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Nicolas Sarkozy hué de Dakar à Libreville

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  • Nicolas Sarkozy hué de Dakar à Libreville

    «On ne veut plus de vous, la France est ingrate. Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné. La France, si elle est ce qu’elle est, c’est grâce au Gabon, on ne veut plus de tout ça.»

    La tirade est d’un partisan du défunt Omar Bongo, criée en plein cimetière à l’adresse du président français Nicolas Sarkozy venu assister aux funérailles du désormais ex-chef d’Etat du Gabon.

    Il faut dire que, ces derniers jours, le clan Bongo a eu de quoi nourrir une certaine rancœur vis-à-vis de la France jadis chérie. D’abord, il y a cette justice parisienne qui s’est acharnée contre Omar Bongo, très malade mais à qui les juges français demandaient des explications sur l’origine de ses biens acquis pourtant depuis de nombreuses années, au vu et au su des autorités françaises, quand les relations étaient plus clémentes entre les deux pays.

    Puis, il y a eu ces médias, français toujours, qui ont osé annoncer la mort du président gabonais alors que ce dernier était toujours en vie. C’est donc une série de maladresses politiques que semble reprocher l’entourage de feu Omar Bongo à la France sarkozyste qui a voulu s’émanciper d’une «Françafrique» qu’elle s’est évertuée à construire sur mille et un artifices au bénéfice du copinage, de l’intérêt immédiat, du pillage autorisé et à peine masqué des ressources locales après des décennies de colonialisme pur et dur.

    Les amours contre nature sont, ainsi, fragiles, vouées à des fins tragiques où la honte vient compliquer la peine. On a donc enterré un chef d’Etat à Libreville en jetant aussi quelques pelles de terre sur une politique française en Afrique qui n’aura pas su relever le défi de traiter les Africains comme des peuples capables d’écrire leur histoire.

    Le discours du président Sarkozy, déjà hué à Dakar en 2007, avait sonné ce jour-là comme un aveu. L’aveu de l’incapacité pour la France de défendre autre chose que ses intérêts sur notre continent. Au risque de perdre les derniers alliés qui lui restent fidèles lors de quelques funérailles.

    Jeune Indépendant

  • #2
    Du pain béni pour les chinois, et autres malaisiens !!
    Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

    Commentaire


    • #3
      Du pain béni pour les chinois, et autres malaisiens !!

      ..................................

      Grâce aux écrits des gauchistes (caviars)français de la 25 ieme heures.

      Commentaire


      • #4
        Sarkozy sifflé à Libreville : la revanche de la Françafrique

        Décryptage.

        Nicolas Sarkozy n'a vraiment pas de chance avec l'Afrique. Sans doute n'a-t-il pas cherché à comprendre le continent noir, et il aura raté chacun de ses rendez-vous africains. Les sifflets et les cris « On ne veut plus de vous, partez ! » -une forme finalement polie de « casse-toi pov con“-, qui l'ont accueilli mardi à Libreville où il venait assister aux funérailles d'Omar Bongo, ne sont que le dernier signe d'un ratage historique.

        Paradoxalement, ce sont les partisans du Président défunt qui s'en sont pris au président français, puisque ce sont des Gabonais triés sur le volet qui avaient été autorisés dans l'enceinte du Palais présidentiel à l'occasion de ces funérailles nationales. L'un d'eux a même expliqué, sous couvert de l'anonymat, à un journaliste de l'AFP présent :

        « On n'en veut plus de vous, la France est ingrate. Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné. La France, si elle est ce qu'elle est, c'est grâce au Gabon, on ne veut plus de tout ça. »


        Et, pour éviter tout malentendu, l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Roisin, a enfoncé le clou auprès des journalistes :

        « Ce n'est pas la personne du Président qu'on huait (…), c'est l'image qu'on a donnée de ce pays (le Gabon), la nouvelle du décès annoncée de façon prématurée, cela a été très mal ressenti. »


        Les membres du clan du président gabonais ont évidemment très mal pris les déboires d'Omar Bongo avec la justice française, qui s'intéressait de trop près à ses ‘biens mal acquis’, ces résidences de luxe à son nom ou celui de sa famille dispersées à travers la France. Et ils ont mal vécu l'annonce prématurée de sa mort par un média français. (Ecouter le son d'Europe1)


        Mais plus généralement, Nicolas Sarkozy paye son louvoiement vis-à-vis de la Françafrique. Contrairement à tous ses prédécesseurs à la tête de l'Etat depuis De Gaulle, Sarkozy n'a pas d'histoire africaine, ne peut être affublé de l'appellation d'Africain comme ‘Mitterrand l'Africain’ ou ‘Chirac l'Africain’, dont raffolent les griots. Pas de pagnes à son effigie, pas de copinage excessif. Sauf que…

        Sauf que, cette absence de culture africaine lui a joué des tours. Dans la ligne droite qui l'a conduit à l'élection présidentielle, on a pu voir Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, courtiser Omar Bongo, le plus vieux chef d'Etat en exercice du continent africain et pilier s'il en est de la Françafrique, comme le montre ce savoureux extrait d'un journal télévisé gabonais dont on ne se lasse pas… (Voir la vidéo)


        Mais c'est le même Nicolas Sarkozy qui, durant la campagne électorale, s'est engagé à rompre avec la politique des réseaux et de la connivence qui ont caractérisé les relations entre l'establishment français et celui de ses anciennes colonies d'Afrique sub-saharienne. Un discours audacieux, qui laissait augurer une possible ère nouvelle.

