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Des « Luso-Libanais », actifs entre le Liban et le Portugal

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  • Des « Luso-Libanais », actifs entre le Liban et le Portugal

    Les émigrés participent au développement du domaine maritime à Lisbonne à partir du XIIe siècle
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    Le Portugal est un mélange de peuples autochtones, ibères, indo-européens et celtes, au sein duquel apparaissent les Lusitaniens. C’est un pays situé au point le plus occidental du continent européen, avec une population de 10 millions d’habitants pour une superficie de 92 391 kilomètres carrés. Son histoire remonte à 7 000 ans avant J-C et ses frontières, établies en 1297, en font l’une des nations les plus anciennes d’Europe. Il devient une république en 1910 et fait partie aujourd’hui de l’Union européenne.

    Une légende populaire dit que la ville de Lisbonne, capitale du Portugal, a été fondée par le héros grec Ulysse. Mais récemment, des fouilles archéologiques près du château de Saint-Jorge et de la cathédrale Sé de Lisbonne ont montré que la ville avait été fondée par les Phéniciens, venus de Tyr en 1 200 avant J-C environ, à l’époque où ils voyageaient jusqu’en Grande-Bretagne pour acheter l’étain. Ils l’appelèrent alors « Alis Ubbo », qui signifie en langue phénicienne « anse agréable ou port sûr », formant le centre de l’actuelle Lisbonne, sur les rives du fleuve « Taghi » (« bonne pêche ») à l’estuaire du Tage actuel donnant sur l’Atlantique.

    Lisbonne a connu plusieurs conquérants, entre autres les Maures de 714 à 1147, qui l’appelaient « al-Ushbuna ». Les contacts entre le Portugal et le Liban ont commencé à se développer à partir du XIIe siècle, à l’époque où les villes du littoral libanais faisaient partie du royaume latin d’Orient. Plusieurs Libanais chrétiens avaient alors émigré au Portugal, y apportant leurs connaissances de la mer et contribuant, avec les habitants locaux, à la fabrication des navires et à l’établissement des écoles maritimes comme celle de Sagres. Ils ont ainsi participé aux grandes découvertes maritimes allant des Indes à l’Amérique du Sud, en passant par l’Afrique, du XVe au XVIIe siècle. Quelques documents portugais les citent comme compagnons de voyage, les appelant « amis chrétiens d’Orient ».

    Les recherches archéologiques et les analyses des structures anthropologiques mettent en évidence la forte influence de la présence arabe dans la société portugaise. Plusieurs noms toponymes de villes et de quartiers sont d’origine phénicienne et arabe, comme Lisbonne (al-Ushbuna) Alcântara (al-Qântara-pont), Alvorge (al-Burj-tour). Cette influence se retrouve dans l’architecture, la musique, la danse, la gastronomie, la littérature ainsi que la langue portugaises.

    Au début de l’émigration libanaise au XVIIe siècle, les Libanais sont partis vers les ports de la Méditerranée et de l’Atlantique. Au XIXe siècle, Lisbonne est devenu l’un des ports de passage de ces émigrants vers le Nouveau Monde. Mais certains Libanais ont décidé de rester dans le pays, travaillant dans le commerce près des ports, particulièrement à Lisbonne, Sintra, Cascais et Porto. Ils pratiquaient les échanges avec les voyageurs qui transitaient, spécialement ceux qui empruntaient la route maritime Portugal-Nord du Brésil (Belém en Amazonie). Le Portugal était ainsi une forme de tremplin pour beaucoup de Libanais et un entrepôt d’échanges commerciaux entre le Portugal et l’Amérique du Sud.

