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Commission des retraits de permis de conduire
La grande mascarade
Les citoyens qui se présentent devant la commission des retraits de permis de conduire siégeant à la daïra de Dar El Beïda doivent prendre leur mal en patience.
Malmenés par une procédure sordide, aggravée par un accueil des plus humiliants, les automobilistes ne sont considérés que comme des quantièmes impersonnels. S’y ajoutent l’indifférence et le mépris affichés à leur égard par le personnel de la daïra les obligeant à patienter des heures durant sous un soleil de plomb.
Le local où sont accueillis les « scélérats » n’est que la guérite des gardiens transformée en bureau pour la circonstance. Le passage devant ladite commission est expéditif, c’est ce que nous avons constaté en nous déplaçant incognito sur les lieux.
« Ils ne nous donnent même pas l’occasion de prendre la parole pour expliquer et défendre notre cas », nous ont confié plusieurs citoyens au sortir de la mansarde faisant office de siège pour la commission. En effet, après la lecture du procès-verbal, le verdict est rendu séance tenante et nulle autre parole n’est tolérée hormis celle des membres de la commission. Les « au suivant ! » d’usage fusent ainsi à une cadence hâtive, sous l’œil goguenard d’un agent de l’ordre qui, de temps à autre, lance une phrase laconique et injurieuse : « Vous ne comprenez pas l’arabe ou quoi, je vous ai dit que les recours se feront après, et je n’ai plus rien à vous dire, sinon cognez-vous la tête contre le mur », lâche-t-il à plusieurs reprises à l’adresse de l’assistance.
Dans le tumulte émanant de la foule inquiète, le mot d’ordre est donné : « Trois mois de retrait de permis pour tout le monde et un autre mois supplémentaire si vous venez à introduire un recours ». Il ne faut espérer aucune clémence de la part de ses membres, le verdict est connu d’avance à moins d’une intervention. C’est ainsi que dans la cour qui jouxte le portail, certaines personnes ne franchissent le bureau de la commission que lorsque leur téléphone portable retentit, un signal qui en dit long. Toutefois, la formalité de passage par la commission reste de mise. A 11h, la commission passe outre la démarche qui consiste à permettre aux citoyens de se présenter devant ses membres. Les agents de sécurité annoncent la couleur : « Vous devez tous revenir mardi pour connaître la décision de la commission ».
Il ne sera de ce fait plus possible de défendre sa cause dès lors que les décisions seront rendues en l’absence des concernés. Dans un autre registre, le parking de la daïra qui est habituellement fermé au public se retrouve en cette journée accaparé par des jeunes qui s’auto-proclament gardiens des lieux. Ils vous réclament 30 da à quelques pas d’une institution de l’Etat. Du jamais vu, direz-vous ! « Normal, dans un pays où l’impunité est criante ». Après un passage des plus mortifiants devant la commission des retraits de permis de conduire, voilà que ces jeunes vous obligent, eux aussi, à débourser de l’argent.
El Watan
La grande mascarade
Les citoyens qui se présentent devant la commission des retraits de permis de conduire siégeant à la daïra de Dar El Beïda doivent prendre leur mal en patience.
Malmenés par une procédure sordide, aggravée par un accueil des plus humiliants, les automobilistes ne sont considérés que comme des quantièmes impersonnels. S’y ajoutent l’indifférence et le mépris affichés à leur égard par le personnel de la daïra les obligeant à patienter des heures durant sous un soleil de plomb.
Le local où sont accueillis les « scélérats » n’est que la guérite des gardiens transformée en bureau pour la circonstance. Le passage devant ladite commission est expéditif, c’est ce que nous avons constaté en nous déplaçant incognito sur les lieux.
« Ils ne nous donnent même pas l’occasion de prendre la parole pour expliquer et défendre notre cas », nous ont confié plusieurs citoyens au sortir de la mansarde faisant office de siège pour la commission. En effet, après la lecture du procès-verbal, le verdict est rendu séance tenante et nulle autre parole n’est tolérée hormis celle des membres de la commission. Les « au suivant ! » d’usage fusent ainsi à une cadence hâtive, sous l’œil goguenard d’un agent de l’ordre qui, de temps à autre, lance une phrase laconique et injurieuse : « Vous ne comprenez pas l’arabe ou quoi, je vous ai dit que les recours se feront après, et je n’ai plus rien à vous dire, sinon cognez-vous la tête contre le mur », lâche-t-il à plusieurs reprises à l’adresse de l’assistance.
Dans le tumulte émanant de la foule inquiète, le mot d’ordre est donné : « Trois mois de retrait de permis pour tout le monde et un autre mois supplémentaire si vous venez à introduire un recours ». Il ne faut espérer aucune clémence de la part de ses membres, le verdict est connu d’avance à moins d’une intervention. C’est ainsi que dans la cour qui jouxte le portail, certaines personnes ne franchissent le bureau de la commission que lorsque leur téléphone portable retentit, un signal qui en dit long. Toutefois, la formalité de passage par la commission reste de mise. A 11h, la commission passe outre la démarche qui consiste à permettre aux citoyens de se présenter devant ses membres. Les agents de sécurité annoncent la couleur : « Vous devez tous revenir mardi pour connaître la décision de la commission ».
Il ne sera de ce fait plus possible de défendre sa cause dès lors que les décisions seront rendues en l’absence des concernés. Dans un autre registre, le parking de la daïra qui est habituellement fermé au public se retrouve en cette journée accaparé par des jeunes qui s’auto-proclament gardiens des lieux. Ils vous réclament 30 da à quelques pas d’une institution de l’Etat. Du jamais vu, direz-vous ! « Normal, dans un pays où l’impunité est criante ». Après un passage des plus mortifiants devant la commission des retraits de permis de conduire, voilà que ces jeunes vous obligent, eux aussi, à débourser de l’argent.
El Watan