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Les Libanais du Paraguay brillent dans la politique, l’armée et les affaires

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  • Les Libanais du Paraguay brillent dans la politique, l’armée et les affaires

    Malgré la distance entre le Proche-Orient et l’Amérique latine, ce continent, dès l’époque de la « Reconquista » (la Reconquête) au XVe siècle, avait subi l’influence arabe, les premiers colons espagnols et portugais ayant été eux-mêmes influencés par l’occupation arabe de la péninsule ibérique. Libanais, Syriens et Palestiniens ont ainsi trouvé beaucoup de similitudes culturelles, gastronomiques et linguistiques en arrivant dans cette région éloignée du monde.

    L’ambassadeur du Liban Adib Bey Nahas avec des membres
    de la colonie libanaise à Asunción au Paraguay en 1950.


    Un des pays d’Amérique latine sans littoral est le Paraguay, entouré du Brésil, de la Bolivie et de l’Argentine, avec une superficie de 406 750 kilomètres carrés et une population de plus de 7 millions d’habitants. C’est un pays riche par la diversité de son peuple et ses ressources naturelles et touristiques, avec pour capitale Asunción. Pour arriver à ce pays difficile d’accès au XIXe siècle, les émigrés ont dû débarquer dans les ports d’Uruguay et d’Argentine, remontant ensuite les fleuves de la Plata et de Paraná en petites embarcations. D’autres y sont arrivés à cheval ou en train, à partir des ports brésiliens.

    « Les premiers émigrants libanais et leurs descendants au Paraguay » a été le sujet d’une conférence très globale, donnée en espagnol par l’actuel ambassadeur du Liban au Paraguay, M. Farès Eid, diplomate et fin connaisseur de l’Amérique latine, qui se trouve en poste dans ce pays depuis 2004. Cette présentation, accompagnée d’une projection de photos et autres documents, s’est déroulée le mardi 19 février au campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. L’introduction a été faite par l’ambassadeur du Paraguay au Liban, M. Alejandro Hamed Franco, d’origine syrienne, qui a souligné que « les Arabes sont arrivés au XIXe siècle au Paraguay par le même chemin que leurs ancêtres andalous, qui s’étaient mélangés avec la population locale et avaient constitué la base fondamentale de la citoyenneté paraguayenne en développant plusieurs villes ».

    L’ambassadeur Farès Eid a débuté sa conférence en expliquant comment le Paraguay avait « ouvert ses portes et assuré la sécurité et l’opportunité de travail aux émigrés, dont les Libanais qui se sont dispersés sur tout le territoire paraguayen ». « Le premier émigré libanais serait arrivé au Paraguay en 1883 (ou 1893) à Villarrica, a-t-il précisé. Il s’agissait de Simón Mussi (Girala), originaire de Mtein, décédé en 1940 à l’âge de 83 ans. » Les Libanais, comme dans d’autres pays de l’émigration, ont travaillé dans le commerce de « caché » (colporteur) et sont ensuite passés au commerce de gros et à l’industrie. « Les Libanais se sont même installés dans les régions éloignées où ils sont entrés en contact direct avec les Indiens et ont appris leur idiome, « el-guarani », parlant ainsi les deux langues officielles du Paraguay, l’espagnol et le guarani, ce qui a favorisé leur totale adaptation », a-t-il expliqué. Signalons que le Paraguay est l’un des rares pays d’Amérique latine à avoir conservé une langue indi*gène comme langue officielle.
    Deux autres notes significatives ont été introduites par l’ambassadeur du Liban dans son exposé.

    M. Eid a signalé l’importance des caractéristiques espagnole et portugaise donnant à chaque citoyen deux noms de familles distincts, celui de son père et celui de sa mère, ce qui facilite les recherches sur les ascendances. Il a ensuite expliqué qu’à la fin de la Première Guerre mondiale, alors que le Liban et la Syrie étaient passés sous mandat français, le consulat de France à Asunción avait appelé les émigrés venant du Liban à s’enregistrer pour obtenir la nationalité libanaise qui avait alors remplacé l’ottomane, suivant les recommandations du traité de Lausanne qui a reconnu en 1924 le Liban comme nation. Pour rassembler ces émigrés, le consulat français avait compté sur l’aide de plusieurs associations fondées au Paraguay, comme « La Sociedad Siria-Libano de Socorros Mutuos », « La Sociedad Libanesa », etc. Ces fondations n’existent plus aujourd’hui, à part la « Union Libanesa », fondée en 1942 et qui regroupe près de 500 membres

    L’amour du pays

    Peu de Libanais du Paraguay ont pu retourner au Liban, selon l’ambassadeur Eid, mais ils ont cherché à garder les liens avec l’Orient, comme Salim Maluf, émigrant de Zahlé et résidant à la Concepción, qui était abonné à la revue al-Hilal (de Gergi Zeidane). Il recevait ainsi régulièrement, par voie maritime, les numéros de cette revue publiée en Égypte, dont la collection complète a été offerte récemment par son fils Sigfrido Maluf Rosas à la bibliothèque de l’ambassade du Liban à Asunción. Par ailleurs, une revue culturelle, Siria y Libano, a été éditée en espagnol dans la capitale paraguayenne entre 1946 et 1950.