        Hélas, d'ère nouvelle il n'y eut pas. On retrouva le président nouvellement élu sur le yacht de Vincent Bolloré, dont les intérêts en Afrique sont multiples et dépendent beaucoup des vieux réseaux de la Françafrique ; on retrouva le nouveau président en train de décorer discrètement Robert Bourgi, l'héritier des réseaux et le digne continuateur de l'œuvre de Jacques Foccart, le monsieur Afrique de De Gaulle et un temps de Chirac ; on retrouva aussi le nouvel élu à Libreville pour sa première tournée africaine, comme il se doit dans la meilleure continuité.

        Mais il ne s'agit pas seulement de reniement de promesse électorale. Il y a surtout une absence de politique claire. On a suffisamment disserté sur l'erreur du discours de Dakar de l'été 2007, rédigé par son conseiller Henri Guaino, pris comme une gifle par de nombreux Africains pour sa référence à ‘l'homme africain [qui] n'est pas entré dans l'histoire’. Le coup de grâce est venu lundi soir, avec l'interview de Jacques Chirac sur France5, qui s'est livré à une rare pique contre son successeur en soulignant que ‘l'homme africain’ est non seulement entré dans l'histoire, mais qu'il y fut le premier !

        On n'oubliera pas non plus le limogeage de Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d'Etat à la coopération, sur injonction d'Omar Bongo, après avoir annoncé de manière suicidaire dans Le Monde qu'il entendait signer ‘l'acte de décès de la Françafrique’. C'est sa placardisation à lui qui a, au contraire, été scellée, suivie d'une humiliante visite de Claude Géant, le Secrétaire général de l'Elysée, auprès du ‘doyen’ gabonais offensé, suivi du pâle successeur de Bockel, Alain Joyandet. Une incroyable séquence de Canal+ a immortalisé ce voyage à Canossa/Libreville.

        Prisonnier des fils encore noués de la Françafrique, Nicolas Sarkozy a louvoyé pendant deux ans, restant pour une partie des Africains l'homme du discours de Dakar, pour d'autres le continuateur de la Françafrique ou l'homme qui n'aura pas su trancher dans le vif, dans un sens ou dans l'autre, tant les intérêts de ses proches et le poids de l'histoire restent forts.

        Mais surtout, Nicolas Sarkozy restera hélas comme l'homme qui n'aura pas su donner un nouveau départ aux relations franco-africaines, qui ont pourtant tant besoin d'être rénovées et relancées sur de nouvelles bases, pour le bien des Français autant que des Africains. Les sifflets paradoxaux de Libreville n'en sont que la pathétique illustration.

        Par Pierre Haski | Rue89 |


        © Copyright Rue 89

        Commentaire


        • #5
          «La France devrait promouvoir la bonne gouvernance en Afrique»

          Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac assistent aux funérailles du président gabonais. Olivier Thimonier, secrétaire général de l'association Survie, qui milite en faveur de l'assainissement des relations franco-africaines, a répondu à vos questions.

          Att. Qu'a représenté Omar Bongo pour la France?

          Olivier Thimonier. Omar Bongo a été pour la France l'un de ses meilleurs agents en Afrique, ancien sous-officier de l'armée française, membre des services secrets français, il a été propulsé à la tête du Gabon, en 1967, par le général de Gaulle, et son éminence grise Jacques Foccart. L'objectif était de maintenir le Gabon sous l'emprise française, avec en ligne de mire l'exploitation du pétrole par Elf.

          Le Gabon de Omar Bongo a également été par la suite une plaque tournante pour de nombreuses interventions françaises sur le continent. Par exemple, durant la guerre du Biafra, au Nigéria, de 1967 à 1970. Dans les tentatives de coups d'Etat contre le président Kérékou, au Bénin, dans les années 70. Ou encore dans le soutien à Denis Sassou Nguesso et à la guerre civile au Congo Brazzaville, en 1997, financé par la France et Elf.

          Firmin. Le président Mitterrand a envoyé des militaires français au Rwanda de 1990 à 1993 afin de soutenir militairement le régime du dictateur Habyarimana. Il l'a fait sans demander l'accord du Parlement, et sans informer les députés. Est-ce qu'une telle situation est toujours possible juridiquement dans notre démocratie?

          Je confirme en effet que le François Mitterrand a, de manière unilatérale et personnelle, décidé d'envoyer des militaires français à la rescousse du régime ethniste de Habyarimana. Aujourd'hui encore, il y a un manque de transparence dans la décision d'envoyer à l'étranger des militaires français. Le seul contrôle du Parlement à ce sujet a lieu, à posteriori d'une telle décision, notamment lorsqu'il s'agit de prolonger des missions militaires supérieures à quatre mois.

