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Un aperçu sur la campagne présidentielle iranienne

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  • Un aperçu sur la campagne présidentielle iranienne

    L'épouse d'un candidat, plantée sur un podium de campagne pour haranguer la foule tandis que son mari la rejoint et lui prend discrètement la main ? De la routine électorale en Europe ou aux Etats-Unis, sauf que cette fois cette scène s'est déroulée à Tabriz, en Iran, ou l'ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi, soutenu par les réformateurs, faisait campagne la semaine dernière avec sa femme, Zahra Rahnavard, pour l'élection présidentielle du 12 juin.

    Dans un pays où les femmes ne possèdent que la moitié des droits accordés aux hommes (notamment en matière de succession) et qui a puni de lourdes peines de prison une centaine d'Iraniennes en deux ans pour avoir fait campagne pour l'égalité de leurs droits, c'est une grande première. Une revanche même, après l'éviction des 42 aspirantes candidates sur les listes pour la présidentielle.

    Zahra Rahnavard, 64 ans, sculptrice après avoir été la première femme doyen d'université, fait partie de cette génération d'étudiantes émancipées qui s'est mise à porter volontairement le hidjab (foulard) à la révolution comme un signe de revendication face aux valeurs "occidentales" imposées par le chah. Aujourd'hui, sous le tchador de circonstance, son hidjab est fleuri, son verbe acéré. Ce qu'elle dénonce, comme ce week-end à Téhéran, ce sont les "excès" à l'encontre des femmes pour qui, à l'instar de son mari, elle réclame sous les ovations "plus d'ouverture et de liberté".

    Et à ceux qui s'étonnent de cette irruption soudaine d'une "first lady" en puissance, alors que tous ignorent jusqu'au nom de l'épouse du président Mahmoud Ahmadinejad qui n'a fait parler d'elle qu'en janvier en envoyant une lettre à Mme Moubarak, en plein conflit de Gaza, pour demander que l'Egypte "laisse transiter de l'aide", Zahra Rahnavard répond : "L'homme a besoin de la femme, il faut deux ailes à un oiseau pour voler..."

    L'épouse du candidat réformateur Mehdi Karoubi, Fatemeh, s'est, à 63 ans, elle aussi lancée dans la campagne et dirige les opérations pour la province de Téhéran. Editrice du magazine féminin Irandokht, elle veut rallier, au nom de "l'égalité des droits", toutes ces Iraniennes dégoûtées de la politique mais qui sont au coeur de la société. Notamment à l'université où elles sont majoritaires (60 %). "Cette présence des épouses est électoraliste, mais c'est un signal symbolique fort, nous a expliqué par téléphone la féministe Zarah Rezai. C'est d'autant plus important que nous, les femmes et les jeunes, si nous nous mobilisons, c'est mauvais pour la réélection d'Ahmadinejad. C'est notre vote qui a fait élire Mohammad Khatami (président réformateur) en 1997 (...). Quelque chose de nouveau est peut-être en train d'arriver..."

    L'autre nouveauté de cette campagne aussi féroce qu'atypique, c'est la bataille sur Internet, les SMS et la télévision. Six débats télévisés entre les quatre candidats sont prévus, chacun disposera de dix-sept heures d'audience.

    L'Iran compte 23 millions d'usagers d'Internet. Beaucoup flirtant avec la censure font campagne, ces derniers jours. Une trentaine de sites font l'apologie de M. Moussavi, qui compte plus de 7 000 amis sur Facebook, avec pour mot d'ordre "changement" et un gadget qui fait fureur, la couleur verte comme signe de reconnaissance déclinée en brassard, en bracelet, en foulard. "C'est l'effet Obama, une véritable campagne à l'américaine !", ironise Reza Tajzadeh, un informaticien réformateur qui "encadre" des volontaires.

    "FIRST LADY" EN PUISSANCE

    Comme M. Moussavi, M. Karoubi aligne le soutien des intellectuels, mais ne dédaigne pas les "coups" médiatiques. Ainsi, ce religieux moderne et combatif a fait irruption à l'université contestataire de Téhéran, Amir Kabir, entouré de caméras. Les grilles étaient fermées, il les a forcées pour parler aux étudiants. Les pancartes de ses partisans étaient explicites : "A bas le dictateur !"

    Côté conservateur, la campagne de Mohsen Rezaï, ex-chef des gardiens de la révolution, décolle à peine. En revanche, les stratèges en communication de M. Ahmadinejad lui ont confectionné un clip électoral en trois volets, particulièrement impressionnant. Tout commence par la mise en orbite d'un satellite, puis le président-candidat est évoqué dans ses voyages à l'étranger, Venezuela, Cuba, Afrique. Tout est là, même des épisodes qui ont fait grincer des dents à l'étranger et en Iran : "L'accueil des peuples du monde", dit le commentaire. Suit un volet de voyages en province pour montrer "Ahmadinejad, le frère du peuple".

    Faute d'artistes de renom, le clip montre la joueuse de tennis française d'origine iranienne Aravane Rezaï qui dit, parlant des positions du président : "Elles nous font honneur." La joueuse était filmée à Téhéran et portait foulard. Pas question sans doute de la montrer sur le court, cuisses à l'air, même dans une campagne "à l'américaine".

    Marie-Claude Decamps (Le Monde)

  • #2
    On ne peut qu'etre admiratifs devant une société aussi dynamique et vivante, qui ne cesse de proposer des solutions, de protester, de faire entendre sa voix et faire valoir ses choix et fait du débat d'idées l'un de ces principes.

    Voilà le genre de sociétés que veulent étouffer les ramassis de sionistes et leurs ésclaves, et qui dérange et fait de l'ombre à plein de régimes arabes sclérosés et arriérés.

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    • #3
      Merci Mendz pour cet article.

      Tu as parfaitement raison. L'Iran est toujours montrée sous un jour peu flatteur et diabolisée à outrance.

      Et pourtant, on ferait bien mieux de s'en inspirer. Chez eux, les choses bougent réellement.
      « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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