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quand le vainqueur est conquis par la cuture du vaincu

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  • quand le vainqueur est conquis par la cuture du vaincu

    La Grèce – pays montagneux d’une superficie d’environ 132 000 km2 --avait toujours occupé une place à part chez les Romains de manière au demeurant particulière.
    Un pays à la civilisation brillante
    En effet, d'un côté, les Romains se sentaient supérieurs aux Grecs parce qu'ils avaient toujours eu le dessus dans les guerres qui eurent lieu entre les deux puissances européennes antiques. Mais, cela ne les empêchait de les admirer, d'un autre côté, et profondément encore la culture hellène, à laquelle ils empruntèrent énormément. Certains historiens sont allés jusqu’à considérer la civilisation romaine comme un simple «appendice» de celle des Grecs. Le pays des Grecs avait connu les premiers signes civilisationnels au tout début du IIe millénaire avant l’ère chrétienne, durant lequel la civilisation minoenne avait connu un essor certain.
    A partir de cette date, le territoire vit le déferlement de peuples indo-européens comme les Ioniens et les Achéens. Ces derniers avaient dominé l’île de Crète et les rivages de l’Asie Mineure constituant de nombreux royaumes à la brillante civilisation. Ce fut à cette époque qu’eut lieu, certainement, la fameuse guerre de Troie que les Grecs gagnèrent en détruisant leur rivale.
    Les grandes périodes historiques
    A partir du XIIe siècle, la Grèce enregistra l’arrivée des Doriens (qui apportèrent le fer) qui éliminèrent les Achéens en les acculant à la soumission ou à la fuite vers les îles de la mer Egée ou en direction des contrées de l’ouest de l’Asie.
    Au cours de la période suivante, un nombre important de cités rivales (ou polis) vit le jour. C’était de petits Etats rivaux, jaloux de leur indépendance et guerroyant sans cesse entre eux pour la suprématie locale.
    A partir du VIIIe siècle, les Grecs, que ce soit d’Asie ou du continent européen, se lancèrent à la conquête de la mer et à la fondation de très nombreuses colonies autour du Bassin méditerranéen. Ils se heurtèrent surtout aux Phéniciens qu’ils refoulèrent momentanément et purent fonder des comptoirs maritimes en mer Noire, en Egypte, en Libye, au sud de l’Italie, de la Gaule et arrivèrent en Hispanie.
    Athènes, cette ville au passé brillant, devient, alors, le principal centre de civilisation, de colonie, de politique et de guerre. Certes, elle avait une rivale qui se trouvait un peu plus au sud, dans la presqu’île du Pélopponèse, la fameuse cité guerrière, Sparte (ou Lacédémone).
    Cette dernière est parvenue même à acquérir une certaine hégémonie dans le pays grec, mais la guerre qui opposa les Grecs aux Perses – conflit appelé les Guerres médiques – au Ve siècle avant J. –C. avait cimenté la cohésion entre les Etats-cité grecs pour une certaine période, ce qui leur permit d’en sortir vainqueurs en battant l’empire perse.
    Par la suite, Athènes est parvenue à recouvrer la suprématie, dirigea les autres Etats à sa guise, avant de tomber, à son tour, aux mains des Macédoniens de Philippe II (382-356 av. J.-C.) et de son célèbre fils, Alexandre le Grand (356-322 av. J.-C.). Entre-temps et durant la période suivante, une nouvelle civilisation dite «hellénistique» étendit la langue et la culture grecque dans toute la région méditerranéenne et en Orient. La Grèce demeura sous la tutelle des héritiers d’Alexandre de Macédoine jusqu’à ce que les Romains viennent pour la conquérir à leur tour à partir du milieu du IIe siècle av. J. -C.