          Afin qu'il y ait un meilleur contrôle démocratique sur les interventions françaises en Afrique, il faudrait que le Parlement soit associé à la réflexion d'envoyer des militaires français sur le terrain, et qu'il vote cela.

          ?. Comment expliquer la présence de deux présidents de la république à l'enterrement de Omar Bongo et aucun pour Léopold Senghor?

          La présence de deux présidents français révèle le lien très étroit entre le président Bongo, et plus généralement avec la Cinquième République. C'est une sorte d'hommage qui est rendu au président Bongo, probablement en reconnaissance de tous les services qu'il a pu rendre à la France, notamment, à ces deux présidents-là. C'est aussi une façon pour la France de marquer de manière symbolique le respect d'une certaine confiance, et d'assurer le régime gabonais du soutien français.

          Bongo. Est-ce que Bongo avait pensé à sa succession? qui est pressenti pour lui succèder? Y aura-t-il des élections?

          Il est clair que depuis plusieurs mois la succession se prépare à Libreville, notamment autour de deux principaux personnages: le fils de Omar Bongo, Ali, et sa fille Pascaline.

          Je ne sais pas aujourd'hui s'il y aura des élections organisées - bien que la Constitution gabonaise le prévoit - ni quelle sera l'issue de ces élections, si elles ont lieu. Mais il est clair que le clan au pouvoir à l'intention de s'y maintenir, et cherchera les moyens politiques pour réussir.

          Hadrien. Les Gabonais sont-ils aussi affecté par le décès de leur président, comme nous le montre en boucle les télés?

          Il semble en effet que de nombreux gabonais soient affectés par le décès de Omar Bongo. Malgré cela, nombreux sont ceux qui sont en désaccord avec la manière dont il a géré le pays, ce qui n'enlève probablement pas chez eux un deuil d'un personnage qui a tout de même occupé pendant plus de quarante ans l'espace politique. Aujourd'hui, l'heure est au deuil et au recueillement, et il semble que ce soit la priorité des gabonais, ceci ne doit pas occulter les graves difficultés économiques, sociales, et politiques auxquelles ils ont à faire face, qui sont le résultat d'une gestion catastrophique du pays par Omar Bongo et son entourage.

          Alx. Des militants de la société civile gabonaise furent récemment emprisonnées (Marc Ona il me semble, et des militants de Publish what you pay). Quelle est leur situation actuellement? Que pont-on attendre du nouvel exécutif gabonais quant à leur situation?

          Il faut espérer que la société civile ne soit pas à nouveau l'objet de mesures de répression, de limitation de la liberté d'expression et d'action. Nous verrons dans les jours qui viennent quelles attitudes les autorités politiques gabonaises auront vis-à-vis de ces militants, mais il est clair que ces militants posent problème au régime, qu'il y a fort à penser qu'ils seront à nouveau inquiéter dans l'avenir, ce n'est seulement le système bongo qu'ils dénoncent, pas seulement le chef de l'Etat, mais aussi son entourage.

          Samito. De lourds secrets ne vont-ils pas disparaître dans la tombe de Bongo?

          Oui, il y a de fortes chances, puisque Omar Bongo a trempé dans de multiples affaires, qu'il a rendu de nombreux services à l'ensemble de la classe politique française, il a joué pour la France un rôle de bras droit dans sa politique en Afrique. Il est ainsi au carrefour de tout un tas d'intérêts politiques, économiques, militaires de la France en Afrique.

          Alx. Vincent Bolloré, Christophe de Margerie (Total), Martin Bouygues, ou des représentants de BNP, Air France, Rougier étaient-ils présents à la cérémonie aujourd'hui? Quelle semble être la stratégie de l'exécutif français pour maintenir à ceux qui en avaient une, une place de choix dans l'exploitation des ressources gabonaises?

          La diplomatie française intercède en effet régulièrement auprès des chefs d'Etat africains afin de défendre les intérêts de grands groupes français, et amener les chefs d'Etat africains à accorder des marchés à ces entreprises. En échange de quoi, la diplomatie accorde un soutien politique, diplomatique, financier, (via l'aide publique au développement) voire militaire, à ces régimes. Ce qui contribue à renforcer une certaine stabilité, dont les entreprises françaises ont justement besoin pour travailler.

          A Survie nous considérons cette politique dangereuse, d'une part parce qu'elle n'est pas viable à long terme, et d'une part, parce qu'elle renforce la dictature, encourage à la corruption, la mauvaise gestion des ressources naturelles et, in fine, nuit au développement économique, mais aussi au développement politique des pays concernés. En tant qu'association de citoyens français, Survie demande que la France promeuve au contraire la démocratie, la bonne gouvernance, et les droits de l'homme dans les pays avec lesquels elle coopère. Les droits et les libertés des populations ne doivent pas être sacrifiés sur l'hôtel des intérêts des entreprises françaises en Afrique.

          16/06/09

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