Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Des milliers d’enfants vivent dans la rue !!

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Des milliers d’enfants vivent dans la rue !!

    Le phénomène des enfants de la rue prend de l’ampleur dans notre pays. Des gamins âgés entre 6 et 16 ans y dorment à même le sol. Ou sur des cartons sans que personne ne prête attention à eux. Ils vivent de mendicité ou de petits métiers. Voyage au bout de la misère...

    La majorité de ces enfants sont des garçons ; les filles sont, en effet, moins visibles dans la rue. «Les filles sont moins aventureuses et hésitent plus à quitter leur domicile, même si elles vivent dans de mauvaises conditions. On peut aussi les trouver travailler comme domestiques, ouvrières dans des ateliers clandestins ou bien encore comme prostituées dans des établissements de débauches», a indiqué Mme S. Nabila, psychologue auprès d’une association chargée d’enfants en détresse.

    Selon elle, les enfants de la rue ne rentrent pas tous dans la même «typologie», bien que la situation de chacun d’eux soit tragique.

    Wahid, SDF à huit ans !

    Nous avons toujours eu une fausse idée sur les enfants sans domicile, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. En s’approchant d’eux, nous avons découvert un monde plein de souffrances. A chacun son histoire. Un seul enfant a attiré notre attention. Il était le moi âgé. Il s’appelle Wahid et était seul comme l’indique son prénom. C’est un charment garçon, intelligent et surtout éduqué. L’histoire de Wahid est bien particulière acr étant issu de parents divorcés. Nous l’avons rencontré aux alentours d’un quartier à Boudouaou. Il faisait nuit, environ vingt-deux heures.


    Dans un parking, Wahid s’apprêtait à rejoindre son lit de fortune, un vieux fourgon, que le propriétaire a accepté de le lui laisser ouvert la nuit. Au début, il a eu peur comme il a hésité à nous raconter ses déboires. Ayant repris confiance, Wahid a, enfin, accepté de nous parler et de vider son cœur. «Je m’appelle Wahid, j’ai douze ans, j’habitais Keddara, un petit village situé près de la commune de Boudouaou. Cela fait quatre ans que je vis tout seul dans la rue, plus exactement depuis que mes parents ont divorcé. Les premiers temps, je vivais avec ma mère et mes deux frères.


    Mon père, qui était mécanicien a refait sa vie, a eu trois autres enfants avec sa deuxième femme et nous a complètement négligés», raconte Wahid.

    Après un petit silence, il enchaîne, en lançant un grand soupire : «Après le divorce, ma mère s’est débrouillée un job pour nous nourrir. A chaque fin de journée, elle rentrait épuisée et, pour n’importe qu’elle raison, elle commençait à crier et à me tabasser avec n’importe quel objet. Elle mettait du feu à mes habits, elle me brûlait la langue avec une fourchette très chaude… Un jour, elle a essayé de me brûler en mettant le feu à mon pull. Heureusement, j’ai pu fuir et rejoindre mon père. Ce dernier avait déposé plainte auprès de la gendarmerie, qui l’avait tout de suite arrêté pour coups et blessures. Elle a écopé de six mois de prison. Depuis, elle me déteste.»


    Vu que sa vie était en danger auprès de sa mère et ne pouvant plus supporter cette situation, Wahid a dû quitter la maison parentale à l’age de huit ans. En entendant tout cela, nous n’avons pu nous empêcher de verser quelques larmes. Wahid s’arrête un moment, se remémore certains faits et éclate en sanglots.


    «En aucun cas j’ai voulu cette situation», s’est-il écrié, avant d’ajouter : «J’étais un brillant élève mais j’ai dû abandonné les bancs de l’école parce que je n’avais aucune possibilité de poursuivre mes études. Ma mère refusait que j’aille chez mon père de peur de ne plus bénéficier de la pension alimentaire sans se soucier de moi. Je ne représentais pour elle qu’une charge de plus.»


    Une fois à la rue, livré à lui-même, Wahid passe ses journées et la moitié de ses nuits à chercher de la nourriture : «Il m’arrive parfois de récupérer des matériaux ferreux pour les revendre en contrepartie d’une petite somme d’argent.


    Heureusement qu’il existe encore des âmes charitables qui me proposent de l’aide à chaque fois, sans oublier les conseils précieux que l’on me donne afin que je puisse éviter de sombrer dans le monde de la délinquance, la drogue, le tabac, le vol et les agressions.»


