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La Suisse et l’Algérie renforcent leur collaboration policière

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  • La Suisse et l’Algérie renforcent leur collaboration policière

    Ils vont tout de même pas expulser ceux qui ont un compte en banque.
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    Berne et Alger s’apprêtent à signer un protocole qui prévoit l’accompagnement des personnes expulsées par des policiers algériens. Certains se trouvaient récemment aux Pâquis

    «On nous a présenté deux policiers en civil comme des officiels algériens qui vont collaborer avec la police genevoise, nous raconte un membre de l’Association des habitants et commerçants de la rue de Fribourg. En discutant avec eux, on a vu qu’ils avaient bien compris le dossier des petits prédateurs et nos craintes, non seulement par rapport à l’insécurité, mais aussi à la diversité et au risque de naissance de sentiments racistes.»

    Un après-midi ordinaire aux Pâquis. Les badauds attablés aux terrasses discutent insécurité, un argument devenu récurrent, voire obsessionnel, dans ce quartier chaud de Genève. Les «Zizous» sont l’un des principaux soucis des habitants. Ces petits délinquants, très habiles dans les jeux de jambe et les coups de pied comme le célèbre footballeur, sont spécialistes des vols à la tire et des agressions. Ils seraient 250, pour la plupart Algériens et sans papiers, parfaitement connus des services de police. A chaque fois qu’ils sont arrêtés, ils sont aussitôt relâchés. «Les jours-amendes sont totalement inefficaces, soupire le maréchal Français, chef de la gendarmerie des Pâquis. Et avec le durcissement de la loi dans les pays voisins, la criminalité se rabat sur Genève.»
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    Effet dissuasif

    La mobilisation et les réunions à répétition ont fini par souder les Pâquisards, qui ont tissé des liens avec la police et les autorités locales. Certains habitants ont même essayé de convaincre les Zizous de respecter la loi. En vain.

    «La présence des officiels algériens est un signal fort que Genève ne peut pas continuer à être une zone de non-droit, ajoute un commerçant d’origine arabe. Pour nous, cela montre que les autorités genevoises ont entendu l’appel de la population.»

    La visite de la police algérienne semble avoir eu un effet dissuasif, car les petits prédateurs sont devenus beaucoup moins visibles. Le téléphone arabe a bien fonctionné. «S’ils sont renvoyés en Algérie, ils risquent de lourdes peines de prison pour avoir quitté illégalement le territoire», assure un habitant.

    «Première prise de contact»

    Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise, confirme la visite des agents algériens, mais il assure qu’il n’y a rien de spécial en cours. «C’est une première prise de contact pour une éventuelle collaboration future, mais je ne sais pas dans quel domaine. Ce genre de collaboration est assez courant: cela s’est passé avec la police roumaine et guinéenne et lors de commissions rogatoires internationales. Sur le principe, c’est comme s’il s’agissait des polices d’autres cantons. Des agents étrangers viennent régulièrement se former ou enquêter à Genève, en étroite collaboration avec la police genevoise. Et nous allons souvent dans d’autres pays.»

    Le porte-parole assure que les policiers algériens n’étaient pas là pour procéder à des expulsions, qui sont du ressort de la Confédération et non du canton. Mais y a-t-il un accord entre la Suisse et l’Algérie?

    «Nous avons signé avec la Suisse, en 2006, un accord de réadmission que nous sommes en train de mettre en œuvre», nous explique Riache El-Haoués, ambassadeur d’Algérie à Berne. Mais l’exécution de cet accord a donné lieu à des blocages. «Le renvoi de délinquants continue de poser des problèmes, indiquait jeudi la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf sur les ondes de la Radio romande. Une solution a été trouvée mais on travaille encore à l’améliorer.» Dans le cadre de ces contacts, qui devraient aboutir rapidement à la signature d’un protocole, la conseillère fédérale a rencontré récemment le conseiller d’Etat genevois Laurent Moutinot.
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    L’ambassadeur tient à relativiser les chiffres: il affirme que sur les 337 demandes d’identification reçues en 2008 de l’Office fédéral des migrations (ODM), 70 seulement correspondaient à des ressortissants algériens et que les 35 demandes de laissez-passer soumises par l’ODM ont toutes été satisfaites. «Tous les délinquants non identifiables n’hésitent pas à se déclarer comme Algériens, regrette l’ambassadeur. Mais lorsque le travail d’identification est fait, on revient à des chiffres insignifiants.» Le diplomate déplore par ailleurs une stigmatisation infondée de la communauté algérienne, dont l’écrasante majorité est composée de cadres universitaires parfaitement intégrés.

    Escorte dans les avions

    L’ODM confirme que l’accord de réadmission est en vigueur depuis le 27 novembre 2007. Il prévoit le renvoi de personnes en situation irrégulière sur des vols de ligne, à condition qu’elles acceptent de rentrer – ce qui est très rare. Le protocole qui devrait être signé dans les prochaines semaines porte sur la présence d’une escorte policière algérienne dans les avions.

    La question du terrorisme

    Alors, y a-t-il un lien entre la présence des deux policiers algériens aux Pâquis et la signature dudit protocole? «Je n’en ai aucune idée, concède Jean-Philippe Brandt. Ce qui est sûr, c’est que ces policiers étaient de hauts responsables et non des hommes de terrain.»

    Riache El-Haouès veut aussi démentir des rumeurs persistantes, selon lesquelles Alger conditionnerait sa collaboration dans ce dossier à l’extradition par Berne des islamistes algériens réfugiés en Suisse. Il relève, à cet égard, que l’Algérie est le seul pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir signé un accord de réadmission avec la Suisse, ce qui démontrerait sa disponibilité à coopérer et à assurer aux ressortissants algériens respect et dignité.
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    «L’Algérie a souffert énormément du terrorisme qui, aujour*d’hui, est une menace pour le monde entier, souligne l’ambassadeur. La coopération en la matière est une nécessité incontournable pour la communauté internationale, avec la Suisse comme avec les autres pays. Certaines personnes ont été condamnées par la justice algérienne pour leur implication dans des actes liés au terrorisme en Algérie et font l’objet de mandats d’arrêt internationaux diligentés par Interpol. Mais il est faux de faire une relation directe entre migration et coopération au sens large entre l’Algérie et la Suisse.»

    Le Temps
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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