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Il y a pénurie de dons d’organes en Algérie

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  • Il y a pénurie de dons d’organes en Algérie

    La NR : Comment est née chez vous l’idée d’une telle association des dons d’organes et tissus humains en Algérie ?

    Dr Louni, président de l’Association des dons d’organes et tissus humains (ADOTH 35) :C’est un ancien projet qui date de l’an 2000. On avait gelé les activités à ce moment-là en raison de l’absence de logistique nécessaire pour mener à bien la noble action de don d’organes en Algérie . Mais on a réactivé le projet en 2009 en nous appuyant sur des associations déjà existantes et naturellement porteuses de ce projet. Il s’agit des associations des donneurs de sang ; sachant que le sang est un organe. La réactivation du projet s’est effectuée sous la tutelle de la Fédération des donneurs de sang

    Cela sur le plan organique. Mais sur le plan strictement de la santé publique ?

    En 2002, si vous vous rappelez, il y a eu 6 greffés à partir de cadavres, à Constantine seulement, alors qu’il existe sur le territoire national plusieurs centres greffeurs. Depuis, il y a eu banalisation des greffes rénales. Un institut du rein, en projet à Blida, a redonné espoir à une catégorie de malades qui avaient perdu goût à la vie. Le scandale des greffes d’organes en Irak au bénéfice d’Algériens, dans des conditions effroyables avec des cas d’infection et de rechutes, voire d’échecs de transplantation, et celui de l’affaire du réseau international de rapt d’enfants pour les faire passer en Europe dans le but de récupérer leur organe dans des cliniques louches, et au bénéfice de richissimes malades, ont posé le problème d’une prise en charge de ces opérations en Algérie avec plus de réussite, de légalité et de sécurité. Il est devenu urgent de répondre à la demande de plus en plus pressante de transplantation d’organes ; d’où en amont la nécessité d’une collecte d’organes.

    Vous pensez donc que les rapts d’enfants n’ont pas aussi l’objectif de récupérer leurs organes ?


    Si vous voulez dire qu’il existerait des lieux en Algérie où on pratiquerait clandestinement la transplantation d’organes, je vous répondrais que c’est une chose impossible tant ce genre d’opérations nécessite une lourde logistique que seuls les centres greffeurs identifiés par l’Etat peuvent accomplir. Donc, je le répète en Algérie, c’est une chose quasi improbable. Mais pour ce qui est de la «transplantation touristique», cela est même monnaie courante. Et rien ne peut empêcher un citoyen algérien ou étranger à se rendre dans un quelconque pays plus permissif et déjà doté de la logistique indispensable.

    Avez-vous une estimation des besoins en organes en Algérie ?

    Savez-vous qu’on a greffé en Algérie en 1986 ? C’est pour dire que la demande existe depuis longtemps. Lors de notre AG constitutive, j’ai agréablement surpris par le nombre de personnes qui ont formulé leur accord de faire don d’un organe. On s’attendait à une trentaine de personnes, nous nous sommes retrouvés avec 80 inscrits. Très récemment, j’ai été agréablement surpris par un jeune homme de 21 ans qui a fait don de ses organes à sa mère hémodialysée. Néanmoins, on enregistre aussi des réticences des membres d’une famille qui avaient donné leur accord au moment d’une urgence de leur proche mais dès que celui-ci s’est rétabli il y a eu des réticences. Il faut donc un travail de sensibilisation au départ qui est dévolu à des associations comme la nôtre. De plus, je pense que la néphrologie jouera dans ce sens un rôle moteur.

    Mais il y a des préalables ?

    En effet, l’aspect logistique est fondamental. Ce lundi 15 juin, on s’est réuni avec la représentante du ministre de la Santé et on a demandé, au même titre que d’autres centres greffeurs, que la logistique soit mise en place. La représentante du ministre nous a parlé d’un programme d’action ministériel pour redynamiser la greffe en Algérie avant la fin 2009.On a émis, comme préalable, l’existence d’une banque d’organes. Imaginez que seulement 1% des morts dans des accidents de la route soit donneurs d’organes ; autrement sur 4 000 morts, comme annoncé officiellement, il y aurait 40 malades qui aspireraient à une seconde vie, sans parler des gains économico-financiers pour les familles et pour le pays. Notre mission en tant qu’association est d’intéresser les donneurs et effectuer un listing au cas où une quelconque nécessité de transplantation s’exprimerait. La deuxième démarche est d’aller vers d’autres wilayas pour qu’elles mettent en place un réseau de collecte d’organes. Il y a déjà Bouira et Jijel qui se sont manifestées dans ce sens.

