Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Gordon Brown sauve sa tête en Grande-Bretagne

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Gordon Brown sauve sa tête en Grande-Bretagne

    Au terme de ce qui a dû être l’une des pires semaines de sa vie politique, Gordon Brown a sauvé sa peau. Pour l’instant, du moins. Les parlementaires travaillistes "rebelles" qui souhaitaient le départ du premier ministre, et la nomination d’un nouveau candidat du Labour pour les prochaines élections législatives prévues d’ici à un an, ont dû renoncer à leur projet.

    Lors de la réunion hebdomadaire des députés travaillistes, qui s’est tenue à Westminster lundi 8 juin en fin de journée, et à laquelle assistait M. Brown, ils n’ont pas été en mesure de rassembler suffisamment de soutiens à leur cause. Il aurait fallu qu’ils représentent au moins 20 % des élus travaillistes, soit 72 députés, pour que le parti remette le poste de leader aux enchères.

    La débâcle du Labour aux élections européennes a, d’une certaine manière, aidé Gordon Brown. Le parti travailliste a certes subi une terrible humiliation en arrivant en troisième position avec 15,8 % des voix sur l’ensemble du Royaume-Uni, derrière les conservateurs (27,5 %) et l’UK Independence Party (UKip, 16,6 %) qui veut sortir son pays de l’Union européenne.

    MENACES

    Mais cette déroute électorale, qui a ouvert les portes du Parlement de Strasbourg au British National Party d’extrême droite, a plus fait peur aux députés qu’elle ne les a incités au changement. Comme le leur ont martelé les lieutenants de M. Brown ces dernières heures, le choix d’un nouveau candidat travailliste se serait accompagné d’une élection anticipée. Et, dans le contexte actuel, celle-ci avait de fortes chances d’être désastreuse…

    Ce n’est pas le seul argument que Downing Street a utilisé pour calmer des parlementaires à cran. Les "whips" - chargés de faire respecter la discipline du parti à Westminster – ont su trouver les mots qui calment, notamment en menaçant les plus contestataires de ne pas avoir de soutien du Cabinet lors de la campagne des prochaines législatives. Et parmi les plus hésitants, certains se sont vu offrir un poste de junior dans le gouvernement de M. Brown, ce qui a eu pour effet immédiat de lever leurs doutes.

    M. Brown a par ailleurs reculé sur l’un des dossiers les plus contestés au Parlement : la privatisation partielle de Royal Mail, la poste britannique. Alors qu’il persistait, il y a encore quelques jours, dans son projet malgré l’opposition affichée d’une centaine de députés, il a reporté l’opération, arguant que les prix offerts étaient pour l’heure trop bas.

    AGIR "DE MANIÈRE PLUS COLLECTIVE"

    Le premier ministre pourrait également répondre à une autre demande des élus travaillistes, qu’il s’est toujours refusé à satisfaire jusqu’ici : dévoiler les discussions qui ont eu lieu au gouvernement du temps de Tony Blair quand la décision a été prise d’envoyer les troupes britanniques en Irak. Les parlementaires, qui en ont énormément voulu à M. Blair de leur avoir menti sur les motivations de la guerre, veulent savoir dans quelle mesure le Cabinet était conscient de la manipulation.

    Enfin, le premier ministre s’est engagé, lundi soir, à être plus présent au Parlement et à mieux prendre en compte l’avis des députés, alors qu’ils ont de plus en plus le sentiment d’être à la botte de l’exécutif. Il a promis de s’amender - "j’ai mes forces et mes faiblesses", a-t-il reconnu – et d’agir à l’avenir "de manière plus collective".

    On peut se demander dans ce contexte si le gouvernement n’est pas menacé d’immobilisme dans les mois qui s’annoncent d’ici aux élections législatives. Il sera difficile à M. Brown de faire passer des réformes qui ne seraient pas totalement consensuelles au sein du Labour. Ce qui de facto en exclut beaucoup alors que le prisme des courants travaillistes est large.

    M. Brown a déjà dû renoncer au remaniement ministériel dont il rêvait, de peur de faire naître de nouveaux opposants dans ses rangs. Et se contenter de modifications à la marge qui n’ont vu aucun des plus grands maroquins de Whitehall changer de mains. Il lui faut désormais gouverner en s’assurant de ne faire aucune vague à Westminster. Le premier ministre a sauvé sa peau. Mais il a abandonné une large part de son pouvoir.

    source : Le Monde
Chargement...
X