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La fédération de France du FLN passée au crible

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    Colloque sur l’immigration et la révolution

    Par Ali Boukhlef

    L’histoire de la guerre de libération nationale n’est toujours pas dépassionnée. La preuve en a été donnée, jeudi dernier, au cours d’un colloque intitulé «les luttes politiques de l’immigration algérienne de 1954 à 1962», organisé à Alger par la Fondation Slimane-Amirat, en collaboration l’Institut Maghreb Europe de l’université Paris 8.

    Et comme le thème est quelque peu général, l’histoire de la Fédération de France du FLN a pris une large part dans les débats et suscité même quelques controverses et des «passes d’armes», même courtoises, entre l’historien et le militant Mohamed Harbi et Ali Haroun, un ancien responsable fédéral de la «septième wilaya».

    Mohamed Harbi a, dans la foulée, jeté un pavé dans la mare, même si aucun des acteurs en vie -en dehors d’une référence à Mohand-Akli Benyounes, alors président de la Fédération de de France à Paris. Il a donné de nouveaux détails documentés sur l’affaire dite «affaire Mourad» du pseudonyme d’un ancien responsable local de la Fédération de France du FLN (Abdallah Younsi), «retourné» par les services secrets français, alors qu’il continuait à monter les échelons au sein de la structure de la révolution. Mohamed Harbi a précisé que, de toutes les tentatives de la DST, c’est «la seule qui a vraiment réussi». Et la réussite de l’opération tient au fait que l’agent en question a continué à sévir jusqu’après l’indépendance sans qu’aucun responsable ne s’en rende compte.Pis, révèle Harbi, d’autres responsables étaient sur le point de subir le même sort. Il est vrai que la personne incriminée a été jugée et condamnée à mort après l’indépendance. Mais cela démontre, selon le conférencier, les faiblesses de cette importante structure de la révolution algérienne. Il a cité, entre autres manquements, des «abus d’autorité de certains responsables».

    Ali Haroun, un des cinq responsables de la Fédération de France du FLN, a répliqué que cela est dû «aux problèmes rencontrés sur le terrain». Tout en reconnaissant des faiblesses, l’ancien membre du haut comité d’Etat s’est félicité que l’organisation de la révolution en France n’ait pas enregistré beaucoup de pertes, ni humaines ni matérielles.Et l’homme historique de faire des révélations. «Jamais la Fédération de France n’avait donné ordre de faire exploser les lieux publics. Les deux seules bombes découvertes ont été déposées dans des endroits peu fréquentés. Tuer des civils n’a jamais été dans nos plans», a révélé Me Haroun.

    Et son ancien responsable, Omar Boudaoud, a également fait des siennes en annonçant qu’il avait rencontré, à Bruxelles, Abderrahmane Fares, «envoyé de certains ministres français» pour lui «demander d’arrêter les opérations militaires en France». L’ancien premier responsable fédéral nous a révélé, en marge du colloque, que l’ancien président du gouvernement provisoire du Rocher noir «était utilisé et par les Français et par nous».

    Cela dit, la majorité des autres interventions ont mis en relief le rôle de l’immigration dans le combat national. Avant de retracer les périodes historiques, Aïssa Kadri, sociologue et enseignant à l’Université d’Orléans et Paris 8, a tracé le profil sociologique de l’immigration algérienne, jusqu’à la période post-indépendance.

    De son côté, Laure Pitti, maître de conférence à Paris 8, a mis en avant les liens entre le mouvement ouvrier algérien et les travailleurs français. Elle a axé son travail de recherche sur le site de Renault Billancourt, fief du mouvement ouvrier durant plusieurs décennies, notamment à partir de 1946, année durant laquelle Renault avait été nationalisée. Elle a indiqué que les ouvriers algériens intégraient les organisations syndicales «pour sortir du degré zéro d’existence». Mais elle a mentionné une absence totale de solidarité des ouvriers français suite aux brutalités commises lors des manifestations du 17 octobre 1961. «Les ouvriers observaient les corps repêchés par la Seine sans broncher», commente-t-elle.

    Et c’est justement sur cette manifestation du 17 octobre 1961 que l’historien anglais James House, de l’université de Leeds, en Grande-Bretagne, a axé son travail. Il a conclu que la police de Maurice Papon, alors préfet de Paris, avait «une volonté de tuer» les Algériens qui sont sortis dans la rue «pour dénoncer la ségrégation des autorités françaises». Cette ségrégation que l’historien dit trouver également dans l’empire britannique.

    Un autre historien anglais, Neil Mac Master, a mis en relief le rôle des services secrets français dans la traque des militants du FLN en France.De toute façon, ces communications, très passionnantes, et les débats qui ont suivi, ont levé le voile sur une mince partie de l’histoire de l’immigration algérienne et de son rôle pendant toutes les étapes du combat libérateur, et même durant la période qui a suivi l’indépendance du pays.

    La Tribune Online
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