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Les armes antichômage de la Suède

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  • Les armes antichômage de la Suède

    Les syndicats de la métallurgie en Suède ont accepté des baisses de salaire de 10 %.

    Södertälje, à 40 kilomètres au sud de Stockholm, est le fief du constructeur de poids lourds Scania, fleuron de l'industrie suédoise. La vie semble s'être arrêtée depuis septembre. «Les commandes ont stoppé net avec la crise financière, qui a privé nos clients de crédits», raconte le représentant syndical Johan Jarvklo. Au premier trimestre, la production a chuté de plus de 70 %. Sur les lignes de montage, l'ambiance est anormalement tranquille, pas de bruit assourdissant des machines, des employés qui discutent le bout de gras en sirotant un café. La cadence quotidienne a diminué de moitié et, vendredi, comme toutes les semaines depuis début mai, l'usine sera fermée. Cette décision historique résulte d'une négociation entre direction et syndicat : le temps de travail, cadres dirigeants compris, a baissé de 20 % et les salaires de 10 %. IF Metall a signé un accord global avec la Fédération de la métallurgie pour éviter les licenciements.

    L'industrie automobile, qui subit de plein fouet la crise mondiale, a déjà perdu des dizaines de milliers d'emplois. Selon les statistiques publiées hier, la hausse du chômage s'est accélérée. Le taux, qui a atteint 9 %, pourrait frôler les 10 % cette année et s'envoler à 11,1 % en 2010 et 11,7 % en 2011. L'accord, une première en Suède, a suscité de nombreuses critiques dans le pays, par ailleurs tant envié pour son modèle social.

    À Scania, la négociation ne s'est pas faite sans mal. «Nous avons subi beaucoup de pressions, témoigne Madelaine Hede, dans l'entreprise depuis 20 ans. J'ai voté pour. On n'a pas le choix, c'est ça ou perdre son emploi , et puis on a gagné six mois». Près de 1 800 emplois étaient menacés. La direction s'est engagée à ne pas licencier jusqu'en décembre.

    «Nous vivons une crise sans précédent, totalement imprévisible. Nous ferons tout pour préserver nos emplois, car nous avons besoin de personnels bien formés», explique l'un des vice-présidents, Per Hallberg. Scania a supprimé des CDD, placé le maximum d'heures chômées dans les comptes épargne, réduit le temps de travail et développé les formations.

    «Coach» personnel en cas de licenciement

    Madelaine, comme la plupart de ses collègues, passe toutes ses après-midi avec un formateur. C'est aussi le nerf de la guerre antichômage du gouvernement. «Nous misons sur l'éducation, la formation et l'aide individuelle», explique le ministre de l'Emploi, Sven Otto Littorin. Six mois avant de quitter leur job, les «futurs» chômeurs sont suivis par un coach personnel… Une aide de 2 500 euros en moyenne par salarié. «C'est un complément à notre dispositif national», ajoute le ministre, en faisant référence à l'assurance-chômage «l'une des plus généreuses du monde». En un an, le budget du ministère a plus que doublé, passant de 35 à 74 milliards de couronnes.

    L'autre fer de lance du gouvernement de centre droit porte sur les baisses d'impôts, axées sur les faibles salaires, afin d'encourager les plus modestes à travailler au lieu de vivre d'allocations. «Nous voulons éviter le recours trop fréquent aux aides sociales», confirme le ministre de l'Emploi.

    «Encore faut-il qu'il y ait du travail», ironise Léna Westerlund, chef économiste de LO, le plus grand syndicat des cols bleus. D'autant que le gouvernement a profondément réformé l'assurance-chômage, en diminuant la période et le niveau d'indemnisation, et en durcissant les conditions d'accès.

    Autre changement notable : les cotisations dévolues aux salariés ont considérablement augmenté. «La baisse d'impôt est de 1 000 couronnes en moyenne contre une hausse de 300 pour les cotisations», précise le ministre. Faux, critique les syndicalistes, qui jugent le nouveau système «injuste», bien qu'il demeure l'un des plus protecteurs d'Europe.

    Par Le Figaro
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