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Une Française née à Bethléem veut pouvoir atterrir en Israël

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  • Une Française née à Bethléem veut pouvoir atterrir en Israël

    Naturalisée en 1988, elle se voit refuser l'accès à l'aéroport Ben Gourion et doit atterrir, comme tous les Palestiniens, en Jordanie.

    Les voyageurs qu'Israël considère Palestiniens ne sont pas autorisés à atterrir à l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv. Y compris quand ils affirment qu'il n'ont pas le moindre papier palestinien mais, par exemple, un passeport français.

    Pour eux, c'est direction Amman, en Jordanie, puis un taxi vers les territoires palestiniens. Un paradoxe aux yeux de nombreux expatriés originaires de Gaza ou de Cisjordanie : l'Etat hébreu ne reconnaît ni l'Etat palestinien, ni la citoyennenté qui va avec, mais a inscrit dans ses registres douaniers la provenance des voyageurs palestiniens.

    C'est le cas d'une réalisatrice installée en France depuis trente ans. Norma Marcos a 58 ans. Elle est citoyenne française depuis 1988. Cette native de Bethléem affirme que, jusqu'à cette date, elle a eu pour tout document administratif « un document de voyage » délivré par Israël. Point de carte d'idenité palestinienne, comme l'atteste d'ailleurs ce document de l'administration palestienne que publie Rue89.

    Norma Marcos soutient qu'elle est « franco-française de fait », comme elle dit. De 1988 à 2005, elle a voyagé « sans problèmes » entre Paris et Tel Aviv, gagnant Israël et les territoires environ deux fois par an, notamment pour des projets de films.


    Mais, en juillet 2005, elle se fait arrêter après la douane, alors qu'elle attendait ses bagages, dit-elle :
    « Ils m'ont envoyé au centre de détention de l'aéroport en me disant qu'en tant que Palestinienne, je n'avais pas le droit d'atterrir en Israël. Pour eux, j'étais née à Bethléem, donc Palestinienne et pas Française.
    Heureusement, j'ai pu appeler une productrice israélienne qui a réussi à me sortir de là. Mais je n'avais aucun droit de circuler et suis restée coincée à demeure pendant sept semaines. J'étais pourtant censée faire du répérage après avoir gagné le prix du meilleur scénariste en 2004. »

    Elle profite d'un passage de Philippe Douste-Blazy, alors aux Affaires étrangères, pour obtenir le droit de quitter Israël, alors que son passeport est encore barré des mentions « Visa annulé » et « Entrée refusée ».
    Suivent trois ans de bataille avec le Quai d'Orsay où la réalisatrice revendique (comme aujourd'hui) d'avoir l'aide de Paris « en tant que citoyenne française, qu'importe que je sois née là-bas où en Bretagne ! »
    Elle dit avoir écrit « des tonnes de lettres », dont un récent courrier envoyé le 27 avril dernier à Carla Bruni-Sarkozy, que Rue89 a reçu. Il a été renvoyé, « dans son enveloppe décachetée », à l'expéditrice par l'épouse du chef de l'Etat.

    Une exception, « pour raisons humanitaires »


    *** de sac ? Lorsque sa mère de 87 ans a été hospitalisée, la suggestion du Quai d'Orsay fut de négocier un accueil exceptionnel « pour des raisons humanitaires », qu'elle a acceptée :
    « Que vouliez-vous que je fasse d'autre ? Mais je n'ai pas voyagé en tant que citoyenne française lambda et, une fois sur place, les autorités israéliennes ont exigé que je fasse mes papiers israéliens, moi qui n'ai jamais demandé la moindre attestation à l'Autorité palestinienne. »

    En février 2009, elle décide de retourner sur place « malgré le dialogue de sourds avec le Quai d'Orsay qui affirme qu'il s'agit des affaires israéliennes internes ». Elle y vient pour deux projets cinéma : l'un auprès de Julian Schnabel, l'autre pour le compte du Conservatoire national des arts et métiers. Mais cette fois, dès l'aéroport, elle est expulsée en France et n'honorera pas ses engagements.
    Depuis, elle continue d'alerter le ban et l'arrière ban de la politique : après Rama Yade, Bernard Kouchner, l'Elysée plusieurs fois, c'est le député PCF Patrick Braouzec qui a hérité d'un des derniers envois. Mohammed Abdi, conseiller spécial de Fadela Amara, a même reçu Norma Marcos… « puis il a disparu ».

    En France, silence politique


    Pourquoi toutes ces défections ? Un porte-parole du Quai d'Orsay a confirmé à Rue89 que cette femme n'était pourtant pas la seule dans ce cas-là. Pour lui, il y aurait plusieurs histoires de ce type par an, sans que la France puisse intervenir :
    « C'est la souveraineté d'Israël de décider qui elle admet ou pas sur son territoire. C'est certainement des suspicions de terrorisme, ou autre, mais c'est vrai que ça concerne des citoyens français. Israël n'a pas de compte à nous rendre, Paris procède de la même manière en fonction de ses critères d'évaluation des risques. »

    Au bureau de la Palestine à Paris, on précise que c'est depuis 2002 et la deuxième Intifada que l'accès à Ben Gourion est barré aux Palestiniens, qu'ils aient un passeport français ou pas. « Mais vous verrez, c'est très rapide depuis Amman en taxi, ça se fait bien ! »
    L'ambassade d'Israël à Paris a également été sollicitée par Rue89. Cet article sera mis à jour dès qu'elle aura répondu.


    Rue89
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