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A quand la réconciliation culturelle en Algérie?

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  • A quand la réconciliation culturelle en Algérie?

    Dans son principe essentiel, celui de la nécessité vitale de vivre ensemble sur un même territoire, en en partageant nolens volens une histoire commune avec ses facettes lumineuses et d’autres des plus sombres,la réconciliation nationale doit investir d’autres domaines que ceux qui donnent vie à des débats puisant leur légitimité dans les séquelles encore vivaces des horreurs vécues pas les Algériens.

    Les aspects sécuritaires liés à un terrorisme armé, barbare, qui tue encore, doivent être menés au bout d’une démarche armée qui a pour finalité de faire taire définitivement toutes les armes et de ranger les couteaux. Mais sur la durée, tous les facteurs économiques, sexuels, sociaux, ceux qui génèrent de l’arbitraire et des pratiques de non-droit, eux aussi doivent être inlassablement éradiqués pour enterrer la pseudo légitimité souvent habillée du religieux qui a fait s’entretuer des jeunes et moins jeunes dans ce pays.

    Les champs culturel, artistique, ceux de la libre expression, du respect et la protection de toutes les différences méritent à plus d’un titre une réconciliation rayonnante dans l’intérêt du pays, des libertés et de la création pour que l’Algérie ne soit plus stigmatisée, parfois avec juste raison, dans le concert des nations libres où les mots citoyen et artiste ont du sens, une plus-value et des fonctions fédératrices et apaisantes insoupçonnées pour de nombreux actants politiques dans le monde arabe.

    La création culturelle, ses espaces, son rayonnement ici et à l’extérieur, ses productions relèvent pour une grande part, dans les pays modernes, du mouvement associatif. Ce dernier est directement articulé sur des aires de proximité et d’ouverture sur le monde. Le quartier, la cité, la région et le pays sont par excellence les champs de bataille de la culture. Cette dernière a forcément et légalement des connexions, des relations, des complémentarités avec l’administration au sens le plus large.

    L’administration, censée être neutre, n’est pas la tutrice ou le censeur des associations culturelles, là où elle doit être leur protectrice intelligente, curieuse et ouverte sur la création et l’activité de la plus extravagante à la plus classique sinon traditionnelle car aucune richesse dans ces domaines n’est supérieure à l’autre.

    Le mime et le clown ne sont pas antinomiques avec un prix Nobel de littérature ou un compositeur de génie.

    Un débat est ouvert par le gouvernement autour du mouvement associatif, de la société civile, avec des objectifs dont personne ne peut nier l’importance et la justesse, s’ils sont tendus vers l’autonomie, le respect des lois et règlements, des statuts et des cahiers des charges. L’opportunité vient à point pour embrayer sur une réconciliation culturelle qui remet les militants de la culture dans leur légitimité et l’administration dans ses fonctions légales, ni plus ni moins.

    Le Festival international de Tébessa était dirigé avec succès par une association. Il a disparu.

    Le Festival d’Oran érigé en dehors d’une association légitime semble en voie de disparition. Pourquoi ? Parce que la frilosité, l’esprit du parti unique, la peur de l’association dont la direction élue est remplacée par un «commissariat» ont mis les jeunes à la merci de tous les charlatans et des rentiers incultes de l’administration.

    Ces derniers gèrent une carrière, des budgets, des achats d’équipements. Les associations sont généralement habitées par des passionnés, des professionnels, des amoureux du beau et de la libre expression.

    Toute la différence est là.

    La réconciliation culturelle peut fermer la porte aux intolérances, aux censeurs zélés, aux courtisans dont les logiciels datent encore des entreprises publiques et des «commissions» de visionnage, de lecture, de
    censure, sans professionnalisme, sans légitimité en dehors de toute légalité.

    Imaginons que le mouvement associatif culturel occupe la place qui est la sienne dans les grandes démocraties, qu’une semaine soit promulguée pour donner à voir tous les films censurés à ce jour, de l’original Guerre de libération de F. Beloufa à Automne, octobre à Alger de Malik Lakhdar Hamina, les livres interdits.

    La réconciliation nationale aura un souffle nouveau et le pays, un autre visage ici et à l’étranger.

    Mais, comme disait le camarade Vladimir Oulianov, «il faut adapter ses rêves à la réalité». Mais quelle réalité voulons-nous ?

    Par Abdou B, la Tribune
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