    Wahid dégage une certaine rancœur, cachée au fond de lui, envers sa mère. «Je sens une grande tristesse quand je vois des enfants de mon âge tout heureux d’aller à l’école accompagnés de leurs parents», déplore-t-il.


    Les yeux pleins de larmes, Wahid ne cesse de se demander de la raison de son existence : «Pourquoi elle m’a mis au monde puisqu’elle me déteste ?» Nous avons quitté Wahid, avec une grande peine, afin de le laisser dormir en paix pour pouvoir affronter une nouvelle journée et de nouvelles aventures. Il était environ vingt-trois heures. Son rêve de se retrouver entouré de sa petite famille et de retrouver la chaleur et l’amour perdus se réalisera-t-il un jour ?

    Plusieurs d’autres Wahid vivent dans l’ombre. Ils sont tous exposés à toute forme d’exploitation, donc à des dangers qui peuvent être fatals. Les maladies, les accidents, l’indifférence, la violence et les sévices sexuels sont le lot de leur quotidien. Un quotidien qui est, malheureusement, imposé par certains adultes. Sans doute plus forts qu’eux. Leurs souffrances restent ignorées et leurs droits les plus élémentaires occultés.


    L’enfance témoigne

    Au lendemain de notre reportage, nous avons décidé de nous déplacer à Boumerdès. Sur la plage, nous avons aperçu un groupe d’enfants.


    Nous nous sommes rapprochés d’eux afin de recueillir leurs témoignages.


    Le contact était difficile au début mais, petit à petit, leurs langues commençaient à se délier. Ahmed, âgé de 15 ans, raconte : «Depuis que mes parents ont divorcé, je suis obligé de prendre en charge mes deux petites sœurs. Je me suis retrouvé dans la rue à vendre des cigarettes afin de ne pas ajouter d’autres dépenses à ma mère, déjà affaiblie par la maigre pension alimentaire, que mon père verse rarement. J’ai même dû abandonner mes études pour ne pas être une charge de plus pour ma mère.» Il s’arrête un petit moment puis continue, en colère : «Quand les grands n’assument pas leurs responsabilités, ce sont les enfants qui payent l’addition.»

    Un autre enfant se dirige vers nous, voulant certainement s’extérioriser : «Et moi, vous ne voulez pas m’interroger ? Moi, je m’appelle Saïd, j’ai 16 ans et ma situation est un peu spéciale. Je dois rentrer trop tard la nuit pour éviter tout contact avec mon père qui est tout le temps soul et agressif. Et c’est ma mère qui paye. Ne supportant plus de la voir pleurer, j’ai décidé de rejoindre la rue. Là, j’ai commencé à fumer et à me droguer pour oublier ma souffrance. Je sais que ce n’est pas bien pour ma santé, mais, mais c’est plus fort que moi.»


    Sur le chemin de retour, nous aurions bien voulu rencontrer au moins un fille. Apparemment, ce n’est pas évident, car les filles sont moins visibles.


    Quelques minutes après, nous avons aperçu une fille qui avait l’air un peu bizarre. Cette dernière, se dirigeant vers nous, on s’est arrêté pour lui parler. Pas question de nous raconter sa propre vie. Elle a accepté, par contre, de nous parler d’une certaine Kenza, âgée de neuf ans.

    «Depuis le décès de sa maman, Kenza vivait avec sa grande sœur et son père. Ce dernier s’est remarié avec une méchante femme. C’était le début des souffrances de Kenza. Sa belle-mère l’a toujours maltraitée, elle la frappait et la mettait dehors tout au long de la journée.


    La pauvre ne pouvait plus se défendre. Ses études pâtissaient car elle ne pouvait plus réfléchir. Kenza ne pensait qu’à se débarrasser de sa belle-mère. Son père se foutait pas mal d’elle et de sa sœur. Kenza avait décidé, donc, de s’enfuir. Elle était restée une semaine dehors. C’était là que je l’avais rencontrée», raconte la fille avec une touche d’amertume.
    Et de poursuivre : «Un jour, Kenza décide de rentrer chez elle.


    Malheureusement, sa belle-mère n’était pas très contente de la voir. Elle l’avait chassée de la maison. Kenza est sortie en courant et un camion de passage l’avait heurtée mettant ainsi fin à sa vie.» La fille s’est arrêtée un moment avant d’enchaîner : «Kenza a enfin trouvé la paix !»

    - Le jeune Independant
Chargement...
X