    La conquête de la Grèce : une entreprise difficile
    Un long processus avait permis aux Romains d'achever la conquête difficile du pays. En effet, en 215 avant J.-C., le roi de Macédoine, Philippe V, contracta une alliance avec Hannibal, le général carthaginois, héros de la IIe guerre Punique, contre la République romaine. En 201, Rhodes et Pergame, en conflit avec le souverain macédonien, demandèrent et obtinrent l'appui de Rome qui s’empressa d’y répondre. Une armée romaine débarqua dans les Balkans, remporta la victoire des Cynoscéphales en -197. Officiellement, Rome proclama la «liberté de la Grèce». En réalité, elle avait pris pied dans cette région ; les commerçants italiens suivirent rapidement les généraux et les diplomates, mais ils arrivèrent en bien plus grand nombre. Purtant, ce pays était dans un monde en crise qui était divisé, d’ailleurs, politiquement.
    Au nord, la monarchie macédonienne était en proie à de multiples conflits avec ses voisins immédiats : Illyriens, Épirotes, Thessaliens… ainsi qu'avec les autres grandes dynasties issues de la conquête d'Alexandre le Grand : Lagides en Égypte, Séleucides en Syrie et Attalides à Pergame.
    Au sud, les cités s'étaient groupées en ligues, comme celle du Péloponnèse au sud. Dans chacune d'elles, s'opposaient les partisans et les adversaires de la Macédoine, les tenants de la démocratie et ceux de l'oligarchie. De plus, la lutte politique était accentuée par une mauvaise situation économique et sociale. Un véritable problème démographique accompagnait une ruine générale du pays. De la Grèce, de jeunes gens pauvres s'enrôlaient comme mercenaires là où ils trouvaient un employeur potentiel.
    La conquête par les légions romaines ainsi que la prise de contrôle de la Grèce se fit par à-coups et au gré des circonstances mais elles furent réalisées totalement.
    En -192, le roi de Syrie, Antiochus, se tourna vers l'ouest de l’Europe mais se heurta à Rome. Vaincu, il dut accepter, en -188, la paix qui laissait à Rome les mains libres, dans la région. En -172, Persée, le nouveau roi de Macédoine, voulut entrer en guerre contre la puissante Rome. Le consul romain Paul-Émile l'écrasa à Pydna en -168. L’année suivante, à l'initiative d'un certain patriote grec, la Macédoine se souleva contre la présence romaine.
    La réaction fut rude et dans le nord comme dans le sud, jusqu'à ce que le général envoyé par le Sénat, Mummius, prit Corinthe qu'il livra au pillage (-146). Le Sénat décida, alors, que la Macédoine serait réduite au statut de simple province.
    Le sud de la Grèce fut divisé : une partie devint propriété du peuple romain (ager publicus), le reste fut laissé aux cités grecques, dont quelques-unes conservèrent une certaine liberté. Mais toutes se dotèrent de régimes aristocratiques, favorables à Rome. Entre les appétits des gouverneurs et la rapacité des marchands italiens, le pays ne vit pas la moindre amélioration de sa situation économique. Quand Mithridate, roi du Pont, chercha à chasser les Romains de la Méditerranée orientale, il trouva des appuis en Grèce (88-66) mais finit par être vaincu. En 27 avant J.-C., Auguste, fondateur de l'Empire romain, divisa la Grèce en deux provinces : la Macédoine, avec pour capitale Thessalonique (Salonique) au nord, et l'Achaïe au sud. Il laissa la gestion au Sénat mais il veilla, ici comme ailleurs, à ce que les gouverneurs, appelés proconsuls, fussent honnêtes. La défense de ces régions fut assurée par de nombreuses légions installées dans le pays et les contrées limitrophes.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

