Le Pays Tinache
par Kamel Daoud
Le FNA sera le premier parti algérien dès 2012. Le FLN est incontournable, indépassable et impossible à renvoyer chez lui. Le RND est inévitable depuis sa naissance. Saïd va créer un parti qui existe déjà. C'est Belkhadem qui parle, ou Ouyahia ou Moussa Touati ou votre voisin que vous n'aimez pas. Se sont ces déclarations qui font la vie politique molle du pays et que les journaux reprennent dans le désordre de la paresse un peu chaque matin, faute de pouvoir parler du réel sans prendre les armes ou occuper les rues d'Alger. Pourquoi en reparler ce matin ? Parce que ce genre de phrases exprime de plus en plus l'inflation du discours politique ambiant. Le Pouvoir étant concentré là où l'on sait, il ne reste aux meubles parlant de notre « scène » que cette surenchère oratoire que les femmes d'autrefois savent être née de l'enfermement et du manque de pouvoir et de l'attente des noces. par Kamel Daoud
La seconde raison, encore plus sérieuse, est que cette collection matinale de phrases qui ne veulent plus rien dire depuis longtemps, exprime l'incapacité du pays à produire des leaders, selon un ami du chroniqueur. Aujourd'hui, nous n'en avons plus et cela permet d'installer avec confort l'argument que l'on devine : « si ce n'est pas Bouteflika, c'est le vide ». Ou le chaos. L'Algérie ne produit plus de leaders parce qu'on ne le lui permet pas et parce qu'elle ne possède plus d'institutions qui produisent des leaders nationaux. Le maquis de la guerre en a donné une génération, l'ANP en a produit quelques-uns mais, depuis, rien. Que des Youyou et des danseuses et des maladies de prostate. Pour affirmer une expression collective, il ne reste que le repli dur sur les archaïsmes d'autrefois : la représentativité tribale ou régionale, la violence des gangs, l'amazighité exclusive, le Clan saisonnier ou lacooptation en boucle. D'où ce spectacle national, terrifiant par son vide central, de SG de partis affolés par l'apesanteur, entre autres. Ni l'armée, ni l'Université, ni les syndicats, ni les institutions élues, ni même l'argent du marché libre n'ont abouti à nous produire des chefs, des leaders. Il ne restera alors, par logique du vide insupportable, que l'islamisme : c'est là que vont naître les futurs leaders désastreux des prochains cycles menstruels des pouvoirs. Une autre piste se dessine aussi : celle des gardiens sauvages des parkings qui ont compris que la légitimité est celle du bâton pas celle de l'urne. On peut en rire aujourd'hui et il faut le faire tant qu'il est encore temps. Un Obama algérien aurait fini chef de Daïra à Tinerkouk. Un Emir Abd El-Kader aurait choisi de placer ses fils dans le rond à béton plutôt que refonder un Etat à partir d'un cheval. Un Belkhadem aurait continué à êtreinstituteur dans un monde plus grec. La wilaya de Tiaret n'aurait jamais permis à Hadjar de nous représenter en Egypte avec un tatouage.
Source :Le Quotidien d'Oran .
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