaquer à la version boursière de cette tromperie.
    Un homme habillé de manière raffinée entre chez un joaillier parisien de prestige ; c'est la crise, et le magasin est désert. Le passant explique qu'à l'occasion de leurs 25 ans de mariage, il souhaite offrir à sa femme un objet exceptionnel, en précisant que le prix n'est pas un obstacle.
    Flairant l'affaire en ces temps difficiles, le bijoutier lui présente article après article, mais le quidam ne cesse de faire la moue. Alors le commerçant passe aux choses sérieuses : dans le coffre, il va chercher une pièce unique, qui coûte un million d'euros.
    Ravi, le chaland applaudit : "voilà exactement ce qu'il me faut ! Je vous la prends. Seulement, il m'en faudrait une deuxième exactement comme cela, pour en faire une paire de boucles d'oreilles".
    Le détaillant promet à l'acquéreur de se mettre en chasse du double. Aussitôt l'acheteur reparti avec sa pièce unique, réglée rubis sur l'ongle, l'orfèvre avertit son réseau international dans le but de trouver un sosie au bijou exceptionnel. Et là, miracle ! Après quelques jours, un confrère basé en Belgique lui confirme avoir trouvé la réplique exacte. Seul hic : le vendeur en exige un million et demi d'euros.
    Le lapidaire appelle son client pour lui proposer l'affaire en échange de deux millions (il faut vivre, et puis il y a les frais). "Achetez-la !" répond l'autre au bout du fil. "Je viens la chercher la semaine prochaine". Le marchand s'exécute, payant le million et demi d'euros à son collègue étranger, qui lui fait parvenir le bijou sans délai.
    La semaine suivante, nulle trace de l'acheteur. Le bijoutier compose le numéro du client, qui répond d'un ton las : "ah, c'est vous. Hélas, ma femme vient de me quitter. Je n'ai plus besoin de ce bijou, mais merci quand même".
    Vous l'aurez compris : les deux "pièces uniques" ne font qu'une. Le prétendu acquéreur est un escroc, qui a trouvé le moyen de revendre, pour un million et demi, un joyau qu'il vient de payer un million. Il empoche un demi-million sans le moindre risque d'aller en prison.
    Quel est le rapport avec votre banquier ? J'y viens.
    Il y a quelques années, j'avais accès à toute la recherche d'un important groupe financier concernant ses analyses de titres cotées en Bourse, et recommandant en général l'achat. Je constatai alors qu'une société cotée qui ne sera pas nommée ici, appelons-la MBI, était recommandée à la hausse par le courtier en question, avec un objectif de cours très ambitieux, bien au-dessus des niveaux de l'époque.
    En parallèle, cette maison de courtage à la réputation sans tache était également active dans les fonds de pension. En l'occurrence, par le biais de son activité de fonds de pension, l'établissement était assimilé à un initié, car il possédait alors plus de 5% des actions de la société MBI. En tant qu'initié, elle avait donc dû déclarer ses achats et ventes de l'action MBI.
    Grâce à la base de données du gendarme boursier, je constatai que, pendant que cette bancassurance encourageait les clients de sa branche courtage d'acheter l'action MBI, leur faisant miroiter monts et merveilles, elle vendait en parallèle des millions de titres MBI par le biais de son fonds de pension.
    Il s'agit donc d'une version boursière de la bonne vieille arnaque à la paire : les pseudo-analystes font monter les prix, comme la personne vendant une pièce exceptionnelle au bijoutier belge. Le pigeon est le petit investisseur prêt à payer l'action MBI trop cher, car avalant toutes crues les soi-disant analyses. Comme le joaillier parisien, ayant trop payé pour un bien de moindre valeur, il subira une perte, en général significative.
    La morale de cette histoire est toute simple : quand quelqu'un vous conseille, surtout gratuitement, vous devez vous demander quel est son intérêt dans l'affaire, quitte à vérifier les bases de données idoines. Si le corbeau avait songé un instant aux motivations du renard, il aurait probablement fermé son bec et conservé son fromage...
    Meilleures salutations,
    Marc Mayor
    Pour la Chronique Agora
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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