Tourisme/Tendances
Une offre Maroc dépassée · Seule recette: le culturel, le balnéaire et 7 marchés matures
· Plus d’arrivées, mais moins de nuitées et d’entrées de devises
Les tendances mondiales du tourisme et leurs implications pour l’industrie du tourisme national ajoutent une louche de pessimisme à l’ambiance morose qui prévaut dans le secteur. Dans la dernière livraison des Cahiers de l’Observatoire du tourisme, l’institution dirigée par Kamal Bensouda passe au crible six principales destinations touristiques méditerranéennes comparables. La conclusion, qui couvre le premier trimestre de 2009, est sans équivoque: à l’exception du Maroc (+4,48% en termes d’arrivées), toutes les autres destinations ont subi le contrecoup de la crise économique dont la conséquence, la crise sociale, impacte davantage l’économie du tourisme. Toutefois les nuitées ont cédé 6,8% entre janvier et mars dernier en comparaison avec la même période une année plus tôt. De même, les recettes (-21% à 834 millions de DH) confirment la fin de cycle de l’offre Maroc que les responsables du secteur se refusent d’admettre. «L’une des faiblesses de la destination est sa forte dépendance à deux produits touristiques, à savoir les produits culturel de Marrakech et balnéaire d’Agadir et à 7 marchés matures de l’Europe de l’Ouest dont un prédominant, la France», avertit l’Observatoire du tourisme. Comment alors faire face aux tendances du tourisme mondial, qui fait face à de profondes mutations dans le comportement du touriste, ses pratiques ainsi que ses attentes, d’ici les 10 prochaines années? Des tendances lourdes, «induites par les évolutions économiques, géopolitiques, environnementales et les révolutions technologiques», qui exigent, selon l’Observatoire du tourisme, un redimensionnement de l’offre Maroc. Entre autres pistes de réflexion, le renforcement et la diversification de l’offre par «une approche différenciée». D’autres produits qui pourraient concourir à booster l’offre Maroc ont pour nom le développement de niches de luxe ou encore le renforcement de l’authenticité de l’offre Maroc. Ce qui, selon l’Observatoire, assurera sa durabilité environnementale et sociale. Il faudra également «investir dans les normes et standards internationaux de manière à encourager la consommation responsable utilisant des énergies renouvelables», suggère l’Observatoire. Ce qui suppose de «développer la responsabilité sociale et environnementale des hôtels». Quitte à mettre en place «un fonds dédié à la conservation de la nature». Tout un programme!
B. T. & A. R.
Sécurité, hygiène, Internet… là où il faut investir · Pour tenir le cap face aux destinations concurrentes
· Transport aérien: miser sur le low-cost et développer l’offre affaires et luxe
«Malgré certains sondages publiés en début d’année, le désir de partir en vacances cet été reste fort, mais les dépenses seront serrées». Le constat d’Etienne Pauchant, fondateur de la Mediterranean travel association (Meta), corrobore les prévisions qui veulent que dans cette conjoncture le tourisme domestique trouvera son bonheur, ainsi que les meilleurs rapports qualité/prix à l’international. La Meta va plus loin en relevant que le tourisme d’affaires mondial, très affaibli depuis plusieurs mois, se rétablira au rythme de l’économie. Quant au tourisme d’agrément en Méditerranée, «il ne retrouvera ses performances antérieures que lorsque le taux de chômage européen sera repassé sous la barre des 8%». Au regard des chiffres des différentes sources de production statistique, les destinations au sud et à l’est de la Méditerranée ont connu des fortunes diverses au cours du premier trimestre 2009.
En termes d’arrivées, le Maroc s’en sort mieux. La destination enregistre une augmentation de +4,43%, mais des recettes en diminution (-21%) à 834 millions de DH. C’est le scénario inverse pour le marché tunisien où les arrivées touristiques sont en baisse (-0,04%) et les recettes en hausse (+0,8%). Les quatre autres destinations (Chypre, Croatie, Iles Canaries et Turquie) affichent des signes d’essoufflement.
Au pays d’Atatürk, l’on situe la baisse de ses arrivées touristiques à -4,22% pour une baisse de ses recettes touristiques de -11,2%. Seule l’Egypte (qui n’est pas benchmarkée par l’Observatoire national du tourisme) se stabilise après un début d’année difficile, marqué par l’attentat du Caire de février. Selon la Meta, le tourisme y repart lentement à la hausse.
