L'Algérie semble vouloir marquer son désaccord et exprimer son mécontement des engagements non tenus en s'abstenant de participer à l'anniversaire du Processus de Barcelone.
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L’Union européenne (UE) fêtera les dix années du processus de Barcelone sans l’Algérie et sans plusieurs pays de la rive sud. Une action lourde de sens à travers laquelle Alger signifie à l’Europe sa déception et son refus de continuer à cautionner une coopération qui a rompu avec l’esprit même de la Déclaration de Barcelone.
Le bilan fait sur les 10 années de partenariat euroméditerranéen devrait donner à réfléchir à une Europe qui s’éloigne de plus en plus des pays de la rive sud à qui elle a promis «monts et merveilles» pour se préoccuper de son élargissement vers l’Est. C’est du moins là le sentiment exprimé par les opinions publiques qui constatent que «le bilan du partenariat est mitigé» et que «les retombées tangibles attendues ne sont pas au rendez-vous de leurs espoirs».
S’agissant du volet politique et sécurité, l’Algérie relève «le peu d’avancées» réalisé sur certaines questions en rapport avec «la promotion et le renforcement de la paix et de la sécurité dans la région». Elle cite, à ce propos, «le conflit du Moyen-Orient, le Pacte de paix et de stabilité en Méditerranée et la coopération en matière de lutte contre le terrorisme». Ce sont là «autant d’objectifs majeurs de la Déclaration de Barcelone qui ont subi les effets adverses des tensions récurrentes dans la région».
En matière de terrorisme, et «en dépit d’une mention explicite dans la Déclaration de Barcelone», l’UE n’a que «timidement commencé à définir quelques pistes de coopération au lendemain du 11 septembre», pour ne se matérialiser que «lorsque la vie des citoyens européens a été mise en danger sur le sol européen».
«Lorsque le processus de Barcelone se mettait en place, l’Algérie ployait sous les coups de boutoir d’un terrorisme qui se mondialisait, mais son message n’avait pas été alors entendu. Des organisations terroristes algériennes, identifiées en tant que telles par le Conseil de sécurité, n’ont pas été portées sur la liste européenne des organisations et personnes physiques liées au terrorisme», déplore Alger.
Cette dernière estime, s’agissant de la question des valeurs que l’UE veut mettre au coeur de sa politique de voisinage, que «le soutien communautaire dans ce domaine a fait défaut à l’Algérie au moment où son processus de réforme et de démocratisation s’était trouvé confronté à une violente adversité interne et à une dommageable incompréhension externe qui a porté nos partenaires à accueillir sur leur sol les adversaires du projet démocratique».
La prise de conscience de l’Europe quant aux dangers du terrorisme doit, cependant, prévenir contre «le vent d’islamophobie et d’arabophobie qui se développent et qui ne sont pas sans effets sur les opinions publiques et les communautés arabes et musulmanes installées en Europe, déjà en butte à de multiples discriminations qui nourrissent chez elles un profond sentiment de frustrations», conclut le document.
Concernant le volet économique et financier, «l’Algérie est d’avis que les efforts développés sur le chemin de la construction d’une économie de marché viable intégrée dans une économie mondialisée, n’ont pas été accompagnés comme nos pays l’auraient souhaité pour faire face aux impacts des politiques de libéralisation induites par notre partenariat».
C’est ainsi qu’Alger s’interroge sur le devenir de la zone dite «de prospérité partagée qui constitue le principal objectif visé par la Déclaration de Barcelone». A ce propos, il est constaté que «l’écart de richesse entre l’UE et les pays du sud de la Méditerranée s’est maintenu, voire même augmenté».
Et «avec les nouvelles technologies d’information et de communication, la répartition inégale des richesses devient, à moyen et long terme, insoutenable pour notre région». Même constat amer sur la zone de libre-échange. L’Algérie estime, à ce propos, que «le partenariat euroméditerranéen s’est focalisé, jusqu’à maintenant, sur la suppression des obstacles aux échanges au niveau des pays partenaires méditerranéens».