    L’ambassadeur Eid a par ailleurs précisé que les émigrés libanais ont inculqué à leurs enfants non seulement l’amour du Paraguay, mais aussi celui du Liban. « Élie Fadlal, 80 ans, fils de Amin Fadlal Haj Boutros (de Bickfaya) et de Barbara Rokus, m’a raconté son “amour pour le Liban que nous ne connaissons qu’à travers nos parents, un pays en lequel nous avons foi comme nous avons foi en Dieu“ », raconte-t-il. Les émigrés libanais ont aussi fait preuve à plusieurs reprises de leur attachement au Paraguay, plusieurs d’entre eux ayant fait partie de l’armée, participant même à la guerre « Del Chaco » entre le Paraguay et la Bolivie dans les années 30, durant laquelle le lieutenant Raul Buzarquis Real (fils d’un émigrant de Jounieh) est tombé en martyr et a reçu la médaille de « Chaco 35 ».

    D’autres descendants de Libanais sont entrés dans la diplomatie et dans la politique, comme l’ambassadrice Leila Rachid Lichi, ministre des Affaires étrangères du Paraguay de 2003 à 2006, fille de Ali Rachid, originaire de Masiaf en Syrie, et de Adela Lichi Rosas (Ward), née à Bazbina au Akkar (Liban-Nord). Citons également les sénateurs suivants : le Dr Bader Rachid Lichi (frère de la diplomate Leila), Oscar Gonzales Daher, Amado Yambay, les députés Gustavo Mussi, José Chamorro Garcia, Modesto Gabriel Salinas Ale, Oscar Ismael Silvero Ale, ainsi que le fondateur du Parti démocratique chrétien, Luis Alfonso Resk.

    D’autres ont brillé par leur apport culturel au Paraguay, comme l’écrivain Mario Halley Mora, originaire de Nabatiyé, au Liban-Sud, Émina Nasser, originaire du Metn et actuel membre de l’Académie du Paraguay de langue espagnole, le chanteur, guitariste et compositeur en espagnol et en guarani, Quemil Yambay, originaire de Temnin dans la Békaa, et le chanteur et écrivain Oscar Nelson Karim, originaire de Baalbeck.

    Une « nouvelle émigration »

    Notons, en dehors des propos de l’ambassadeur Farès Eid, que la présence au Paraguay de la communauté libanaise est particulièrement marquante de nos jours à Ciudad Del Este, ville au coeur de la « triple frontière » entre le Paraguay, le Brésil et l’Argentine. Située à proximité des fameuses cascades d’Iguazú, cette ville, qui compte plus de 250 000 citoyens, est la deuxième du Paraguay. Elle est composée à 80 % de Libano-Paraguayens, pour la plupart provenant de la nouvelle émigration et originaires du Liban-Sud et de la Békaa. Les émigrés libanais avaient commencé à s’installer à Ciudad Del Este à partir de 1950, à une époque où la ville n’était encore qu’un petit village. Actuellement, c’est une zone franche qui attire des gens de tous les coins d’Amérique latine.

    La ville est spécialisée dans le commerce des dernières innovations technologiques, mais on trouve aussi de tout, comme des narguilés et autres produits libanais. Ce Hong Kong paraguayen rappelant les anciens souks du Liban ressemble à un caravansérail entouré d’immeubles modernes et de grands centres commerciaux. Plusieurs noms arabes y sont présents, comme Barakat, Termos, Reda, Abdallah, Jibai, Taijen… Non loin de là, sur le fleuve Paraná, se trouve un chef-d’oeuvre du monde moderne, le barrage d’Itaipu, véritable prouesse technique du XXe siècle. Ce complexe hydroélectrique permet au Paraguay de produire sa propre énergie et même d’en exporter une partie.

    Quant aux relations diplomatiques entre les deux pays, le premier ambassadeur du Liban au Paraguay, Adib Bey Nahas, a été nommé en 1950 et accrédité en même temps en Argentine. En retour, le Paraguay a ouvert sa mission diplomatique à Beyrouth en 2005, avec pour premier ambassadeur Alejandro Hamed Franco. Si les Libano-Paraguayens sont estimés à environ 200 000 personnes, on compte quelque 300 familles qui sont retournées au pays, dont certains membres maintiennent des affaires commerciales au Paraguay.

    Roberto KHATLAB
    L'Orient le Jour
    Dernière modification par zek, 17 juin 2009, 13h11.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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