Il va sans dire que l’Europe méditerranéenne souffre plus que la rive sud, mais qui devra adopter les standards internationaux liés à la sécurité et l’hygiène. C’est ainsi que la Grèce, encore sous les effets négatifs des émeutes de décembre et de janvier, accuse un retard de 20% d’occupation de ses établissements hôteliers en début d’année. L’Espagne voisine perd environ 10% de ses arrivées internationales par rapport au premier trimestre 2008 et enregistre une baisse sensible de ses recettes. Les Iles Canaries affichent -15,5% en arrivées et -10,2% en recettes. La Croatie annonce une baisse de 19,7% sur la même période en arrivées. Chypre affiche une baisse de 15,7% en arrivées et une diminution de 12,6% en recettes. Même la France et l’Italie, bien qu’attractives, ont marqué fortement le pas en cette période. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estimait au mois de mai à -10,5% la baisse des arrivées internationales pour le premier trimestre en Europe méridionale. «Il faut s’attendre à un résultat encore inférieur», prévient Pauchant.
Changement d’ère? En tout cas, les professionnels du tourisme sont de plus en plus conscients de l’impact des nouvelles technologies dans l’industrie du voyage. La forte croissance du marché des ventes des voyages en ligne se poursuivra surtout sur les marchés émergents. Les taux de croissance attendus seraient de l’ordre de 40% d’ici l’année prochaine. Partant, les implications des tendances du tourisme mondial pour l’accessibilité de la destination Maroc supposent de nouvelles approches dans l’offre globale. Sur le plan du transport aérien, l’Observatoire suggère de maîtriser la dépendance de l’offre au modèle low-cost «pour accompagner la diversification des segments affaires, luxe…». Il s’agira également de «désenclaver les marchés relais de croissance». Ce faisant, l’Observatoire du tourisme appelle à favoriser l’ouverture des lignes aériennes dites de point à point et renforcer l’infrastructure aéroportuaire pour l’accessibilité des régions. De même pour accompagner le développement de l’écotourisme (concept à la mode et vendeur). Et à partir de là, mettre en place des outils de promotion à même de faire face aux mutations des marchés émetteurs.
Les pouvoirs publics concernés prônent l’ancrage de la marque Maroc plus encore sur l’authenticité et le patrimoine, tels que le concept de l’«expérience unique», sur la base d’un «tourisme durable». Pour Kamal Bensouda, directeur de l’Observatoire, il s’agit de gagner des batailles de l’image en mettant en valeur, sous forme de vitrine, les projets écotouristiques. Parallèlement, opérateurs privés et institutionnels doivent développer leurs offres sur la toile autour d’une plateforme de réservations. A terme, il s’agira de «mettre en place un portail fédérant l’ensemble des offres de l’industrie touristique». Encore faudrait-il que les hôtels soient plus flexibles (durée de séjour, package…) et capables de répondre à plus de demandes court terme des TO européens d’où l’importance du yield management, cher à Kamal Bensouda.
B. T. & A. R.
Une offre Maroc dépassée · Seule recette: le culturel, le balnéaire et 7 marchés matures
· Plus d’arrivées, mais moins de nuitées et d’entrées de devises
Les tendances mondiales du tourisme et leurs implications pour l’industrie du tourisme national ajoutent une louche de pessimisme à l’ambiance morose qui prévaut dans le secteur. Dans la dernière livraison des Cahiers de l’Observatoire du tourisme, l’institution dirigée par Kamal Bensouda passe au crible six principales destinations touristiques méditerranéennes comparables. La conclusion, qui couvre le premier trimestre de 2009, est sans équivoque: à l’exception du Maroc (+4,48% en termes d’arrivées), toutes les autres destinations ont subi le contrecoup de la crise économique dont la conséquence, la crise sociale, impacte davantage l’économie du tourisme. Toutefois les nuitées ont cédé 6,8% entre janvier et mars dernier en comparaison avec la même période une année plus tôt. De même, les recettes (-21% à 834 millions de DH) confirment la fin de cycle de l’offre Maroc que les responsables du secteur se refusent d’admettre. «L’une des faiblesses de la destination est sa forte dépendance à deux produits touristiques, à savoir les produits culturel de Marrakech et balnéaire d’Agadir et à 7 marchés matures de l’Europe de l’Ouest dont un prédominant, la France», avertit l’Observatoire du tourisme. Comment alors faire face aux tendances du tourisme mondial, qui fait face à de profondes mutations dans le comportement du touriste, ses pratiques ainsi que ses attentes, d’ici les 10 prochaines années? Des tendances lourdes, «induites par les évolutions économiques, géopolitiques, environnementales et les révolutions technologiques», qui exigent, selon l’Observatoire du tourisme, un redimensionnement de l’offre Maroc. Entre autres pistes de réflexion, le renforcement et la diversification de l’offre par «une approche différenciée». D’autres produits qui pourraient concourir à booster l’offre Maroc ont pour nom le développement de niches de luxe ou encore le renforcement de l’authenticité de l’offre Maroc. Ce qui, selon l’Observatoire, assurera sa durabilité environnementale et sociale. Il faudra également «investir dans les normes et standards internationaux de manière à encourager la consommation responsable utilisant des énergies renouvelables», suggère l’Observatoire. Ce qui suppose de «développer la responsabilité sociale et environnementale des hôtels». Quitte à mettre en place «un fonds dédié à la conservation de la nature». Tout un programme!
