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Les milliards du football algérien

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  • Les milliards du football algérien

    Des sommes astronomiques injectées chaque année dans le sport-roi en Algérie

    La saison à peine achevée que les enchères redémarrent. 1,2 milliard d’un côté, deux milliards, trois milliards... de l’autre, des offres dépassant l’entendement.
    «La corruption et le business ont gangrené le sport», affirmait le Président Abdelaziz Bouteflika au mois de mars dernier à partir de Sétif où il animait une rencontre de proximité avec la famille sportive nationale.

    Voulant mettre fin au règne des mercantilistes de ce secteur, le chef de l’Etat ajoutait : «Ceux qui veulent gagner de l’argent, qu’ils s’adonnent au commerce. La dignité de l’Algérie n’est pas dans les marchés.» Et pourtant. De nos jours, alors que les signaux de l’économie nationale sont au rouge, les clubs déficitaires, l’argent coule à flots dans le football national.

    Encore une fois, l’été footballistique risque d’être riche en événements pas forcément en exploits mais en faisant résonner les sous. D’ailleurs, la saison à peine achevée que les enchères redémarrent. C’est la chasse à l’oiseau rare. 1,2 milliard d’un côté, deux milliards, trois milliards... de l’autre, des offres dépassant l’entendement.

    Des salaires atteignant parfois ceux des députés mais dépassant le plus souvent ceux des chercheurs au moment où l’Etat tergiverse à augmenter le salaire des travailleurs. Pas de chèques, pas de comptes bancaires, tout se paie en liquide. Quotidiennement les manchettes de journaux spécialisés affichent des chiffres les uns plus fous que les autres. Tout se vend, tout s’achète.

    De l’arbitre, qui vous offre un penalty imaginaire, au joueur de l’équipe adverse, qui lève le pied, en passant par l’agent qui vous refile une info sur tel joueur boiteux ou tel autre sous la menace d’une suspension.

    L’argent coule à flots, le plus souvent celui du contribuable qui s’envole non pas en investissements productifs ou pour le développement, mais pour payer des primes de signature des stars de pacotille.

    Mais d’où vient justement cet argent ? Est-il contrôlé? Le Fisc s’intéresse-t-il au football ? Qui dirige, qui dicte les lois ? Qui finance réellement ? D’où vient cet argent dans un pays où la pauvreté est cruellement présente ? Comment parvient-on à attirer des joueurs aux salaires faramineux ? Le football est inondé par de l’argent plus ou moins propre.

    En France, la Dngc (Direction nationale du gestion et de contrôle) veille à la solvabilité et au respect des règlements. A la fin de chaque saison, la Dngc examine les comptes de tous les clubs pros. En Algérie, cette structure est inexistante.

    C’est à se demander pourquoi les pouvoirs publics n’ont jamais songé à exiger des clubs un budget prévisionnel comme cela se fait partout dans le monde où le football est un « business » organisé. En France, un club pro ne peut être subventionné par la municipalité.

    En Algérie, les clubs reçoivent d’énormes subventions aussi bien des APW que des APC en dépit du fait que la majorité des APC soient endettées. Et qui dit argent, sous-entend détournement. Et face aux déficits qui se creusent dans les comptes des clubs qui n’hésitent pas, paradoxalement, à programmer des stages d’intersaison à l’étranger, c’est la qualité technique du footballeur qui finit par en pâtir.

    Dans la plupart des clubs, l’océan de dettes sur lequel navigue l’équipe fanion a une conséquence directe sur la formation des jeunes. Leur prise en charge est sommaire. Il faut bien faire des économies quelque part. En Algérie, il n’existe pas de barrière qui puisse inciter les clubs à savoir raison garder. Le scandale du Calcio et les sanctions encourues contre quatre clubs majeurs du football italien sont encore vivaces.

    Dans toute l’Europe, de nombreux transferts douteux sont opérés et les clubs n’hésitent pas à utiliser des « astuces » pour ne pas s’acquitter de leurs impôts. Mais il y a toujours un retour de manivelle et les clubs fautifs doivent payer.

    En Algérie, la méthode est importée et même développée, mais sans autres conséquences sur les clubs qui trichent. Dans l’ignorance de ce qui se trame en coulisses, supporters, téléspectateurs, continuent à alimenter la pompe à fric qui irrigue le foot business et salit le beau jeu.

    Les flux financiers sont trop importants pour espérer que le sport reste propre. Entre la beauté du sport et la beauté du portefeuille, entre l’amour du maillot et l’amour des gros chèques, entre un match perdu dignement et un match gagné en trichant, entre être impartial ou avantageux, le choix est dicté par les mercantilistes qui imposent les règles du jeu à onze.

    - El Watan
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