Ce sont là autant de questions que l’Europe devrait discuter avec les pays de la rive sud avant de revendiquer une libéralisation plus accrue des échanges commerciaux et dans certains secteurs-clés tels que l’agriculture et la pêche dans le cadre de la politique européenne de voisinage.
En parlant d’IDE, l’Algérie regrette les hésitations des investisseurs européens dans la région, bien qu’offrant «un marché porteur qui pourrait leur offrir une alternative face à l’intensification de la concurrence mondiale». Il est vrai que l’acte d’investir est avant tout une décision qui relève de la volonté des entreprises, il n’en demeure pas moins que l’UE «devrait jouer le rôle d’accompagnateur pour stimuler l’investissement des entreprises européennes dans nos pays».
Sur le volet culturel, social et humain, Alger estime sans détour qu’«il est celui qui reflète le plus la déception de notre société civile, car celle-ci étouffe sous l’effet des restrictions croissantes à la circulation des personnes, y compris des acteurs qui animent notre partenariat. Nous demandons à nos partenaires qu’ils lèvent les entraves à un déplacement plus fluide».
La circulation des personnes, réaffirme l’Algérie «est un élément central des revendications de la société civile des pays partenaires du Sud, mais également un élément révélateur de l’état d’avancement de ce partenariat». Car, constate-t-on, «depuis la déclaration de Barcelone, ce domaine a enregistré une régression considérable: les conditions de circulation du Sud vers le Nord des citoyens et de ceux qui sont en charge de la mise en oeuvre de ce partenariat sont devenues intolérables».
La liste des promesses non tenues de l’UE est encore longue et «lorsque l’UE marquera une pause dans le cycle de l’élargissement, nous pourrons réévaluer notre processus et envisager d’ériger notre aire en une région euroméditerranéenne afin d’éloigner le spectre d’une région périphérie de l’Europe», conclut-on.
Source: Le quotidien d'Oran
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L’Union européenne (UE) fêtera les dix années du processus de Barcelone sans l’Algérie et sans plusieurs pays de la rive sud. Une action lourde de sens à travers laquelle Alger signifie à l’Europe sa déception et son refus de continuer à cautionner une coopération qui a rompu avec l’esprit même de la Déclaration de Barcelone.
Le bilan fait sur les 10 années de partenariat euroméditerranéen devrait donner à réfléchir à une Europe qui s’éloigne de plus en plus des pays de la rive sud à qui elle a promis «monts et merveilles» pour se préoccuper de son élargissement vers l’Est. C’est du moins là le sentiment exprimé par les opinions publiques qui constatent que «le bilan du partenariat est mitigé» et que «les retombées tangibles attendues ne sont pas au rendez-vous de leurs espoirs».
S’agissant du volet politique et sécurité, l’Algérie relève «le peu d’avancées» réalisé sur certaines questions en rapport avec «la promotion et le renforcement de la paix et de la sécurité dans la région». Elle cite, à ce propos, «le conflit du Moyen-Orient, le Pacte de paix et de stabilité en Méditerranée et la coopération en matière de lutte contre le terrorisme». Ce sont là «autant d’objectifs majeurs de la Déclaration de Barcelone qui ont subi les effets adverses des tensions récurrentes dans la région».
En matière de terrorisme, et «en dépit d’une mention explicite dans la Déclaration de Barcelone», l’UE n’a que «timidement commencé à définir quelques pistes de coopération au lendemain du 11 septembre», pour ne se matérialiser que «lorsque la vie des citoyens européens a été mise en danger sur le sol européen».
«Lorsque le processus de Barcelone se mettait en place, l’Algérie ployait sous les coups de boutoir d’un terrorisme qui se mondialisait, mais son message n’avait pas été alors entendu. Des organisations terroristes algériennes, identifiées en tant que telles par le Conseil de sécurité, n’ont pas été portées sur la liste européenne des organisations et personnes physiques liées au terrorisme», déplore Alger.