B. T. & A. R.
Sécurité, hygiène, Internet… là où il faut investir · Pour tenir le cap face aux destinations concurrentes
· Transport aérien: miser sur le low-cost et développer l’offre affaires et luxe
«Malgré certains sondages publiés en début d’année, le désir de partir en vacances cet été reste fort, mais les dépenses seront serrées». Le constat d’Etienne Pauchant, fondateur de la Mediterranean travel association (Meta), corrobore les prévisions qui veulent que dans cette conjoncture le tourisme domestique trouvera son bonheur, ainsi que les meilleurs rapports qualité/prix à l’international. La Meta va plus loin en relevant que le tourisme d’affaires mondial, très affaibli depuis plusieurs mois, se rétablira au rythme de l’économie. Quant au tourisme d’agrément en Méditerranée, «il ne retrouvera ses performances antérieures que lorsque le taux de chômage européen sera repassé sous la barre des 8%». Au regard des chiffres des différentes sources de production statistique, les destinations au sud et à l’est de la Méditerranée ont connu des fortunes diverses au cours du premier trimestre 2009.
En termes d’arrivées, le Maroc s’en sort mieux. La destination enregistre une augmentation de +4,43%, mais des recettes en diminution (-21%) à 834 millions de DH. C’est le scénario inverse pour le marché tunisien où les arrivées touristiques sont en baisse (-0,04%) et les recettes en hausse (+0,8%). Les quatre autres destinations (Chypre, Croatie, Iles Canaries et Turquie) affichent des signes d’essoufflement.
Au pays d’Atatürk, l’on situe la baisse de ses arrivées touristiques à -4,22% pour une baisse de ses recettes touristiques de -11,2%. Seule l’Egypte (qui n’est pas benchmarkée par l’Observatoire national du tourisme) se stabilise après un début d’année difficile, marqué par l’attentat du Caire de février. Selon la Meta, le tourisme y repart lentement à la hausse.
Il va sans dire que l’Europe méditerranéenne souffre plus que la rive sud, mais qui devra adopter les standards internationaux liés à la sécurité et l’hygiène. C’est ainsi que la Grèce, encore sous les effets négatifs des émeutes de décembre et de janvier, accuse un retard de 20% d’occupation de ses établissements hôteliers en début d’année. L’Espagne voisine perd environ 10% de ses arrivées internationales par rapport au premier trimestre 2008 et enregistre une baisse sensible de ses recettes. Les Iles Canaries affichent -15,5% en arrivées et -10,2% en recettes. La Croatie annonce une baisse de 19,7% sur la même période en arrivées. Chypre affiche une baisse de 15,7% en arrivées et une diminution de 12,6% en recettes. Même la France et l’Italie, bien qu’attractives, ont marqué fortement le pas en cette période. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estimait au mois de mai à -10,5% la baisse des arrivées internationales pour le premier trimestre en Europe méridionale. «Il faut s’attendre à un résultat encore inférieur», prévient Pauchant.
Changement d’ère? En tout cas, les professionnels du tourisme sont de plus en plus conscients de l’impact des nouvelles technologies dans l’industrie du voyage. La forte croissance du marché des ventes des voyages en ligne se poursuivra surtout sur les marchés émergents. Les taux de croissance attendus seraient de l’ordre de 40% d’ici l’année prochaine. Partant, les implications des tendances du tourisme mondial pour l’accessibilité de la destination Maroc supposent de nouvelles approches dans l’offre globale. Sur le plan du transport aérien, l’Observatoire suggère de maîtriser la dépendance de l’offre au modèle low-cost «pour accompagner la diversification des segments affaires, luxe…». Il s’agira également de «désenclaver les marchés relais de croissance». Ce faisant, l’Observatoire du tourisme appelle à favoriser l’ouverture des lignes aériennes dites de point à point et renforcer l’infrastructure aéroportuaire pour l’accessibilité des régions. De même pour accompagner le développement de l’écotourisme (concept à la mode et vendeur). Et à partir de là, mettre en place des outils de promotion à même de faire face aux mutations des marchés émetteurs.
Les pouvoirs publics concernés prônent l’ancrage de la marque Maroc plus encore sur l’authenticité et le patrimoine, tels que le concept de l’«expérience unique», sur la base d’un «tourisme durable». Pour Kamal Bensouda, directeur de l’Observatoire, il s’agit de gagner des batailles de l’image en mettant en valeur, sous forme de vitrine, les projets écotouristiques. Parallèlement, opérateurs privés et institutionnels doivent développer leurs offres sur la toile autour d’une plateforme de réservations. A terme, il s’agira de «mettre en place un portail fédérant l’ensemble des offres de l’industrie touristique». Encore faudrait-il que les hôtels soient plus flexibles (durée de séjour, package…) et capables de répondre à plus de demandes court terme des TO européens d’où l’importance du yield management, cher à Kamal Bensouda.
B. T. & A. R.
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