  • #2
    suite et fin

    Sous l'Empire, on vit la prospérité économique renaître dans toute la presqu’île grècque et dans ses centaines de terres insulaires de la mer Egée.
    Le retour de la stabilité et de la prospérité
    La Grèce, conquise définitivement par les légions de Rome, la plupart des empereurs et des gouvernants, pour bien montrer qu'ils étaient philhellènes, n'hésitaient pas à aller en Grèce pour s’initier à la religion des mystères.
    Le plus enthousiaste de ces empereurs fut Hadrien (76-138), qui orna Athènes de monuments de prestige, d’un gymnase et d’une bibliothèque, et de temples dédiés aux divinités locales. Certaines cités reçurent des promotions juridiques, ce qui allégeait leurs charges : les cités de Nicopolis, Patras, Philippes, par exemple, devinrent colonies romaines. Corinthe, qui possédait déjà ce statut, reçut un renfort d'habitants.
    Plus tard, les regroupements de cités, appelées ligues, furent autorisés mais évoluèrent dans le sens des intérêts de Rome : pratiquant le culte impérial et passant sous le contrôle des aristocrates et des notables, au service de l’Empire romain.
    Un grand essor économique
    La vie économique, en Grèce, avait connu également une certaine amélioration, quoique lente. La prospérité reposait toujours sur la fameuse «trilogie méditerranéenne» : blé, vigne, olivier, les poètes ajoutant le miel de la province de l'Attique. L'artisanat était en général destiné à la consommation locale et une petite quantité servait à l'exportation.
    L’activité commerciale retrouvait peu à peu son dynamisme.
    La Pax romana, un bon réseau de routes et le développement des domaines impériaux contribuaient au retour d’une relative prospérité dans le pays.
    Malheureusement, cette richesse profitait seulement à une certaine classe de privilégiés, car la majorité de la population, hommes libres et esclaves compris, vivait dans la pauvreté, quoique plus supportable que celle qu'elle avait connue avant l'Empire. Une classe moyenne se recréait, cependant, et la citoyenneté romaine était octroyée en récompense aux plus méritants, surtout chez les riches.
    La culture grecque renaît de ses cendres
    Un exemple parmi les plus célèbre fut un certain Hérode Atticus. Appartenant à une famille modeste de citoyens romains, il a su accroître ses richesses et ses biens en agrandissant ses domaines déjà vastes. Pour éduquer l’un de ses enfants, il lui ramena comme camarades de jeu vingt-quatre esclaves dont chacun reçut pour nom une des lettres de l'alphabet et reçut une pension de la part de l’Etat. On peut expliquer cet avantage par le fait que la vie culturelle avait gardé toute son importance.
    La Grèce était un passage pour ceux qui voulaient acquérir la meilleure culture possible. Il y avait tant d’enseignants et d’étudiants dans cette ville que l'on a parlé parfois d'une «université d'Athènes». La renaissance de la culture grecque avait plusieurs aspects. Symbole de cette nouvelle littérature : Plutarque (50-125), personnalité littéraire incontestable et qui a écrit les Vies parallèles des hommes illustres.
    Citons, également, un ensemble de traités consacrés à la philosophie et à la religion appelé Moralia. Pendant le siècle des empereurs Antonins ( 96-192) – Nerva, Trajan, Hadrien, Marc Aurèle -- un brillant mouvement littéraire, domina la vie culturelle du monde antique.
    Religions païennes traditionnelles et naissance du christianisme
    Les croyances religieuses sous la domination romaine continuèrent à occuper une place importante dans la vie sociale et en politique. Les divinités romaines reçurent une place particulière, surtout Jupiter, Junon et Minerve alors que le culte impérial était suivi par les élites sociales, qui n'oubliaient pas leurs devoirs envers les empereurs et les gouvernants latins et la prospérité et paix sociale garanties par le pouvoir latin. On y croyait toujours en les divinités orientales traditionnelles et connues depuis longtemps. Avec le temps, les pensées monothéistes se répandirent peu à peu ici plus qu'ailleurs. Il existait aussi une communauté juive plus ou moins importante à Corinthe, à Philippes, en Thessalonique, et à Athènes. Le christianisme fut répandu surtout par saint Paul qui, le premier, vint l'annoncer en terre grecque vers 54 de l’ère chrétienne.
    La Grèce byzantine
    Alors qu’une certaine stabilité caractérisait la presqu’île, un coup de tonnerre inattendu éclata : en 170, des barbares, venus du nord, franchirent le Danube et mirent la Grèce à sac, signe préliminaire d’une grave crise qui se généralisa dans l'empire romain à partir du IIIe siècle. Les invasions des Goths, des Huns, des Vandales et d’autres tribus slaves ou germaniques entraînèrent la ruine des territoires de Rome, l'instabilité politique, l'appauvrissement et une certaine angoisse devant l'avenir inconnu.
    A la fin du IIIe siècle et au début du IVe, une décentralisation du pouvoir est amorcée par Diolectien (245-313) qui rétablit la situation même de manière précaire. Cet empereur divisa la Grèce en plusieurs provinces : Épire nouvelle à l'est, Épire ancienne à l'ouest, Macédoine au nord, Thessalie au centre et Achaïe au sud. Les gouverneurs perdirent un peu de leurs fonctions, se contentant d’un certain pouvoir (juges).
    Des troupes de soldats furent installées dans les grandes villes. Enfin, les cités eurent toutes le même modèle. La Grèce, sous l’empereur Constantin le Grand (277-337) – celui-là même qui donna son nom à notre Cirta (Constantine) --, devint une préfecture du prétoire, regroupement de provinces. La prospérité revint et la fondation de Constantinople (ex. Byzance) démontre que le Bassin méditerranéen oriental était sur le point de revivre un nouvel essor économique et culturel.
    Lentement, l'Orient romain devint l'Orient byzantin aboutissant, désormais, à une nouvelle période de l'histoire de la Grèce au passé brillant.

    Article paru dans la Nouvelle République. Par Rachid Mihoubi.
    Dernière modification par Zakia, 14 juin 2009, 08h27.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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