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Nucléaire : Et si l'Iran avait déjà gagné la partie ?

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    Nucléaire : Et si l'Iran avait déjà gagné la partie ?
    Par MAXIME PEREZ
    28.06.09

    "L'Iran n'a jamais dépassé la ligne rouge. Ses déclarations belliqueuses sont liées à la rhétorique du régime. Ahmadinejad n'a jamais dit qu'il utiliserait la bombe atomique contre Israël. En réalité, le danger n'existe que pour les pays du Golfe." - Martin Van Creveld, historien militaire.

    'Toute nation, y compris l'Iran, doit avoir le droit d'accéder à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques." Cette phrase, prononcée le 4 juin dernier au Caire par Barack Obama, illustre sans conteste le repositionnement actuel des Etats-Unis vis-à-vis de la République islamique. S'il est encore trop tôt pour évoquer une nouvelle donne au Moyen-Orient, ce postulat a pour mérite de redéfinir les enjeux que suscite l'avènement en cours de Téhéran comme puissance nucléaire.

    Pour l'heure, même si les Américains refusent officiellement de lier le dossier iranien au conflit israélo-palestinien, le président Obama semble miser sur une diplomatie à deux vitesses. Objectif : exercer des pressions sur Israël et l'obliger à revoir sa politique dans les Territoires palestiniens afin d'optimiser les conditions du dialogue avec le "régime des mollahs" et le dissuader, in fine, de toute velléité nucléaire.

    En coulisses, la Maison Blanche serait même allée plus loin. Lors de la récente visite du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou à Washington, un proche conseiller de Barack Obama aurait ainsi suggéré qu'Israël adhère sans délai au Traité de Non-prolifération, sans quoi il serait impossible de faire reculer l'Iran sur son programme nucléaire. Irrecevable pour l'Etat hébreu.

    Laps de temps très court

    Dans les faits, les Etats-Unis semblent davantage lancés dans une course contre la montre que dans un processus de négociations durables. Selon les estimations israéliennes les plus pessimistes, l'Iran sera en mesure de produire des armes nucléaires début 2010, soit dans moins de six mois. Autant dire que la policy review, politique d'ouverture prônée par Barack Obama, qui rêve d'effacer trente années de discordes avec la République islamique, se heurtera inexorablement à l'épreuve du temps.

    Pour Alon Ben David, correspondant militaire de la chaîne 10, le président américain ne devra pas hésiter à hausser le ton pour faire fléchir Téhéran : "Obama sait que la période de discussions avec l'Iran va être extrêmement courte et qu'il faudra ensuite prendre une décision rapide. Mais s'il ne menace pas directement le régime islamique en même temps qu'il négocie avec lui, alors les mêmes erreurs commises avec la Corée du Nord seront reproduites."

    En cela, Ben David considère que l'allocution d'Obama au Caire est un mauvais indicateur : "Il n'a transmis à l'Iran aucun message de fermeté, à aucun moment il n'a prononcé le mot danger. Ce qui est en jeu, c'est la prolifération. Clairement, Obama n'a pas répondu aux attentes des pays arabes de la région qui sont tout aussi inquiets qu'Israël."

    Pressés par le gouvernement Netanyahou, les Etats-Unis se sont engagés à réévaluer la situation en septembre, et non à la fin de l'année comme ils l'avaient précédemment envisagé. En attendant, Jérusalem promet de ne pas agir militairement mais donne l'impression de se tenir prête à toute éventualité.

    Guerre ou guéguerre ?

    Au début du mois, l'Etat hébreu a mené le plus vaste exercice de défense passive de son histoire : sirène anti-aérienne et descente aux abris dans tout le pays, simulation d'attaques de missiles sur plusieurs fronts, vague d'attentats et scènes d'Intifada, tous les ingrédients du scénario catastrophe étaient réunis pour tester le niveau de préparation des forces de sécurité et des secours.