    En fait, la sensibilisation constitue le maître-mot…

    Incontestablement. Notre objectif c’est de sensibiliser les jeunes pour des raisons de bonne santé évidentes. On aimerait qu’on nous ouvre les portes des lycées, des universités et des mass-médias pour toucher un nombre plus grand de donneurs potentiels, car on veut lever toutes les appréhensions, notamment les craintes de trafic d’organes ou de profit pour des nantis au dépend des démunis, etc. C’est pourquoi notre action devra privilégier le travail de proximité.

    Il y a des réticences religieuses qui s’expriment ici et là. Comment comptez-vous les surmonter dans une société très conservatrice ?

    On a des fetwas des Ulémas algériens ou même de l’Organisation mondiale islamique (OCDI) qui autorisent non seulement les dons d’organes mais les encouragent ; sachant que même si le don n’a pas eu lieu en cas de décès par accident avec constat de mort végétative, le donneur musulman gagne tout de même une bonne action pour l’intention d’aller au secours de son prochain.

    De plus, avoir une carte de donneur permet de bénéficier de bilan de santé trimestriel et de faire un check-up annuel gratuitement. Bien sur, la famille du donneur a un rôle important à jouer. Elle doit savoir que la donation ne peut s’effectuer qu’en cas de mort naturelle.

    En outre, il faut le passage obligé du défunt par un hôpital lors d’un accident de voiture par exemple pour que le don puisse avoir lieu médicalement parlant, puisqu’il existe des analyses à faire sur le mort durant la période végétative pour lui assurer une respiration artificielle avant d’enlever l’organe en question. Le cadavre est ensuite remis en état à sa famille pour son inhumation selon notre rite musulman. Ainsi, tous les aspects sont respectés.

    Cela suppose tout un travail à la base avec les différentes parties.


    Assurément. Il s’agit de créer une fédération, se rapprocher des hôpitaux, de sensibiliser et de sécuriser les familles et les donneurs bénévoles. Bien plus, il est question d’honorer le donneur par une prise en charge médicale gratuite durant toute sa vie. En fait, il faut faire un peu comme l’Iran qui a organisé «le marché informel des organes humains» en le formalisant à travers l’implication directe de l’Etat comme seul gestionnaire de la banque des organes.

    Mais à voir l’état de nos hôpitaux en Algérie, il est permis d’être circonspect quant à leur capacités de répondre efficacement à ce genre d’opérations.

    C’est vrai que le plus difficile est d’avoir des donneurs et de ne pas trouver de lieux de prise en charge efficients. La volonté politique existe, mais il faut aussi améliorer les services d’accueil au niveau de nos hôpitaux. Il ne suffit pas de les doter de matériel de pointe, les équipes médicales doivent s’impliquer totalement. Pour ce faire, il est absolument vital de motiver les gens en améliorant les conditions socioprofessionnels des praticiens du service public. La question de la revalorisation des salaires est incontournable pour motiver la corporation.

    Mais il faut noter que la banque d’organes ne doit pas constituer le seul recours pour des malades en mal d’organes, le don apparenté est une autre possibilité qu’il faut maintenir ; sachant que 492 greffes apparentées ont été menées en Algérie contre 6 à partir de cadavres.

    Notre société, où le lien familial est assez fort, répond plus facilement à ce genre de demandes, contrairement à la société française avec une famille éclatée où la greffe apparentée n’a pas réussi et le recours à la greffe sur cadavres est devenue la seule possibilité.

    Vous avez parlé de la contribution des médias pour la sensibilisation, alors profitez-en.

    Je lance un appel à toutes les personnes désireuses d’en savoir plus sur le don d’organes ou déjà convaincu de la noblesse de cette action dans le cadre de la solidarité humaine de prendre contact avec notre association.

    Par Sadek, La Nouvelle République
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