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L’obsession du coup d’Etat en Turquie

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  • L’obsession du coup d’Etat en Turquie

    L’armée aurait élaboré une stratégie visant à renverser le gouvernement de l’AKP. Un scandale qui met en cause la tutelle qu’elle exerce sur le pouvoir politique et met en évidence la nécessité d’instaurer un nouvel équilibre, estime la presse turque.

    “Cela fait une semaine que la Turquie ne parle plus que du document révélé par le quotidien Taraf”, écrit Derya Sazak dans Milliyet. “Ce document, intitulé ‘Plan d’action pour combattre le fondamentalisme religieux’, a été trouvé dans le bureau de l’avocat d’un officier à la retraite impliqué dans le réseau putschiste Ergenekon et porte la signature d’un officier travaillant pour l’état-major de l’armée turque. Il poserait ainsi les jalons d’une stratégie visant à déstabiliser le gouvernement de l’AKP.” Le chef d’état-major, qui avait fait un discours remarqué, en avril dernier, dans lequel il affirmait que l’armée “n’abritait en son sein aucune tendance putschiste”, est particulièrement embarrassé par ce document, “qui aurait, en plus, été rédigé [par des officiers proches de l’état-major] précisément au moment où il tenait cet important discours”.

    “Pendant combien de temps encore allons-nous continuer à faire semblant de nous rassurer en nous disant que l’armée est en train de faire le ménage et qu’il n’y a plus de quoi s’inquiéter ?” s’indigne Gülay Göktürk dans Bugün. “Un plan mettant notre armée en position de faire la guerre à son propre peuple a donc été conçu, il y a deux mois à peine, au sein d’une unité qui peut être en plus considérée comme un haut lieu de réflexion de l’état-major. Les actions permettant de renverser un gouvernement légitime y étaient expliquées par le menu, qu’il s’agisse d’exciter les rivalités ethniques internes, de diffamer des individus ou de détériorer les relations avec certains pays voisins. Signé par un officier supérieur, ce plan a donc désormais valeur de rapport officiel. Dans ces conditions, il est bien difficile d’imaginer qu’il s’agisse là d’un événement isolé, qui serait le fait de quelques éléments à l’intérieur de l’armée. Non, ce genre d’initiative est en fait le résultat d’une façon de penser qui s’est solidement implantée au sein de notre institution militaire. A peine pense-t-on en avoir fini avec les mémorandums de l’armée qu’une nouvelle conspiration est déjà en train d’être organisée. La rupture avec ce genre de tradition ne sera possible que par l’éradication, tant dans les esprits qu’au sein des institutions, de toutes les manifestations de ce régime de tutelle. Le pire, c’est que ces expériences douloureuses, qui se sont répétées ces dernières années, risquent de porter atteinte à la réputation de l’armée dans la population avec le danger qu’elle ne puisse plus assumer ses tâches légitimes. En effet, aucun parent n’aurait envie d’envoyer ses fils dans une armée dont la fonction principale serait d’ourdir des complots contre le peuple.”

    Dès lors qu’ils se mêlent de politique, les militaires perdent de leur efficacité, explique à ce propos Taha Akyol dans Milliyet. “C’est précisément parce qu’ils se sont politisés, au nom de la nécessité de ‘sauver la nation’, que les militaires turcs ont subi une cuisante défaite lors des guerres balkaniques [1912-1913].” Et Taha Akyol de citer le ministre AKP Bülent Arinç, qui, évoquant récemment les tendances putschistes de l’armée turque, avait déclaré : “Heureusement que nous ne sommes pas entrés en guerre, car ces militaires n’auraient pas été capables de gagner !”

    Si en intervenant dans la vie politique le but était d’affaiblir les islamistes, l’objectif est plutôt raté, conclut Derya Sazak dans Milliyet: “Cinq ans après le coup d’Etat du 28 février 1997, l’AKP est arrivé au pouvoir. N’est-ce pas la crise provoquée par la publication d’un mémorandum sur le site Internet de l’état-major au moment de l’élection présidentielle de 2007 [pour empêcher l’élection d’Abdullah Gül] qui a ensuite permis à l’AKP de gagner les élections législatives avec 47 % des suffrages ? Le 29 mars dernier, nous avons enfin vécu des élections sans ‘intervention’ [de l’armée], et l’AKP a perdu des voix… Nous ne vivons plus à l’époque de la junte des colonels. Non aux coups d’Etat !”

    - Courier International
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