Cette dernière estime, s’agissant de la question des valeurs que l’UE veut mettre au coeur de sa politique de voisinage, que «le soutien communautaire dans ce domaine a fait défaut à l’Algérie au moment où son processus de réforme et de démocratisation s’était trouvé confronté à une violente adversité interne et à une dommageable incompréhension externe qui a porté nos partenaires à accueillir sur leur sol les adversaires du projet démocratique».
La prise de conscience de l’Europe quant aux dangers du terrorisme doit, cependant, prévenir contre «le vent d’islamophobie et d’arabophobie qui se développent et qui ne sont pas sans effets sur les opinions publiques et les communautés arabes et musulmanes installées en Europe, déjà en butte à de multiples discriminations qui nourrissent chez elles un profond sentiment de frustrations», conclut le document.
Concernant le volet économique et financier, «l’Algérie est d’avis que les efforts développés sur le chemin de la construction d’une économie de marché viable intégrée dans une économie mondialisée, n’ont pas été accompagnés comme nos pays l’auraient souhaité pour faire face aux impacts des politiques de libéralisation induites par notre partenariat».
C’est ainsi qu’Alger s’interroge sur le devenir de la zone dite «de prospérité partagée qui constitue le principal objectif visé par la Déclaration de Barcelone». A ce propos, il est constaté que «l’écart de richesse entre l’UE et les pays du sud de la Méditerranée s’est maintenu, voire même augmenté».
Et «avec les nouvelles technologies d’information et de communication, la répartition inégale des richesses devient, à moyen et long terme, insoutenable pour notre région». Même constat amer sur la zone de libre-échange. L’Algérie estime, à ce propos, que «le partenariat euroméditerranéen s’est focalisé, jusqu’à maintenant, sur la suppression des obstacles aux échanges au niveau des pays partenaires méditerranéens».
Ce sont là autant de questions que l’Europe devrait discuter avec les pays de la rive sud avant de revendiquer une libéralisation plus accrue des échanges commerciaux et dans certains secteurs-clés tels que l’agriculture et la pêche dans le cadre de la politique européenne de voisinage.
En parlant d’IDE, l’Algérie regrette les hésitations des investisseurs européens dans la région, bien qu’offrant «un marché porteur qui pourrait leur offrir une alternative face à l’intensification de la concurrence mondiale». Il est vrai que l’acte d’investir est avant tout une décision qui relève de la volonté des entreprises, il n’en demeure pas moins que l’UE «devrait jouer le rôle d’accompagnateur pour stimuler l’investissement des entreprises européennes dans nos pays».
Sur le volet culturel, social et humain, Alger estime sans détour qu’«il est celui qui reflète le plus la déception de notre société civile, car celle-ci étouffe sous l’effet des restrictions croissantes à la circulation des personnes, y compris des acteurs qui animent notre partenariat. Nous demandons à nos partenaires qu’ils lèvent les entraves à un déplacement plus fluide».
La circulation des personnes, réaffirme l’Algérie «est un élément central des revendications de la société civile des pays partenaires du Sud, mais également un élément révélateur de l’état d’avancement de ce partenariat». Car, constate-t-on, «depuis la déclaration de Barcelone, ce domaine a enregistré une régression considérable: les conditions de circulation du Sud vers le Nord des citoyens et de ceux qui sont en charge de la mise en oeuvre de ce partenariat sont devenues intolérables».
La liste des promesses non tenues de l’UE est encore longue et «lorsque l’UE marquera une pause dans le cycle de l’élargissement, nous pourrons réévaluer notre processus et envisager d’ériger notre aire en une région euroméditerranéenne afin d’éloigner le spectre d’une région périphérie de l’Europe», conclut-on.
Source: Le quotidien d'Oran
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