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Le village Agmun et la fontaine Tala Ugmun

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  • Le village Agmun et la fontaine Tala Ugmun

    La chute de Grenade en Espagne, l’avènement du colonialisme français et la guerre de Libération nationale ont été, tour à tour, parmi les évènements majeurs qui ont façonné pour une grande partie l’histoire de la Kabylie et de tout le Nord-Africain.

    L’état de ni guerre ni paix qui a prévalu en Kabylie pendant les deux premières parties du deuxième millénaire a vu l’édification de plusieurs villages en Kabylie dont les tribus, tantôt, se faisaient la guerre pour jouir d’un territoire ou d’une source d’eau , tantôt, s’alliaient pour repousser l’étranger.

    Avec TH Gautier qui disait dans son «Voyage en Espagne», «le vestige le plus entier et le plus intéressant qui reste de toutes cette splendeur disparue est une mosaïque de grande dimension…», nous dirons qu’il existe à Ighram une fontaine d’une splendeur inouïe qui par son architecture, sa légende et les dessins qui y sont inscrits reste le témoin d’une époque, bien que proche de nous, reste encore méconnue.

    Il s’agit de la fontaine «Tala Ugmun» située sur le versant Sud du Massif de Djurdjura dans la commune d’Ighram (Akbou) au lieudit lxarban (les ruines) se trouvant à quelque trois kilomètres des villages de Laâzounen et Tizi Maâli. Cette fontaine fait partie d’un site plus important en l’occurrence le village d’«Agmun» qui signifie une petite colline surmontée d’une autre plus petite.


    Le village Agmun


    Il s’agit sans doute d’un village édifié au moyen âge dont les habitants s’appelaient les Laâzouunen, mot qui dérive certainement du la dénomination : tadart n elâez (village de la dignité) avec lequel on le désignait jadis. Culminant à quelque 800 m d’altitude, il possédait deux entrées. La première, Bab Azzoune (portail Azzoun), imposant, était l’accès principal, on raconte que le grincement généré lors de sa fermeture parvenait jusqu’à Bouhamza sur l’autre rive de la Soummam dans les monts des Bibans. L’autre entrée, petite, reliait le village à la fontaine en empruntant un chemin escarpé dont les bordures sont facilement repérables de nos jours. Un mur en pierres l’entourait de toutes parts.

    La tradition orale véhicule plusieurs versions se rapportant à la déchéance de ce village. La plus consistante raconte qu’il a été incendie par l’aârch voisin, Athmlikech, suite aux différends apparus entre eux, quant aux droits de jouissance de la montagne et des sources d’eaux qui s’y trouvent.

    Néanmoins, certains habitants parlent d’une manœuvre des turques qui craignaient que le village, en grandissant, constituerait une menace sur leurs intérêts et ont concocté un plan pour le saccager. D’autres encore, parlent de l’abandon du village par ses habitants suite à l’apparition d’une épidémie mortelle, ils soutiennent que le Saint «Sidi M’hand Amoqran», dont le tombeau se trouve à proximité du village, a été dépêché sur les lieux à partir de Béjaïa pour soigner les habitants qui mourraient par dizaine.

    Au contrebas, à une centaine de mètres, se trouve une intersection de routes anciennes (Ibardan n leqbayel) dont une, porte encore le nom de «route d’Alger», et les autres débouchent probablement sur la Qalaâ des Ath Abbès et la ville de Béjaïa. Le village de par sa situation géographique, mitoyen des royaume des Athabbes et de Koukou a du jouer un rôle capital dans les relations qu’il entretenait. Le village possédait son marché (Souk), son sommet, une fontaine pour le travail des toisons des ovins… Un vieux du village Tizi Maâli, encore vivant, garde encore le souvenir d’une arme utilisée lors de l’affrontement d’Ichariden de 1857 (ou de la révolte de 1871 des cheikhs Belhadad et Elmoqrani). L’arme en question a été ramenée au village par un des rescapés (Muhand Uhamuch), elle y était encore jusqu’à dans les années 1930, selon notre témoin H. Mohand Ameziane dit Buhu.

    Le village est aujourd’hui un amas de pierres à peine reconnaissable. L’APC d’Ighram a installé un château d’eau en son sein en 1993 et une société spécialisée dans l’installation des appareils de télécommunications, une antenne de Radio rurale et des capteurs solaires. Des bulldozers ont remué une bonne partie du site à une profondeur d’environ un mètre. Des figues sèches carbonisées et des grains de blé y ont été découverts.

    La fontaine «Tala Ugmun»

    Il s’agit de la seule partie du village qui reste encore sauvegardée presque intacte. Elle est constituée de deux chambres en arcade dont les bassins d’eaux communiquent par le moyen d’une ouverture pratiquée dans le mur central. Quatre pierres rectangulaires sont insérées, deux par chambre, à équidistance dans les toits des deux chambres et portent des dessins dont le sens n’est pas encore élucidé. Comme toutes les fontaines, elle possède sa légende.

    On raconte qu’un couple ne s’étant pas montré suffisamment respectueux du rituel effectué par tous les nouveaux mariés, la supplication de la fertilisation, a été englouti par la fontaine. Cette fontaine n’a fait l’objet d’aucune étude, classification ou restauration ; son état se dégrade de plus en plus, et le risque de son effondrement est imminent.

    Par La Dépêche de Kabylie
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