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Les soins dentaires à l'origine d'infections virales graves

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  • Les soins dentaires à l'origine d'infections virales graves

    De banals soins dentaires peuvent-ils être à l'origine d'infections virales graves ? Pour un individu, le risque de contracter le VIH, le virus de l'hépatite B (VHB) ou celui de l'hépatite C (VHC) chez un dentiste est «très faible», estime un rapport de l'Institut de veille sanitaire (IVS) qui vient d'être rendu public.

    Toutefois, ce risque est loin d'être négligeable à l'échelle de la population, compte tenu du nombre élevé d'actes de chirurgie dentaire et des défauts de stérilisation du matériel constatés chez les praticiens.

    En France, selon les calculs de l'IVS, environ 200 cas annuels de contamination par le virus de l'hépatite B pourraient ainsi être dus à une stérilisation inadéquate des porte-instruments rotatifs ou PIR (1), largement utilisés par les dentistes pour les soins conservateurs et les prothèses. Les manquements à l'hygiène dans ce domaine peuvent aussi théoriquement entraîner des contaminations par le virus de l'hépatite C (moins de deux par an) ou par le VIH (moins d'un par an).

    En pratique, très peu de cas ont été documentés dans la littérature. La plupart du temps, ces virus transmissibles par le sang sont acquis dans d'autres contextes (rapports sexuels, toxicomanie, accidents d'exposition au sang…). Le premier épisode avéré de transmission du virus de l'hépatite B d'un patient à un autre à l'occasion de soins dentaires a été rapporté aux États-Unis en 2007. «En France, un cas est en cours d'investigation, mais rien n'est encore prouvé, précise le Dr Bruno Poignard, coordinateur de l'analyse de l'IVS. Il est souvent difficile de démontrer la responsabilité de soins dentaires, qui sont des actes très fréquents, dans la transmission d'un sida ou d'une hépatite. En général, c'est la dernière hypothèse explorée, et c'est un diagnostic d'exclusion.»

    Il y a quelques années, la Direction générale de la santé a diffusé un guide de recommandations aux professionnels, pour renforcer la prévention des infections associées aux soins dentaires. Mais récemment, les autorités sanitaires ont été alertées par des inspections dans des cabinets dentaires en milieu pénitentiaire. Les recommandations de stérilisation des porte-instruments rotatifs (PIR) entre chaque patient étaient loin d'être toujours respectées. Le constat s'est révélé comparable dans des cabinets libéraux. «Si d'importants progrès ont été constatés dans le respect des règles d'hygiène par les chirurgiens-dentistes ces dernières années, plusieurs enquêtes montrent aussi que des insuffisances pourraient persister en la matière chez certains praticiens», note le rapport de l'IVS.

    Détruire les virus

    Selon des études régionales, moins d'un dentiste sur cinq respecte à la lettre les consignes de stérilisation des PIR après chaque usage. C'est dans ce contexte que la DGS a demandé à l'Institut de veille sanitaire de quantifier le risque de transmission virale lié aux soins dentaires.

    Pour modéliser le risque pour chacun des trois virus (VIH, VHB, VHC), les experts ont pris en compte de multiples paramètres et étudié trois scénarios. Au final, en population générale, le risque individuel de contracter un virus par défaut de stérilisation des porte-instruments rotatifs s'est révélé le plus faible pour le VIH, à 1/420 millions, et le plus élevé pour le virus de l'hépatite B, à 1/516 000. La probabilité est de 1/67 millions pour l'hépatite C. Les risques seraient huit fois plus élevés en milieu carcéral, précise l'IVS. De fait, le portage du virus du sida et des hépatites est bien plus fréquent dans cette population, du fait de comportements à risque comme la toxicomanie.

    Au total, selon la modélisation de l'IVS, les soins dentaires pourraient donc être responsables de 200 cas de contaminations annuelles par le virus de l'hépatite B. «C'est une estimation extrême, qui correspond à l'absence totale de stérilisation des porte-instruments rotatifs, explique le Dr Coignard. Dans la réalité, c'est sans doute moins, car une partie des praticiens qui ne stérilisent pas pratiquent néanmoins des désinfections.» Reste à savoir quelle est l'efficacité de cette procédure pour détruire les virus. C'est ce que devra déterminer l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, qui vient d'être saisie pour évaluer les performances des différentes méthodes de désinfection et stérilisation des PIR.

    Parallèlement, un renforcement de la formation initiale et continue des dentistes dans le domaine de l'hygiène est prévu. Et l'Ordre des chirurgiens-dentistes s'est engagé à effectuer des visites systématiques des cabinets dentaires.

    (1) Ensemble des turbines et autres pièces à mains qui transmettent un mouvement rotatif aux instruments - tels les fraises - en contact direct avec les dents traitées.

    Par Le Figaro
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