    En 1910, des Libanais sont partis s’installer dans l’île de Madeira (740,7 kilomètres carrés), archipel portugais situé dans l’océan Atlantique, pour travailler aussi dans le commerce et particulièrement dans la broderie (« bordados da Madeira »), qui faisait la renommée de l’île depuis plus de 150 ans et qui a décliné pendant la Première Guerre mondiale. Ce sont ces Libanais qui ont repris la production et la commercialisation en grandes quantités, à destination du marché américain, poussant les Portugais à réinvestir dans ce secteur, une des principales sources économiques de l’île. Les fabriques Jabara, Patrício & Gouveia et autres existent jusqu’à aujourd’hui.

    Une émigration en déclin

    Après la Seconde Guerre mondiale, l’émigration libanaise vers le Portugal a décliné, ce pays se retrouvant hors de la route maritime des émigrés, qui se sont mis à utiliser les ports méditerranéens de Marseille et de Gênes. Les descendants de Libanais sont restés au pays où ils se sont intégrés au fil du temps dans la société portugaise, formant aujourd’hui une colonie composée d’une centaine de Libanais et de Luso-Libanais, actifs dans les secteurs des professions libérales comme la médecine, le génie, les télécommunications, les investissements, etc. Parmi eux figurent des Libanais des pays africains de langue portugaise (comme l’Angola, le Mozambique et Guinée-Bissau), qui ont réémigré au Portugal. Citons comme noms de famille les Assaf, Aziz, Fallah, Faour, Hariri, Khoury, Saad, Taje…

    L’ambassade du Portugal au Liban a été ouverte en 1962. Une grande délégation d’hommes d’affaires portugais a visité le Liban en 1973 pour renforcer les relations économiques entre les deux pays. Actuellement, il reste une Mission diplomatique dépendante de l’ambassade du Portugal à Chypre, avec un chargé d’affaires par intérim, M. Mário Martins, et un consul honoraire à Beyrouth, M. André Boulos. Les Luso-Libanais résidant au Liban sont estimés à 40 personnes, sans oublier le contingent portugais de la Finul composé de 150 soldats arrivés en 2006 au Liban-Sud, et travaillant dans le domaine du génie. Tout récemment, au mois de février, le président de la République du Portugal, M. Anibal Cavaco Silva, a visité le Liban dans le cadre d’une inspection de ce contingent portu*gais et a été reçu par le Premier ministre Fouad Siniora.

    Faisant une comparaison entre le Liban et le Portugal, le chargé d’affaires Martins a constaté une certaine affinité géographique et humaine, parce que « ce sont deux petits pays, par rapport à leurs régions, et ils sont tous deux géographiquement tournés vers la mer ». « Les Libanais et les Portugais sont ainsi deux peuples qui ont exploré et commercialisé les voies maritimes, prenant le chemin de l’émigration durant plusieurs périodes de leur histoire », poursuit-il.

    Les Portugais, ou plutôt Luso-Libanais, sont présents et engagés dans la société libanaise également. Parmi eux se trouve Maria Fernanda Vieira Azar, résidant à Beyrouth et connaissant le Liban depuis les années 1970, qui a été interprète à l’ambassade du Portugal durant plusieurs visites d’officiels à Beyrouth. Elle raconte qu’elle a décelé une ressemblance entre son pays et le Liban, particulièrement avec la région d’Algarve où elle a vécu, à Serra de Monchique, au sud du Portugal. Cette région avait en effet été occupée successivement par les Phéniciens, les Grecs et les Romains. Ce sont les Arabes qui ont donné son nom, « al-Gharb » (Algarve), à cette région, qui compte plusieurs vestiges archéologiques et qui présente des similitudes musicales et gastronomiques avec l’Orient.

    La ressemblance s’étend au domaine de la musique, puisque les deux peuples jouent d’instruments à cordes pincées et ont dans leur patrimoine des chants de nostalgie, d’amour inaccompli, de chagrin, de « saudade » (absence d’un être toujours présent), qui sont par excellence des thèmes de peuples voyageurs qui attendent toujours le retour de quelqu’un.

    Roberto KHATLAB
    L'Orient le Jour
    Dernière modification par zek, 19 juin 2009, 14h00.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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