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Gérard Hauser«Cette crise économique restaure l'image de l'industrie»

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  • Gérard Hauser«Cette crise économique restaure l'image de l'industrie»




    Propos recueillis par Elsa Bembaron
    05/06/2009 | Mise à jour : 20:26 figcom_sep_bulle='avec'; figcom_sep_bulle=false; | Ajouter à ma sélection

    Gérard Hauser quitte la présidence de Nexans qu'il a dirigé pendant dix ans. Crédits photo : Le Figaro
    Gérard Hauser a présidé pendant dix ans Nexans, numéro un mondial du câble.

    LE FIGARO. - Vous quittez la présidence de Nexans et ne conservez que des fonctions d'administrateur. Pourquoi ?
    Gérard HAUSER. - Il n'est pas utile de créer un poste de président du conseil de surveillance pour un PDG sortant. À part dans quelques cas très particuliers, une telle mesure ne sert qu'à permettre au sortant de toucher un revenu supplémen*taire, souvent substantiel. Je pars parce que je pense que lorsque l'on prend de l'âge - j'ai 67 ans - les risques de maladie sont plus importants et on ne peut pas se permettre d'assumer un tel risque lorsqu'on est PDG, même si je suis en bonne santé. Il ne faut pas non plus jouer le match de trop. J'ai pris la décision de partir il y a trois ans, ce qui m'a laissé le temps d'organiser ma succession avec mon conseil d'administration. Frédéric Vincent a eu le temps de monter en puissance.
    Est-ce prudent de quitter l'entreprise en pleine crise économique ?
    Certes, j'aurais préféré le faire il y a dix-huit mois plutôt qu'en pleine tempête. Je n'ai aucune inquiétude à titre personnel sur les qualités de mon successeur. C'est une situation difficile pour toutes les entreprises, mais Nexans fait partie de celles qui sont bien armées pour l'affronter. Elle ne fait pas partie de ces sociétés qui se sont lancées dans des acquisitions à des prix délirants et qui n'ont pas su renouveler leur équipe dirigeante quand cela était nécessaire.
    Les récents scandales sur la rémunération des patrons vous semblent-ils justifiés ?
    Cela s'inscrit dans un climat désagréable et qui n'a pas lieu d'être. Les rémunérations sont connues et inscrites dans les rapports annuels depuis plusieurs années. Pour nombre de Français, le président d'une grande entreprise est trop souvent un voyou ! Quelques-uns n'ont pas été exemplaires, mais au lieu de s'attaquer aux patrons il aurait fallu s'en prendre aux conseils d'administration. Ils n'ont pas à rémunérer des contre-performances. Lorsque la partie quantitative d'une rémunération va*riable n'est pas atteinte et que des primes sont versées pour compenser la baisse de la rémunération, c'est proprement scandaleux. Le code Afep Medef, dû en grande partie au talent de Jean-Martin Folz et qui est le plus exigeant d'Europe, a été signé par l'essentiel des entreprises du SBF 120. Je quitte Nexans avec une clause de non-concurrence et deux mois d'indemnité de fin de carrière ; comme prévu initialement dans mon contrat.
    Pensez-vous que les prix des matières premières vont rester à leurs niveaux actuels ?
    Les prix des matières premières vont continuer leur progression au cours des dix-huit prochains mois. Le pétrole est déjà repassé de 40 à près de 70 dollars le baril, le cuivre, qui est le plus représentatif des métaux non ferreux, de 3 000 à 4 500 dollars la tonne. Les cours des matières premières (non agricoles) ne peuvent que continuer à grimper. Cela fait deux ou trois ans qu'il n'y a plus eu d'investissements significatifs dans les mines, soit pour des raisons géopolitiques, soit pour des raisons financières. Ainsi, les compagnies pétrolières ont suspendu ou n'ont pas pu réaliser des investissements dans des pays instables, comme le Nigeria ou l'Irak. Par ailleurs, les problèmes politiques du Venezuela ont mis à mal les capacités de production d'aluminium de ce pays. En Russie, le cuivre est pénalisé par un déficit d'investissement depuis près de vingt ans. Ces dix dernières années, les oligarques auraient pu s'intéresser plus à leur industrie qu'aux clubs de foot. Je pense que la situation va rapidement redevenir tendue sur le marché des métaux non ferreux.
    Les énergies de substitution pourront-elles remplacer le pétrole ?
    À terme, le nucléaire va se développer, même si dans l'immédiat on assiste plutôt à des abandons ou des reports de projets pour des raisons financières. Le nucléaire est la seule énergie véritablement propre et sûre. Les mines de charbon chinoises tuent malheureusement chaque année bien plus de mineurs que Tchernobyl. Plus on a peur du nuclé*aire, plus on fait des centrales à charbon. Elles sont certes de moins en moins polluantes, mais les rejets de CO2 restent problématiques. Le marché de captation du CO2 sera considérable d'ici dix ou vingt ans.
    Quels changements la crise actuelle va-t-elle provoquer ?
    La crise économique a au moins un côté positif. Elle res*taure l'image de l'industrie. La véritable économie, c'est la production de biens. Le monde de la finance a créé de la fausse valeur ajoutée qui est en train de disparaître en fumée. Aujourd'hui, les banques ne jouent plus suffisamment leur rôle dans le financement de l'économie. Il faudrait totalement interdire les opérations incompréhensibles et artificielles, comme les dérivés de dérives. Je suis convaincu que les présidents de banques eux-mêmes ne savaient plus ce qui se passait chez eux et n'y comprenaient plus rien. L'imagination des banquiers mathématiciens est allée trop loin.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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