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Meurtre d’un professeur à Mostaganem

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  • Meurtre d’un professeur à Mostaganem

    L’étudiant a été condamné à perpétuité, il pourra au moins faire des études toute sa vie aux frais de la princesse.
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    Reconnu coupable du meurtre du professeur Mohamed Benchehida, chef du département informatique de l’université de Mostaganem, l’étudiant B. Charef a été condamné à la réclusion perpétuelle, à l’issue de sa comparution, mercredi passé, devant le tribunal criminel près la cour de Mostaganem.

    Le procès a duré plus de 10 heures, dans un prétoire archicomble. Ainsi vient d’être close une affaire “criminelle ordinaire”, sans pour autant lever le voile sur le mobile réel de cet homicide, mais en mettant à nu le degré fatal de la “clochardisation” d’une institution aussi noble que l’université.

    “J’ai apporté le couteau tout juste pour menacer le défunt afin qu’il me remette le relevé de notes me permettant la réinscription pour une nouvelle année. Je n’ai jamais eu l’intention de le tuer, et j’ignore le démon qui s’est emparé de moi au moment du drame !”, a obstinément soutenu le prévenu B. Charef, à l’issue de sa comparution devant le tribunal. Un tribunal présidé par un magistrat qui s’est méticuleusement attaché aux menus détails pour tenter d’appréhender le mobile du crime.

    À maintes reprises, il lui demandera s’il n’y avait pas d’autres éléments “occultés” par le dossier, à l’origine de l’acte. Sans la moindre émotion manifeste, l’accusé commencera par présenter ses condoléances à la famille du défunt, avant de relater sa version des faits. Ainsi, retiendra-t-on que “l’antagonisme” remonte au printemps 2008, au lendemain de l’affichage des notes du module “réseaux”. Des notes “pénalisantes” pour la quasi-totalité de la promotion 3e année LMD informatique.

    À l’initiative de l’inculpé, une pétition contestant les notes “bizarrement basses” est adressée au décanat. Une pétition qui lui valut la traduction devant le conseil de discipline. Grâce à la position conciliante du défunt chef de département, l’étudiant indélicat s’en sortit avec un non-lieu. À la “faveur” du rattrapage auquel le “délégué” des étudiants n’aura pas droit du moment qu’il avait déjà décroché la moyenne, les notes seront ainsi “corrigées”, au bénéfice de la majorité des camarades.

    Par “enchantement”, une multitude de 1 à 2,5 points/20 “muteront” en des moyennes de 16 et 17/20 ; une faveur qui permettra à cette majorité de “boucler” avec succès le module. Y compris l’accusé, 4 ou 5 camarades n’auront pas cette chance, pour la simple raison qu’ils avaient la moyenne qui, suffisante pour les dispenser du rattrapage, était insuffisante pour boucler le module. S’ensuit alors l’habituelle tractation avec les enseignants dont certains consentent à revoir les notes, sous réserve de l’accord du chef du département.

    Au cas où il applique la loi, la note initialement remise au département, même pénalisante, demeure figée. Ce fut le cas. À la reprise de l’année universitaire, le premier verra dans le retard mis par le second à lui délivrer le relevé de notes, une attitude de vengeance. Par l’intermédiaire d’un collègue intime du défunt, on lui fit part du pardon accepté. Samedi 18 octobre, le cours des évènements vire subitement au drame. B. Charef se présente au département informatique, un poignard de 26 cm, dont 12,5 cm de lame, dissimulé sous son pantalon. “Je craignais une volte-face du défunt quant à la remise de mon relevé de notes !”

    Victime et assassin étant de part et d’autre du bureau du responsable, le premier coup lui est porté au visage. Il tente d’échapper à l’assaillant en reculant le buste. Le meurtrier avance vers le bureau. Le défunt est touché au thorax. Le diaphragme est transpercé. L’estomac et l’abdomen sont atteints. La victime s’affaisse sous le bureau, ce qui empêchera l’étudiant d’asséner d’autres coups. Deux agents de sécurité, alertés par les cris des employées, accourent.

    Le meurtrier armé est acculé contre un mur à l’aide d’un bureau. Dans son emportement, l’assassin asséna le 13e coup de poignard au meuble avec lequel on le “coinçait”. Le forfait consommé, l’assassin se soumet aux agents de sécurité, puis à la police. Mohamed Benchehida est évacué agonisant aux UMC, où il ne tarda pas à rendre l’âme. Les avocats de la partie civile se sont attachés aux qualités et à l’apport du défunt à l’université. Ils mettront en exergue la “bestialité” de l’agression, concrétisée par “pas moins de 12 coups de couteau d’une longueur de 26 cm”.

    Le représentant du ministère public se basera sur le rapport de l’autopsie pour démontrer la gravité et la fatalité des plaies. Il n’omettra pas de mettre en relief le statut de fonctionnaire de la victime et que “jamais aucun recours, ni plainte n’ont été introduit auprès de la hiérarchie !” La peine capitale, telle sera la conclusion du réquisitoire.

    Mettant à profit le témoignage du collègue ayant assisté à l’agression, les avocats de la défense tenteront d’évacuer la préméditation de l’acte criminel. “Celui qui a l’intention de tuer ne dira pas, je te marquerai à vie pour que tu t’en souviennes” “au moment où il porte le coup au visage de son vis-à-vis !”, plaidera-t-on. À 20h30, en ce mercredi 10 juin 2009, le verdict est tombé : la réclusion perpétuelle, et au-delà, un ultime avertissement pour que l’Université algérienne réexamine sérieusement ses règles de fonctionnement.

    Liberté
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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