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LE SERMENT DE OULED EL-KAIM de Hocine MEGHLAOUI

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  • LE SERMENT DE OULED EL-KAIM de Hocine MEGHLAOUI

    LE SERMENT DE OULED EL-KAIM DE HOCINE MEGHLAOUI
    L’Algérie à travers le regard d’un enfant



    L’épopée d’une famille vivant dans un petit village perdu du Constantinois dans les années 40-60, à travers le vécu duquel défile en filigrane l’histoire de l’Algérie.

    Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Etrange de lire en l’espace d’une quinzaine de jours deux romans ayant pour trame la saga d’une famille (cf. La brèche et le rempart de Badr’Eddine Mili, présenté dans ces mêmes colonnes), où l’épopée familiale se mêle intimement à des moments forts du vécu de l’Algérie sous domination coloniale d’abord, en guerre de Libération ensuite. L’action se passe au douar de Ouled El Kaim d’abord, à Constantine et à Alger durant la guerre pour l’indépendance enfin. L’auteur de Le serment de Ouled El-Kaim, Hocine Meghlaoui, est un conteur né qui, dans un roman ayant pour fond l’histoire de l’Algérie, raconte une histoire de bravoure mais aussi une pudique histoire d’amour. Hocine Meghlaoui est né dans un village de la commune de Mila pendant la Grande Guerre de 1939-1945 dans une famille paysanne, non possédante, tient-il à préciser. Il fit ses études secondaires à Constantine. A l’indépendance du pays, il monte à Alger où il suivi les cours de l’Institut d’études politiques et de l’Ecole nationale d’administration (ENA).
    M.Meghlaoui va ensuite embrasser une riche et fructueuse carrière diplomatique, occupant plusieurs postes d’ambassadeur, représentant l’Algérie dans plusieurs pays dans les cinq continents. Après son retrait de la diplomatie, il utilisa son temps à écrire, non point ses mémoires comme on aurait pu s’y attendre, mais un roman-historique situé à la charnière de moments clés du vécu de l’Algérie. Le narrateur va suivre à la trace le héros du roman (Le serment de Ouled El-Kaim), Malek. C’est à travers le regard de cet enfant, puis adolescent, enfin homme, que l’auteur nous fait vivre l’épopée d’une famille, d’un clan et d’une tribu - le sentiment de fraternité était très fort durant cette époque sombre du joug colonial - qui, au long des chapitres, nous restitue des pans de l’histoire d’une Algérie qui, avant l’heure, connut l’apartheid, ou développement séparé, qui a maintenu les «indigènes» dans le sous-développement et la paupérisation. Par petites touches, à l’instar d’un peintre avec sa gouache, l’auteur nous introduit dans l’intimité de Malek qui, très tôt alors qu’il était encore un enfant, fut confronté à la douleur de perdre un être cher, sa mère morte en couches. A l’ombre du patriarche, son grand-père Si Mohamed, Malek apprendra le poids des traditions du clan et de la tribu, se forgeant également au contact de la grande ville, Constantine, où il est scolarisé et fera ses humanités et, en même temps, s’ouvrait sur un monde nouveau, le «monde extérieur», plus vaste que son minuscule douar perdu dans la plaine milevienne.
    En pleine Seconde Guerre mondiale, aller à Constantine, et même à la petite ville de Téléghma - où se trouvait le grand casernement militaire français - était une véritable expédition que fera Si Mohamed, le grand père de Malek, qui ira dans la grande ville à la recherche de son fils Youcef, appelé d’autorité sous les drapeaux par l’armée française et envoyé sur les champs de bataille de la Grande Guerre pour servir de chair à canon en même temps que des milliers d’Algériens également réquisitionnés de force. Sa mère morte, son père disparu durant la Seconde Guerre mondiale, devenu orphelin, Malek est élevé par ses grands-parents. Des portraits hauts en couleur, d’où ressortent, singulièrement, ceux de Rosie et de son fils médecin - vivant dans le quartier juif, Echaraâ, de Constantine - qui prennent en sympathie le jeune Malek, émaillent les pages d’un livre qui se laisse lire facilement. Parallèlement à l’itinéraire du héros principal, une foule de personnages donnent sa profondeur à l’ouvrage avec dans le second rôle, outre Si Mohamed le grand-père, Malika une amie de Malek, issue du même douar que lui. Après Malek, Malika quitte à son tour le village natal pour la grande ville voisine. Mais les vicissitudes de la vie, la guerre de Libération vont séparer nos deux héros qui ne se retrouveront qu’après l’indépendance à la bibliothèque de l’université. Les retrouvailles des deux amis sont bouleversantes, d’autant plus qu’une grande partie de la population du douar de Ouled El-Kaim, qui prit une part prépondérante dans la résistance à l’occupation coloniale, fut massacrée par les paras français, laissant des blessures béantes parmi les survivants. La guerre a laissé des traces indélébiles dans la chair des jeunes Malek et Malika. «Le serment de Ouled El-Kaim» est une saga familiale qui, à travers une famille, relate en fait l’histoire de l’Algérie qui défile en filigrane, de la fin du XIXe siècle jusqu’à l’indépendance avec ses hauts et ses bas, surtout ses bas pour le peuple algérien qui a beaucoup souffert dan son corps et dans son âme. «Le serment de Ouled El Kaim» nous fait découvrir un écrivain à la plume inventive, marquée par une écriture juste. Une reconversion heureuse pour l’ancien diplomate, Hocine Meghlaoui.

    Le serment de Ouled
    El-Kaim de Hocine Meghlaoui
    Anep Editions, Alger 2009

    Source: L'expression
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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