La baraka s'est trouvé un nouveau réceptacle : l'âme de Ronaldinho (de son vrai nom Ronaldo de Assis Moreira), alias "little Ronaldo". Il vient d'être élu Ballon d'Or 2005 après deux autres consécrations, à savoir le joueur européen de l'année 2005 et le joueur FIFA de l'année 2004. Autant dire que son club, le FC Barcelone, l'actuel leader de la Liga, a fait une excellente affaire en recrutant le petit génie brésilien.
- Biographie de Ronaldinho : http://en.wikipedia.org/wiki/Ronaldinho
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Ronaldinho, l'enfance de l'art
Le Ballon d'Or aurait pu primer l'altruisme avec Frank Lampard, la ténacité à travers Steven Gerrard, la loyauté avec Paolo Maldini. Il aurait dépoussiéré cette croyance un peu obsolète selon laquelle, en football, la mise en valeur de l'individu ne s'affranchit jamais totalement de la performance collective. Mais ce n'était pas très tentant. Pas cette année.
En un demi-siècle d'histoire, la distinction suprême a toujours manifesté beaucoup d'égard pour l'élégance et l'effronterie, sans jugement de valeur, par goût de l'inusité. Aucune surprise cette fois encore: au moment de désigner le meilleur footballeur européen de l'année civile, le collège d'experts a primé la singularité sous sa forme la plus désinhibée, personnifiée par Ronaldo de Assis Moreira, nom de scène Ronaldinho, «le dernier footballeur romantique», selon Romario, le glorieux aîné.
Qui d'autre, certes? A longueur de semaines, «Ronnie» trimbale son sourire canaille dans les défenses les plus inhospitalières d'Europe, avec la même virtuosité, la même extravagance, érigée en marque de fabrique et - tant pis - une assiduité quelque peu inégale. Tout l'échantillonnage de la verve footballistique y est étalé sans vergogne: ailes de pigeon, lobs, dribbles, talonnades, passes décisives, buts insolents. L'enfance de l'art. Plus prosaïquement: le génie. Mais un génie à l'état sauvage, un rien ingénu, dont la particularité est de survivre aux aspérités et à la pingrerie tactique du football contemporain.
Qui d'autre, oui, que Ronaldinho pour incarner le jeu? Le gamin de Porto Alegre a passé les vingt-cinq dernières années de sa vie à jouer; jeu de balle, jeu de jambes, jeu d'enfant. Vingt-cinq ans à assouvir une inclination viscérale pour la plage, les boîtes de nuit et la gaudriole; pour toutes les joyeusetés de la terre, dignement célébrées. «Enfant, il dribblait les meubles de sa chambre et les chiens dans la rue», raconte son frère Roberto Assis, ex-stratège du FC Sion. «Le ballon ne le quittait jamais, renchérit Miguelinha, sa mère. Au petit déjeuner, «Ronnie» le tenait entre ses jambes. Sur le chemin de l'école, il le calait sous le bras. Pour dormir, il l'appuyait contre sa tête.» «Avant l'entraînement, il jonglait tout au long des 400 mètres qui séparaient le local matériel du terrain. Et toujours avec le sourire, comme maintenant», raconte à L'Illustré Didier Papilloud, ex-responsable des juniors C au FC Sion, où le prodige a suivi son frère. «Je n'avais jamais rencontré un personnage comme lui. Il est toujours de bonne humeur», s'émeut Carles Puyol, capitaine de Barcelone.
Ronaldinho est aujourd'hui l'épicurien le mieux payé du monde. Chaque semaine, il fait commerce de sa dextérité devant les 90000 spectateurs du Camp Nou, où la tâche qui lui est assignée tient dans cette directive incantatoire: «Fais ce dont tu as envie.» Sa liberté de mouvement, dans le jeu conquérant de Barcelone, est totale. Elle donne des impulsions à une équipe transfigurée, capable de déferlantes d'un autre temps.
Ronaldinho y a obtenu la reconnaissance unanime. Elle ne lui était pas acquise. Longtemps, son aisance technique inestimable, déployée avec impudence, dans l'esbroufe et sans effort, a rencontré la méfiance des pusillanimes et l'acrimonie des laborieux. «C'est un phénomène de foire», ont osé des médias français après son transfert au Paris Saint-Germain.
Des clubs huppés, à commencer par le Real Madrid, ont reculé devant sa «rustrerie». Ronaldinho s'est rendu célèbre par ses fredaines parisiennes où, l'adolescence égrillarde, il était coureur de jupons bien avant de se soustraire aux marquages à la culotte de ses adversaires. Comme toujours, il a répondu par un sourire et quelques effets de style. Et par des trophées aussi: un titre de champion en Espagne, une Coupe de la Confédération avec le Brésil - qui comptait dix nominés à cette édition du Ballon d'Or! - au cours de l'année 2005.
Qui d'autre, oui, que Ronaldinho, le footballeur promis à la gaieté éternelle? Peut-être Frank Lampard tout de même, homme à tout faire du fastueux Chelsea, avec lequel il parcourt dix-sept kilomètres par match et vient d'enquiller 160 parties d'affilée en championnat d'Angleterre, record absolu. Ronaldinho contre Lampard. La victoire de l'étincelant sur le performant, de l'exceptionnel sur le rare. Il faut bien rêver un peu.
