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Mochos de Sidon, le découvreur Phénicien de l'atome

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  • Mochos de Sidon, le découvreur Phénicien de l'atome

    Journalistes, écrivains et historiens libanais devraient arrêter de se borner à l’actualité politique locale et régionale. Pour inverser la tendance, ils pourraient alors se plonger dans le passé de leur pays, en y découvrant ou redécouvrant les multiples figures qui ont fait la gloire du Liban d’antan. À partir de ce formidable travail collectif pourrait naître un nouveau fondement pour le Liban futur, à transmettre à nos enfants et à leurs compatriotes à travers le monde.

    C’est dans cette optique que l’historien et chercheur le frère Ildefonse Sarkis a abordé la question de la théorie de l’atome, découverte il y a près de 3 500 ans à Sidon par un illustre homme de sciences et prophète, Mochos (prononcer Mokhos), que le poète Saïd Akl a qualifié ainsi : « Mochos a découvert les lettres de la matière comme Cadmos a découvert les atomes des mots. »

    Cette présentation a eu lieu au cours du dernier dîner de l’association RJLiban à Beyrouth, le vendredi 22 février, au cours duquel l’accent a été mis sur l’importance de la diffusion des connaissances historiques auprès des écoliers libanais, afin de leur donner la chance de correspondre, à partir de ces données, avec des écoliers d’Europe, d’Amérique latine et autres continents. En effet, faire aimer le Liban par ses fils est aujourd’hui une priorité, à un moment où la conjoncture actuelle les pousse une fois de plus à voyager. Mieux connaître leurs ancêtres les rendrait fiers de leur pays et aiderait au rétablissement de la paix en favorisant le retour de descendants de Libanais à travers le monde.

    Un « inconnu sans visage »

    Pionnier des savants du monde, Mochos de Sidon a vécu avant la guerre de Troie, soit au moins 1 200 ans avant le Christ. Frère Ildefonse Sarkis cite quatre éminents auteurs parlant de cet « illustre inconnu » sans visage : « À cette époque, on devait parler et écrire en phénicien, qui était la langue internationale. Le Liban est notoire pour n’avoir retenu aucun document sur les grandes personnalités nées sous ses cieux, et même si, selon certains, la Grèce nous doit tout, nous devons à la Grèce d’avoir conservé nos documents. Nous ne connaissons rien de notre mythologie, sinon les noms d’Europe et de Cadmos, qui ont laissé une grande descendance. J’ai moi-même enseigné durant 25 ans la littérature française. Phèdre était bien sûr au programme et je ne savais pas que Phèdre était une petite-fille d’Europe. »

    Sur les auteurs qui ont parlé de Mochos, le frère Ildefonse raconte d’abord l’histoire de « Poseidonus, né à Apamée, en Syrie, entre Homs et Hama, une ville où il existe des merveilles archéologiques ». « Poseidonus se rend au Ier siècle avant J-C à Athènes, où il devient membre de l’École stoïcienne, dont l’épicurien Zénon de Sidon fut le chef en l’an 100 avant notre ère, poursuit-il. Mathématicien, physicien et astronome, Poseidonus rapporte que “Mochos a exposé une théorie atomiste avant Leucippe et avant Démocrite, deux savants grecs”. Mais Démocrite reprend cette théorie et se l’attribue, affirmant qu’il doit exister des particules indivisibles, appelées “atomos”. »
    « Il y a aussi Strabon, le géographe, ajoute le savant, sur le deuxième auteur. On dit qu’il est grec, mais il est né en Cappadoce en Turquie, vers 57 avant J-C.

    Il s’installe à Rome et devient précepteur des enfants de Pompée. Il revient à Amazée, son village natal, où il écrit une histoire en 43 volumes, dont il ne reste aucune trace. Il rédige aussi un manuel géographique en 17 volumes que, heureusement, nous avons conservé et dans lequel il parle du Liban, surtout de Tyr et de Sidon, affirmant que “si quel*qu’un veut s’instruire, il se rend dans ces villes”. Et il parle de Mochos, déclarant dans sa géographie que “la théorie de Démocrite sur l’atome est d’origine phénicienne. On la doit à Mochos de Sidon”. Il ajoute : “L’atomisme grec doit tout à Mochos, antérieur à la guerre de Troie”. »

    Repris par Leucippe et Démocrite

    Frère Ildefonse Sarkis poursuit son passionnant exposé sur le grand savant phénicien : « Le troisième auteur qui l’a cité est Jamblique, un natif de Chalcis, qui est la ville de Anjar aujourd’hui. Né au IIIe siècle de notre ère, il voyage en Italie et devient le troisième chef de l’École néoplatonicienne de Rome, après Plotin et Porphyre de Tyr. Jamblique écrit un livre sur la vie de Pythagore, et dans ce livre il raconte que “Mochos a créé une école à Sidon qui fonctionna pendant plusieurs siècles. Pythagore - qui était à Milet - se rend à Sidon, où il converse avec les disciples de Mochos, le prophète et le physiologue”. C’était au VIe siècle avant J-C. »

    « Enfin, il y a Damacius, né à Damas au Ve siècle après le Christ, parti enseigner à Athènes, indique le savant. On ne peut que constater que les trois quarts des professeurs d’Athènes venaient alors de cette région. Quand Justinien ferme les écoles considérées païennes, ce même Justinien qui avait établi les codes de droit avec les professeurs de l’École de droit de Beyrouth et avait bâti la basilique Sainte-Sophie à Constantinople, Damacius se retire en Perse, et dans un de ses nombreux livres, il cite Mochos en une phrase : “Il est l’auteur d’une cosmogonie qui ne manque pas d’intérêt”. »

    Le frère Ildefonse poursuit : « C’est tout ce que les écrits nous disent sur Mochos. Quant à Leucippe et Démocrite, qui ont laissé des écrits en grec, le premier définit l’atomisme comme étant “une cosmogonie mécaniste selon laquelle tout s’explique par le mouvement des particules élémentaires dans un espace vide”. Puis son disciple, en 460 avant J-C, ajoute : “Tout est constitué de particules matérielles immuables, indivisibles, qui sont les atomes. Ceux-ci sont qualitativement semblables, ils ne diffèrent que par la forme et la dimension, et sont avec le vide à l’origine de toute chose”. »

    Le frère Ildefonse termine sa conférence, en indiquant que « Mochos de Sidon a été redécouvert aujourd’hui grâce au travail sur l’atome, qui ne s’est pas arrêté avec lui, puisque les Grecs ont repris sa théorie et l’ont faite évoluer ». « Et si cette théorie a fait l’objet d’études au XXe siècle, c’est qu’elle a été reprise à travers les siècles par Leucippe, Démocrite, Épicure, Anaxagore, Aristote… Basson, Bérigard, Magnien, Gassendi, Descartes… puis Poincaré et le célèbre Einstein », conclut-il.

    Naji FARAH
    L'Orient le Jour
    Dernière modification par zek, 17 juin 2009, 17h48.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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