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L'Institut Pasteur très courtisé sur la planète

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  • L'Institut Pasteur très courtisé sur la planète

    [ 04/06/09 ] ALAIN PEREZ (À SÉOUL), Les Echos

    L'institut parisien vient d'inaugurer un nouveau centre de recherche à Séoul, en Corée du Sud. Au total, cette fondation compte une trentaine d'implantations sur la planète. Un déploiement qui suscite des débats internes.
    Les centres Pasteur sont très présents dans les anciennes colonies françaises d'Asie et d'Afrique.

    Après Phnom Penh, Hong Kong et Shanghai voilà Séoul. Bientôt, ce sera le tour de Vientiane, au Laos. L'institut Pasteur poursuit sans bruit la construction de son réseau asiatique. Aucun autre établissement de recherche français n'est autant courtisé que cette fondation privée née en 1888. Le slogan initial forgé par le biologiste de Dôle n'a pas pris une ride : « Science et santé n'ont pas de frontières ». Dès l'origine, Louis Pasteur a mis en pratique cette vision mondialisée. Saigon a été créé en 1891, Tunis en 1893 et Alger en 1894, L'institution parisienne bénéficie d'une double notoriété. D'abord, celle de ses experts dans les maladies infectieuses. Ensuite, de l'image de « bienfaiteur de l'humanité » qui reste très vivace dans de nombreux pays. En forçant le trait, l'Institut Pasteur est à la recherche médicale ce que le Louvre est à la culture. Une espèce de marque de fabrique du savoir-faire hexagonal.

    Le réseau tissé depuis une centaine d'années comprend une trentaine de centres et les demandes continuent d'arriver. La dernière vient du Qatar et cette candidature de « pays riche » divise la communauté des pasteuriens. Parallèlement, l'institut négocie un accord avec son quasi-équivalent américain, les puissants CDC (Centers for Controle Diseases) basés à Atlanta et spécialisés dans la surveillance épidémiologique de la planète. « Ils sont intéressés par notre mode de coopération avec les pays en développement », indique Yves Charpak, directeur des affaires internationales de l'institut. Les deux organismes sont en fait complémentaires. Les médecins du CDC agissent surtout dans les pays anglophones. Leur mission consiste avant tout à protéger la nation américaine des épidémies qui émergent dans les pays en développement. Les centres Pasteur sont très présents dans les anciennes colonies françaises d'Asie et d'Afrique. Ils s'appuient plus volontiers sur le tissu médico-social local, en visant plus directement les besoins des populations indigènes.

    Nouvelle étape

    L'IPK (Institut Pasteur Korea) marque une nouvelle étape. Construit et financé par les autorités de Séoul et la province de Kyunggi, son ambition est tout autre : devenir le moteur de l'industrie biomédicale coréenne naissante (lire ci-dessous). Séoul n'a pas mégoté pour atteindre cet objectif. « Le budget de construction avoisine les 300 millions de dollars [214 millions d'euros] et le coût de fonctionnement annuel est compris entre 18 à 20 millions de dollars. Nous sommes assurés au moins jusqu'en 2015 », précise le patron allemand de l'IPK, Ulf Nehrbass. « L'avenir du pays réside dans les biotechnologies appliquées à la santé. L'automobile est une activité du passé. Laissons- la aux Chinois », remarque avec humour le président de l'IPK Yung-Bog Chae, ancien ministre de la Science et de la Technologie et grand architecte du programme franco-coréen. Son successeur, Byung-Man Ahn, partage ce point de vue : « La recherche doit servir les intérêts du pays. » Pour l'ambassadeur de France à Séoul, Philippe Thiébaud, cette stratégie ambitieuse s'inscrit dans une programmation où tous les dix ans, le pouvoir rajoute de nouvelles briques technologiques. « Ils ont le taux de diplômés le plus élevé du monde. De plus, ils sont très réactifs et ne font pas de saupoudrage dans leurs investissements publics. »

    En Asie comme en Afrique, la santé dépend étroitement des modes de vie et des habitudes alimentaires. « Au Laos, les rongeurs comestibles sont les réservoirs de nombreuses maladies. Nous devons étudier toute la chaîne alimentaire pour comprendre leur diffusion », rapporte Paul Brey, directeur général de l'institut de Vientiane. A Hong Kong, la situation est tout autre. L'ancienne possession de la Couronne britannique possède un niveau de formation proche de celui des pays développés. « L'université est l'une des meilleures d'Asie. Tous les cours sont délivrés en anglais. Le niveau qualitatif des hôpitaux locaux est également très élevé », confirme Roberto Bruzzone, directeur de l'institut Pasteur local. Ce centre lié à l'université (HKU) s'intéresse notamment à la grippe saisonnière. Un fléau qui refait surface tous les ans dans les pays du Sud-Est asiatique. Là où les hommes et les animaux vivent dans une très grande promiscuité.

    Grincements de dents

    A Séoul, l'IPK veut devenir le centre de gravité de la future industrie pharmaceutique coréenne. Un secteur qui souhaite rejoindre le camp des découvreurs de molécules innovantes. C'est le cas chez LG, plus connu pour ses écrans plats et ses téléphones portables que pour ses médicaments. Le groupe se prépare depuis dix ans à ce virage biomédical. « Nous investissons 23 % de notre chiffre d'affaires annuel dans la recherche », précise le docteur Sung Chun Kim, directeur de la technologie de la division LG spécialisée dans la santé. La firme vise surtout le marché très porteur des maladies liées à l'âge. « Près 16 % de notre population aura plus de soixante-cinq ans en 2020 ». A Paris, dans les locaux historiques du quinzième arrondissement, ces diversifications internationales ne plaisent pas à tout le monde. Pour les gardiens du temple pasteurien, cette « marchandisation de la science et de la santé » est contraire à l'esprit de la maison. Cette minorité très active a déjà eu la peau de l'ancien directeur général de la fondation, Philippe Kourilsky, éjecté de son poste en 2005, au terme d'une peu glorieuse cabale interne. Le 11 juin, ce thème sera un des enjeux de l'élection en juin du futur patron par le conseil d'administration de la fondation présidé par François Ailleret. Deux personnalités sont en lice. L'actuelle directrice générale, Alice Dautry, candidate à sa propre succession et l'ancien directeur général de l'Inserm, Christian Bréchot. « Une élection très délicate », prévoit François Ailleret.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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