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La montée du désenchantement
par Kharroubi Habib
par Kharroubi Habib
Il y a une quinzaine de jours, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louiza Hanoun, a déclaré «ne pas comprendre» le silence dans lequel le président de la République s'est emmuré depuis sa réélection, alors que, selon elle, la situation du pays suscite des inquiétudes très fortes tant au plan sécuritaire qu'économique et social. Beaucoup de citoyens partagent l'incompréhension manifestée par Louiza Hanoun du mutisme présidentiel, d'autant que celui-ci laisse libre cours à la propagation de rumeurs qui, faute d'un discours officiel éclairant, sont devenues les référents d'intentions prêtées au Président réélu. Il en est qui, par contre, trouvent normal le silence de ce dernier, au principe qu'il a tout dit pendant la campagne électorale sur ce qu'il compte entreprendre durant son troisième mandat et qu'il n'a pas à rabâcher des propos à la moindre occasion.
Tous se rejoignent cependant pour considérer que la réélection de Bouteflika n'a pas produit le déclic espéré qui aurait mis fin au climat d'attentisme dans lequel baigne le pays bien avant l'élection présidentielle. Et que, de ce fait, le chef de l'Etat, qui est certainement avisé que cette perception qu'ont les citoyens de la situation post-électorale est source d'interrogations et de spéculations plus ou moins justifiées mais réelles, devrait rompre avec la distance olympienne dans laquelle il se complaît, alors même que ses plus fidèles partisans sont eux-mêmes assaillis par l'incompréhension sur le pourquoi de la persistance de cet attentisme. Le calendrier présidentiel prévoit que Bouteflika s'adressera à la nation, comme cela est rituel, le 4 juillet, veille de la commémoration de l'anniversaire de l'indépendance nationale. Ce devrait être l'occasion pour lui de clarifier les choses. En récusant par exemple que la continuité sur laquelle et pour laquelle il a été réélu n'est pas antinomique avec des changements, tant dans le domaine de la gouvernance que des stratégies suivies par celle-ci durant ses deux premiers mandats et dont les résultats ont, de son propre aveu, été en deçà des attentes populaires.
A tort ou à raison, les citoyens, quel que fût leur comportement au scrutin présidentiel, prêtent à Bouteflika l'intention de bousculer les choses et les évènements durant son mandat, tout en mettant du sens contradictoire aux desseins que celui-ci caresse d'atteindre, selon eux.
Les lendemains d'une élection présidentielle s'entament traditionnellement dans un climat euphorique que génère l'espoir en des changements à venir, sinon de rupture avec la période préélectorale. Ce n'est pas l'atmosphère qui règne dans le pays depuis le scrutin d'avril. Et cela pour la raison que les premières décisions du Président réélu sont apparues significatives de son refus de donner suite à l'aspiration au changement, qui est pourtant la raison qui a confusément conditionné les comportements des électeurs, aussi bien ceux qui ont contribué à sa réélection que ceux ayant voté pour d'autres candidats et que ceux s'étant réfugiés dans l'abstention.
Une telle montée du désenchantement populaire aussi rapide dans le temps fait obligation au président de la République de descendre de son Olympe et montrer qu'il est à l'écoute de ce qui se débat dans l'opinion publique à juste titre ou sans raison.
Le Quotidien d'Oran
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