Source : letemps.ch
- Biographie de Ronaldinho : http://en.wikipedia.org/wiki/Ronaldinho
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Ronaldinho, l'enfance de l'art
Le Ballon d'Or aurait pu primer l'altruisme avec Frank Lampard, la ténacité à travers Steven Gerrard, la loyauté avec Paolo Maldini. Il aurait dépoussiéré cette croyance un peu obsolète selon laquelle, en football, la mise en valeur de l'individu ne s'affranchit jamais totalement de la performance collective. Mais ce n'était pas très tentant. Pas cette année.
En un demi-siècle d'histoire, la distinction suprême a toujours manifesté beaucoup d'égard pour l'élégance et l'effronterie, sans jugement de valeur, par goût de l'inusité. Aucune surprise cette fois encore: au moment de désigner le meilleur footballeur européen de l'année civile, le collège d'experts a primé la singularité sous sa forme la plus désinhibée, personnifiée par Ronaldo de Assis Moreira, nom de scène Ronaldinho, «le dernier footballeur romantique», selon Romario, le glorieux aîné.
Qui d'autre, certes? A longueur de semaines, «Ronnie» trimbale son sourire canaille dans les défenses les plus inhospitalières d'Europe, avec la même virtuosité, la même extravagance, érigée en marque de fabrique et - tant pis - une assiduité quelque peu inégale. Tout l'échantillonnage de la verve footballistique y est étalé sans vergogne: ailes de pigeon, lobs, dribbles, talonnades, passes décisives, buts insolents. L'enfance de l'art. Plus prosaïquement: le génie. Mais un génie à l'état sauvage, un rien ingénu, dont la particularité est de survivre aux aspérités et à la pingrerie tactique du football contemporain.
Qui d'autre, oui, que Ronaldinho pour incarner le jeu? Le gamin de Porto Alegre a passé les vingt-cinq dernières années de sa vie à jouer; jeu de balle, jeu de jambes, jeu d'enfant. Vingt-cinq ans à assouvir une inclination viscérale pour la plage, les boîtes de nuit et la gaudriole; pour toutes les joyeusetés de la terre, dignement célébrées. «Enfant, il dribblait les meubles de sa chambre et les chiens dans la rue», raconte son frère Roberto Assis, ex-stratège du FC Sion. «Le ballon ne le quittait jamais, renchérit Miguelinha, sa mère. Au petit déjeuner, «Ronnie» le tenait entre ses jambes. Sur le chemin de l'école, il le calait sous le bras. Pour dormir, il l'appuyait contre sa tête.» «Avant l'entraînement, il jonglait tout au long des 400 mètres qui séparaient le local matériel du terrain. Et toujours avec le sourire, comme maintenant», raconte à L'Illustré Didier Papilloud, ex-responsable des juniors C au FC Sion, où le prodige a suivi son frère. «Je n'avais jamais rencontré un personnage comme lui. Il est toujours de bonne humeur», s'émeut Carles Puyol, capitaine de Barcelone.
Ronaldinho est aujourd'hui l'épicurien le mieux payé du monde. Chaque semaine, il fait commerce de sa dextérité devant les 90000 spectateurs du Camp Nou, où la tâche qui lui est assignée tient dans cette directive incantatoire: «Fais ce dont tu as envie.» Sa liberté de mouvement, dans le jeu conquérant de Barcelone, est totale. Elle donne des impulsions à une équipe transfigurée, capable de déferlantes d'un autre temps.
Ronaldinho y a obtenu la reconnaissance unanime. Elle ne lui était pas acquise. Longtemps, son aisance technique inestimable, déployée avec impudence, dans l'esbroufe et sans effort, a rencontré la méfiance des pusillanimes et l'acrimonie des laborieux. «C'est un phénomène de foire», ont osé des médias français après son transfert au Paris Saint-Germain.
Des clubs huppés, à commencer par le Real Madrid, ont reculé devant sa «rustrerie». Ronaldinho s'est rendu célèbre par ses fredaines parisiennes où, l'adolescence égrillarde, il était coureur de jupons bien avant de se soustraire aux marquages à la culotte de ses adversaires. Comme toujours, il a répondu par un sourire et quelques effets de style. Et par des trophées aussi: un titre de champion en Espagne, une Coupe de la Confédération avec le Brésil - qui comptait dix nominés à cette édition du Ballon d'Or! - au cours de l'année 2005.
Qui d'autre, oui, que Ronaldinho, le footballeur promis à la gaieté éternelle? Peut-être Frank Lampard tout de même, homme à tout faire du fastueux Chelsea, avec lequel il parcourt dix-sept kilomètres par match et vient d'enquiller 160 parties d'affilée en championnat d'Angleterre, record absolu. Ronaldinho contre Lampard. La victoire de l'étincelant sur le performant, de l'exceptionnel sur le rare. Il faut bien rêver un peu.
Source : letemps.ch
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