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L'administration Obama renonce à limiter les salaires des patrons financiers

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  • L'administration Obama renonce à limiter les salaires des patrons financiers

    Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a renoncé, le 10 juin, à proposer aux élus une législation posant de manière restrictive des limites à la rémunération des patrons et hauts cadres des sociétés financières. La veille, il avait autorisé dix grandes banques américaines à rembourser par anticipation 68 milliards de dollars (48 milliards d'euros) reçus de l'Etat fédéral pour les prémunir d'un défaut de liquidités en cas d'aggravation de la crise. M. Geithner, depuis sa nomination au Trésor, est soupçonné par la gauche démocrate d'être "l'homme de Wall Street" à la Maison Blanche. Ces deux décisions, prises coup sur coup vont renforcer ce sentiment.

    En remboursant leurs prêts et en échappant ainsi à la tutelle publique, ces banques bénéficiaires du TARP (le plan de sauvetage financier) voulaient éviter de se voir imposer une législation contraignante sur les rémunérations de leurs dirigeants. Mercredi, M. Geithner a souhaité lever les doutes pour tout le secteur. Washington, a-t-il expliqué, ne veut pas "restreindre les émoluments" des patrons, pas plus "imposer des directives précises sur la manière dont les firmes mettent en oeuvre leurs politiques de rémunération". En revanche, le Trésor a désigné l'avocat Kenneth Feinberg, "tsar" des entreprises, pour superviser les salaires et les primes des patrons de sociétés ayant bénéficié d'une aide exceptionnelle de l'Etat.

    Ayant constaté que la dérive des rémunérations avait "contribué" à la prise de risque irrationnelle qui avait mené à la crise financière, M. Geithner a néanmoins annoncé que son gouvernement proposerait aux élus un projet de loi allouant aux actionnaires des entreprises leur "mot à dire sur les paiements" (say on pay). Si la loi est votée, les actionnaires devront désormais être consultés avant de fixer la rémunération des patrons.

    LE SENS DE L'ÉTHIQUE

    Leur consultation n'aura cependant pas force de décision. Mais l'administration Obama espère, en rendant le processus de rémunération des patrons plus "transparent", raffermir le sens de l'éthique des bénéficiaires. Par ailleurs, des "principes" devraient garantir aux comités des rémunérations des entreprises une plus grande indépendance.

    La Maison Blanche renvoie ainsi aux oubliettes les propos qu'avaient tenus plusieurs de ses représentants en février, M. Geithner inclus. Comme par exemple, celle de limiter à un demi-million de dollars les revenus du PDG d'une institution bénéficiant d'une "aide publique exceptionnelle".

    Ou encore l'idée d'encadrer juridiquement le versement des stock-options et de n'autoriser leur rétribution qu'une fois la dette de l'entreprise remboursée à l'Etat. Pour le reste, le Trésor espère que les dirigeants des organismes financiers sauront retenir la leçon de leur frayeur passée et adopteront à l'avenir "une gestion saine du risque". En particulier qu'ils lieront plus directement leurs émoluments, primes et parachutes dorés aux résultats obtenus sous leur action.

    Sylvain Cypel (Le Monde)
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