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Le Hezbollah va continuer à peser au Liban

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  • Le Hezbollah va continuer à peser au Liban

    Pour le politologue libanais Karam Karam, auteur de l'ouvrage Le mouvement civil au Liban, "les principales lignes de clivages persistent entre majorité et opposition" au lendemain des élections.

    Comment expliquez-vous la défaite politique du Hezbollah et de ses alliés chrétiens aux élections législtaives ?

    Karam Karam : Le système constitutionnel libanais partage le pouvoir entre les différentes communautés chrétiennes et musulmanes. Le président est toujours maronite, le premier ministre sunnite et le président du parlement chiite. Au sein de la chambre, le nombre de sièges est également réparti selon un système similaire, en fonction des confessions. Chaque communauté est représentée par plusieurs partis et la constitution d'une majorité passe donc inévitablement par la conclusion d'alliances. Dans ce contexte, le Hezbollah chiite et ses alliés chrétiens n'ont pas remporté les élections parce que les principales batailles électorales se sont tenues dans les circonscriptions chrétiennes où les alliés du Parti de Dieu [essentiellement les listes de Michel Aoun] n'ont pas réussi à étendre leur influence.

    Qu'est-ce que la victoire du 14-Mars change sur la scène politique libanaise ?

    A vrai dire, pas grand chose. Face à des dossiers comme la position du Liban sur l'échiquier régional et le rôle du Hezbollah, les principales lignes de clivage persistent entre majorité et opposition. D'un côté, la coalition du 14-Mars cherche à sortir le Liban de la ligne de front avec Israël, quitte à conclure une sorte de trêve avec l'Etat juif. De l'autre, l'alliance du 8-Mars, Hezbollah en tête, se refuse au moindre compromis tant qu'Israël violera la souveraineté aérienne, terrestre et maritime de l'Etat libanais et que le différend des fermes de Chebaa ne sera pas réglé [Israël a pris le contrôle de ce secteur lors de la guerre israélo-arabe de 1967 et considère qu'elle fait partie intégrante du plateau syrien du Golan, annexé en 1981]. Dans un tel contexte, pas question pour le Hezbollah de déposer les armes. L'accord signé à Doha entre les différentes factions politiques libanaises après les affrontements de mai 2008 a redéfini un statu quo. Il sera observé jusqu'à nouvel ordre et les élections législatives n'y changent rien.

    Quelle marge de manœuvre reste-t-il au Hezbollah ?

    Le Hezbollah a perdu trois sièges, mais il peut compter sur ses alliés pour peser face à la majorité. Ce qui intéresse le Parti de Dieu, c'est de contrôler le pouvoir, pas de le dominer. Avec le statu quo évoqué précédemment, sa légitimité politique et son rôle en tant que force armée ne sont pas directement remis en cause. Reste à savoir la place qu'il occupera avec ses alliés dans le prochain gouvernement. Jusqu'à maintenant, il disposait d'une minorité de blocage, lui permettant d'entraver la poursuite de certaines politiques. Il n'est pas dit que les négociations pour la formation du nouveau gouvernement aboutissent aux mêmes équilibres.

    Si les clivages politiques persistent entre majorité et opposition, pensez-vous qu'il y a toujours des risques de confrontation violente ?


    D'abord, les élections se sont déroulées dans le calme. Mis à part quelques accrochages ça et là, les partis ont fait campagne dans un climat assez pacifié. Pour l'instant, presque tous les leaders politiques de la majorité et de l'opposition ont reconnu les résultats des élections. Les gagnants jouent l'apaisement, mais il n'est pas dit que ça dure. Il faut attendre les négociations pour la formation du nouveau gouvernement. Les discussions sont censées durer un mois, mais elles pourraient tout autant s'éterniser.

    Propos recueillis par Elise Barthet

    Le Monde
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