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Du goudron en plein champs à Taqafla

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  • Du goudron en plein champs à Taqafla

    Communément, le brai de houille est appelé «le goudron». Il s’agit d’un mélange complexe de composés organiques, principalement, des hydrocarbures. Bien entendu, plus la teneur en HAP (hydrocarbures Aromatiques polycliniques) d’un produit est élevé, plus les risques pour la santé des personnes, lors de sa manipulation, sont importants.D’ailleurs, en Europe, depuis plus de 15 ans, le goudron n’est plus utilisé pour les travaux routiers en raison de ces risques sur la santé d’abord, des travailleurs.

    Paradoxalement, «chez nous», à Taqafla, village relevant de la commune de Oued El Berdi, ce liquide essentiellement chimique «est disséminé en abondance dans les champs !», comme nous l’a déclaré un des habitants de ce village.

    En effet, dans ce village, situé à 12 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya, une quantité estimée à 30/40 mille litres du goudron y forme toujours un «tapis noir» au milieu des champs.

    A l’origine, il y a presque deux mois, un camion citerne en provenance de Bouira, en empruntant la route d’El Hachimia, et en arrivant à Thaqafla, a dérapé au milieu de la route.

    Ce jour-là, au lieudit Boudjalid, les habitants accoururent sur les lieux et parvinrent à sauver le conducteur de l’engin d’une mort certaine. Quelques temps après, la Gendarmerie et la Protection civile arrivèrent les lieux. En raison du choc de l’accident, car l’engin s’étant renversé sur la chaussée, sa citerne transportant du goudron s’est complètement répandue. La Protection civile nettoya la route, mais le bas côté quant à lui…

    Tandis que, comme ladite route surplombe des champs agricoles dont des maisons sont situées en bas à 200 mètres à vol d’oiseau, le goudron s’est déversé “en formant un oued” ! Cela fait donc presque deux mois.Le goudron a coulé sur une distance de plus de 350 mètres, et une largeur qui a atteint parfois cinq mètres et une profondeur, dans certains endroits, de plus d’un mètre.Cela dit, le produit visqueux, chimique, inflammable et polluant s’écoule, toujours, sous l’effet de la chaleur, à ciel ouvert sur des terres au milieu desquelles vivent des habitants ! “Comme vous voyez, ce goudron collant et gluant comme la poix est une véritable menace”, nous dira Fateh Djali, un quinquagénaire, habitant aux abords de cet “oued noir” situé à quelques mètres du passage de sa maison.

    Pis encore, le forage, seule source d’eau pour sa nombreuse famille, est situé à peine à (quinze) 15 mètres du goudron gluant. A en croire les dires de ces habitants, ces derniers se sont rendus à maintes reprises auprès du P/APC de Oued El Berdi, pour lui faire part de leurs “inquiétudes”.

    Des inquiétudes qui commencent à virer au cauchemar quant à cet “intrus” qui ne cesse de perturber leur quiétude, eux de modestes agriculteurs, mais “c’était en vain”

    . “Nous avons même suggéré au maire de se porter volontaire pour dégager ce goudron mais il semble ne pas avoir le moindre souci de notre préoccupation”, nous dira Djamel, un autre habitant.

    Face à ce désengagement, ces habitants ont naïvement tenté de se débarrasser du goudron en y mettant le feu. “Des flammes atteignant une hauteur incroyable nous ont rapidement dissuadées car elles nous ont fait craindre le pire. En conséquence, nous nous précipitâmes par la suite pour éteindre le gigantesque brasier”, rajoute notre interlocuteur. Il nous a été donné de constater que dix moutons ont été pris au piège, les traitements qu’ils suivent chez un vétérinaire, ne semblent pas être efficaces.

    Egalement, une vache, dont la partie basse est encore teintée de noir, a été difficilement sauvée, des chiens, qui sont passés par là, et retrouvés morts le lendemain —, mais également des serpents.

    Pis encore, un jeune, malade mental, aurait lui aussi eu le tort d’y mettre ses pieds et a failli y “resté collé”.

    Le risque d’un feu qui pourrait dévaster les champs et les maisons, la pollution et la contamination des forages d’eau, portant un préjudice certain aux champs agricoles, mais surtout, un danger permanent pour les enfants et les bêtes… sont autant de “soucis” qui hantent ces habitants.

    Par ailleurs, les habitants de ce village souffrent déjà depuis des années des différentes carrières dont l’une d’elles, est à 600 mètres à vol d’oiseau. “Outre le désagrément causé par le prolongement des travaux à une heure tardive dans la nuit, les travaux de dynamitage ont fissuré ma maison et, le comble, cette fois-ci, ce goudron risque amplement de nuire à notre seule source d’eau, voire de nous contaminer nous-mêmes. Voilà notre lot !”, dira Ammi El Hadj, le père de Fateh.

    Faut-il signaler que ces habitants, dans leur doléances auprès de la direction de l’environnement, leur a aussi signifié “ne pas pouvoir les aider”.

    En attendant, une réaction salutaire des services concernés face à ce danger, les habitants comptent saisir au cours de cette semaine, le premier responsable de la wilaya.

    Par La Dépêche de Kabylie
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