    Au même moment, un étonnant rapport, émanant du centre d'études stratégiques de Washington, exposait en 114 pages les options offensives s'offrant à Israël pour détruire les installations nucléaires iraniennes. Inédite, la publication passe au crible les capacités militaires des belligérants, les couloirs aériens utilisables par l'aviation de Tsahal, évalue les risques encourus par une telle opération, ses conséquences immédiates et ses chances de réussite.

    D'après les auteurs de cette analyse fouillée, Abdoullah Toukan et Anthony Cordesman, la destruction de trois sites suffirait à paralyser le programme nucléaire iranien durablement : le centre de recherches nucléaires d'Ispahan, les usines d'enrichissement d'uranium de Natanz et de production d'eau lourde d'Arak. Par leur nature, ces trois sites prouvent au passage que la République islamique n'entend pas se limiter au simple développement de l'énergie nucléaire.

    Editorialiste au journal Haaretz, Reouven Pedatzour a été le premier à relayer en détail ce rapport et ne cache pas son scepticisme : "Une frappe contre l'Iran nécessite la mobilisation d'une centaine d'appareils dont près de 90 avions de combat. Israël dispose de tels moyens mais ce n'est pas un critère suffisant. Face aux défenses iraniennes, les risques de pertes sont évalués à 25 %, c'est considérable."

    Il poursuit : "La probabilité d'atteindre les objectifs est extrêmement faible. Israël ne doit surtout pas agir seul, cela constituerait une erreur lourde de préjudices. Netanyahou en a autant conscience que l'état-major. C'est pour cette raison qu'aucune décision n'a été prise à ce jour."

    Vivre avec un Iran nucléaire

    Partagée entre la voie du dialogue et un durcissement des sanctions, la communauté internationale peine à définir une stratégie efficace contre Téhéran. Ces atermoiements bénéficient en premier lieu au régime de Mahmoud Ahmadinejad, qui se trouve renforcé après sa réélection à la tête de l'Iran, vendredi 12 juin. Sauf bouleversement inattendu, la République islamique devrait donc réaffirmer de plus belle ses ambitions nucléaires et l'éventualité qu'elle soit un jour en possession de l'arme absolue semble même déjà intégrée par certains. "L'Iran reste un pays rationnel et sait ce que lui coûtera d'utiliser des missiles nucléaires", estime Reouven Pedatzour.

    Plus catégorique encore, l'historien militaire Martin Van Creveld, qui suit le programme nucléaire iranien depuis 1991, balaie toute idée de menace sur Israël. "Nous n'avons rien à craindre de l'Iran. D'abord, parce que nous avons les moyens de nous défendre et que nous disposons d'une capacité de deuxième frappe avec nos sous-marins nucléaires. Et même si nous sommes attaqués, nos dommages seront limités. Ensuite, l'Iran n'a jamais dépassé la ligne rouge. Ses déclarations belliqueuses sont liées à la rhétorique du régime. Ahmadinejad n'a jamais dit qu'il utiliserait la bombe atomique contre Israël. En réalité, le danger n'existe que pour les pays du Golfe."

    Littéralement à contre-courant, Martin Van Creveld affirme qu'il est possible de coexister avec une deuxième puissance nucléaire au Moyen-Orient : "Un jour, nous nous réveillerons avec cette réalité, elle est inéluctable. Et nous vivrons avec, de la même façon que nous le faisons depuis des années avec la Chine, le Pakistan et la Corée du Nord."

    Fin de la "doctrine Begin"

    Si les contacts diplomatiques que l'administration Obama cherche à établir avec l'Iran s'avèrent improductifs et si, face à leur échec probable, le président américain ne se décide pas à une intervention armée, tout porte à croire que l'Iran sera en possession d'armes nucléaires dans un avenir proche.

    Dans ces conditions, Israël paraît condamné à faire face, psychologiquement et stratégiquement, à un nouvel équilibre des forces dans la région et surtout, à perdre sa suprématie. La "doctrine Begin", qui avait justifié le raid sur le réacteur d'Osirak en 1981, semble aujourd'hui dépassée. A l'heure de la prolifération nucléaire, la dissuasion reste l'ultime atout d'Israël.

    Jerusalem post
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