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  • Vive les "verts" ! Cachez moi ces " verts" .

    Chronique (Lundi 22 Juin 2009)



    Vive les “Verts” ! Cachez-moi ces “verts” !
    Par :Mustapha Hammouche
    Lu : (798 fois)

    Chililabombwe, du côté de Lusaka, c’est pire que Mansourah, du côté de Bordj Bou-Arréridj. Contrairement à l’intonation du nom de cette ville-là, nous n’y avons récolté que bonheur et sérénité. Mais Mansourah n’a pas mérité, cette fois-ci, son nom conquérant.

    Ils étaient dix-huit “verts”, en minuscule, parce que c’est ainsi qu’on appelle aussi familièrement les gendarmes, pris au piège sur la route de Mansourah dont l’étymologie renvoie pourtant au triomphe et à la conquête. Trois jours plus tard, dix-huit “Verts”, en majuscule, en référence à la couleur nationale et à l’espoir, réalisent l’exploit au Konkala Stadium, pourtant surnommé “stade de la mort”.
    La victoire des combattants de l’arène semble être bien tombée pour enterrer le massacre des troupiers du front. On avait trop patienté à attendre et à espérer que cet hypothétique succès vienne enterrer la question pesante de la responsabilité dans l’hécatombe : la foule s’élance dans la rue rugissant de plaisir et les messages fusent du plus haut de la hiérarchie. On croit s’approprier une part du triomphe rien qu’en en partageant la célébration. Dans la communion, on oublie le calvaire des “verts” avant même de s’être posé la question de ce sacrifice absurde : pourquoi et pour quoi ?
    Le football opium du peuple : la réponse est donnée en direct, comme l’aiment les sportifs, et officiellement. Parlons de Chililabombwe ! De Mansourah-la-bombe, non ! De toute manière, personne ne veut se poser la question. Si ce n’est quelques empêcheurs de festoyer en rond, payés pour couper la chique dans un pays où les survivants seuls ont raison. Ils oublient leurs morts pour fêter leur survie et l’entretenir. Et plus la fête est tapageuse, assourdissante, plus l’oubli est assuré. Alors, tout est permis : fumigènes, klaxons, pétards, lampions, toute la nuit, toutes les nuits. Qu’importe les insomnies des rares personnes forcées de travailler le lendemain et des malades obligés de rester éveillés à écouter leur douleur accrue par le tapage ! Qu’importe ! Il faut festoyer jusqu’à l’étourderie.
    On se pousse du coude pour être le plus près de la fête ; cela fait patriote de célébrer les “Verts”. Ceux qui gagnent. Quand ils gagnent. Mais on se pousse du coude pour revenir au deuxième, au dernier rang quand il est question des “verts”. Ceux qui trinquent et qu’on ne voit pas quand ils vainquent. Une veillée nationale tonitruante et conviviale en l’honneur de ceux-là : “le peuple en liesse”, titre-t-on ; des veillées solitaires dans dix-huit lieux-dits pour la mémoire de ceux-ci : “telle bourgade enterre son martyr” et “telle autre rend un dernier homme à son fils”…
    Le propos n’est pas de gâcher la fête, mais entre deux nuits de jubilation pour les “Verts” de la balle ronde, les “verts” qui affrontent les balles réelles méritent bien une minute de silence. Jusqu’à quand vivra-t-on de réalisations factices et de réelles impostures ? Jusqu’à quand l’oubli compensera l’aveuglement ?
    Jusqu’à quand ce train-train à deux balles, alternant le temps des balles réelles et le temps des balles de caoutchouc, avec comme seule espérance les pauses joyeuses que procure, une fois tous les vingt ans, la balle de cuir ?


    Source : Liberté .


    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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