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turquie:Le diable et l’écrivain

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    Istanbul . C’est en l’absence de Nedim Gürsel que s’est ouvert le procès que lui intentent des islamistes pour son dernier roman.
    Le procès intenté à l’écrivain Nedim Gürsel pour offense à l’islam s’est ouvert hier à Istanbul. Son avocate, Sehnaz Yüzer, a indiqué hier à l’AFP qu’il est poursuivi au titre de l’article 216-1 du Code pénal turc, qui punit de un à trois ans de prison « l’incitation à la haine raciale, de classe sociale, religieuse, confessionnelle ou régionale ». Le jugement sera prononcé en l’absence de l’écrivain. « Il n’est pas venu car nous craignions des incidents à la sortie du tribunal, mais il a déjà effectué sa déposition lors d’une précédente visite », a déclaré son avocate.
    Objet de la plainte émanant d’un « simple citoyen » contre l’écrivain : son dernier roman, les Filles d’Allah. Le plaignant, soutenu par de nombreuses associations et figures islamistes turques, s’est dit « offensé » par « les mots insultants à l’égard du Prophète et du Coran » contenus dans le roman. Rien de moins. En fait, dans ce livre, Nedim Gürsel met en scène trois déesses du panthéon arabe préislamique qui prennent la parole en contrepoint de la révélation coranique pour donner une autre version de l’avènement de l’islam. Ce qui aux yeux des islamistes ne peut être que le fait d’un homme inspiré par le « chaïtane » (le diable).
    « J’ai écrit un roman, je n’ai pas écrit un manuel de théologie », s’est-il défendu sur France Info, tout en revendiquant « la liberté de porter un jugement critique sur les religions ». Il a en outre indiqué avoir vu et entendu « le premier ministre Erdogan lors de la remise d’un prix littéraire » déclarer « que la Turquie n’était plus un pays qui jugeait ses écrivains. Ce procès est un démenti à ce qu’a prononcé le premier ministre il y a quelques semaines » !
    Une chose est sûre : ce procès en sorcellerie tombe au plus mal pour la Turquie, qui a entamé une série de réformes politiques pour satisfaire aux critères d’adhésion à l’Union européenne, dont notamment la réforme du Code pénal. De plus, il intervient en pleine campagne préélectorale en vue des élections européennes du 7 juin. En effet, le procès intenté à l’écrivain, après celui intenté aux intellectuels turcs signataires de la déclaration d’excuses aux Arméniens pour les massacres de 1915, sans oublier celui intenté, sur fond de menaces de mort, au prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, vont certainement être mis à profit durant cette campagne électorale par les adversaires de l’adhésion de la Turquie à l’UE.
    Plus généralement, un vent de religiosité souffle sur la Turquie laïque et ces nombreux États autoritaires semi-laïques du monde islamique. C’est le cas, par exemple, de l’Égypte, où, en plus du fait que de nombreux écrivains sont en butte à la censure d’El Azhar, le pouvoir sous la pression des islamo-conservateurs, a mis à profit la grippe porcine pour organiser l’abattage de dizaines de milliers de porcs élevés par la communauté chrétienne copte. C’est le cas de l’Algérie, où les romans de Boualem Sansal et de Selim Bachi ont été interdits à la vente parce que contraires aux valeurs « islamiques » et « nationalistes », et où des Algériens convertis au christianisme ont été poursuivis en justice, mais aussi de la Syrie et de la Tunisie.
    Hassane Zerrouky
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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