Les ossements de cheikh Aheddad et de son fils Azziz seront exhumés d’un cimetière de Constantine pour être transférés à Seddouk-Oufella où une cérémonie solennelle de réinhumation sera organisée le 3 juillet prochain.
Les deux cercueils arriveront la veille au village où de profonds travaux de réparation du siège de la zaouïa ont été entrepris par les autorités. Bien que le lieu de décès de cheikh M’hand, autre fils de cheikh Aheddad, demeure inconnu, une tombe vide lui sera érigée aux côtés de son frère et de son père. Condamné le 19 avril 1873, à une peine de cinq ans par le tribunal de Constantine, cheikh Aheddad décède dix jours plus tard à la prison de Coudiat-Aty.
Après le parcours initiatique, Mohand Améziane Aheddad deviendra khalifa de la tariqa de Sidi-Mohamed Ben Abderahmane, c’est-à-dire le chef spirituel de la Rahmanya, une tariqa qui rayonne sur une bonne partie du pays et particulièrement en Kabylie. Originaire de Béni-Mansour, les Aheddad se sont établis à Seddouk où le père de cheikh Aheddad, fils de forgeron, fondera une zaouïa.
Le cheikh est déjà un vieillard déclinant lorsque le bachagaha El-Mokrani, d’abord allié des Français, déclenche un soulèvement dans les plaines de Medjana à la faveur de l’engagement des troupes françaises sur le front prusse.
Quoique sceptique, le cheikh va plier sous l’insistance de son fils Azziz, impatient de chevaucher le vent de la révolte. "Rray d amcum walakin at nexdem !" (L’idée est des plus mauvaise mais nous y souscrivons !), aurait-il lâché avant de se résoudre à donner son onction. Et le 8 avril 1871, jour de marché hebdomadaire, il décrète le djihad contre l’occupant français.
Théâtrale, la posture du cheikh juché sur un cheval et haranguant les foules est reprise dans Si Mohand, le film de Yazid Khodja. "Nous bouterons l’ennemi hors de nos terres !" s’exclame Aheddad qui accompagne son propos par le largage de sa canne au milieu des gens venus faire leurs courses au souk de Seddouk.
150 000 Kabyles répondent à l’appel du chef spirituel de la Rahmanya. Commandés par les cheikhs Azziz et M’hand, les tribus bataillent dans la vallée de la Soummam et aux portes de Bougie jusqu’à juin 1871.
Des conflits de zaouïas et des querelles de leadership ne tardent néanmoins pas à apparaître et les Français vont reprendre la maîtrise de la situation. Le vieux cheikh est arrêté et jugé à Constantine. Ses fils Azziz et Mhand ainsi que Boumezreg, frère d’El-Mokrani, sont déportés en Nouvelle-Calédonie d’où le premier parviendra à revenir après plusieurs péripéties .
Bien que lointain, le souvenir de Nfaq n 71 demeure encore dans l’imaginaire kabyle car la défaite donne lieu à de cruels lendemains. L’épisode continue de retentir encore de nos jours en des éclats qui résistent au temps. Passée dans le langage de tous les jours, l’expression, "markits a lxuja tecdeh !" (huissier, inscrit qu’elle a bien dansé !), daterait de séances d’humiliation durant lesquelles les épouses des insurgés étaient contraintes de danser en public sous les yeux goguenards de la soldatesque et des affidés. Les terres des insurgés seront séquestrées. Un séquestre qui structure aujourd’hui encore l’argumentaire des villageois des hauteurs d’Akbou qui contestent la restitution des terres aux descendants du bachagha Ben-Aly-Chérif.
Par la dépêche de Kabylie
Les deux cercueils arriveront la veille au village où de profonds travaux de réparation du siège de la zaouïa ont été entrepris par les autorités. Bien que le lieu de décès de cheikh M’hand, autre fils de cheikh Aheddad, demeure inconnu, une tombe vide lui sera érigée aux côtés de son frère et de son père. Condamné le 19 avril 1873, à une peine de cinq ans par le tribunal de Constantine, cheikh Aheddad décède dix jours plus tard à la prison de Coudiat-Aty.
Après le parcours initiatique, Mohand Améziane Aheddad deviendra khalifa de la tariqa de Sidi-Mohamed Ben Abderahmane, c’est-à-dire le chef spirituel de la Rahmanya, une tariqa qui rayonne sur une bonne partie du pays et particulièrement en Kabylie. Originaire de Béni-Mansour, les Aheddad se sont établis à Seddouk où le père de cheikh Aheddad, fils de forgeron, fondera une zaouïa.
Le cheikh est déjà un vieillard déclinant lorsque le bachagaha El-Mokrani, d’abord allié des Français, déclenche un soulèvement dans les plaines de Medjana à la faveur de l’engagement des troupes françaises sur le front prusse.
Quoique sceptique, le cheikh va plier sous l’insistance de son fils Azziz, impatient de chevaucher le vent de la révolte. "Rray d amcum walakin at nexdem !" (L’idée est des plus mauvaise mais nous y souscrivons !), aurait-il lâché avant de se résoudre à donner son onction. Et le 8 avril 1871, jour de marché hebdomadaire, il décrète le djihad contre l’occupant français.
Théâtrale, la posture du cheikh juché sur un cheval et haranguant les foules est reprise dans Si Mohand, le film de Yazid Khodja. "Nous bouterons l’ennemi hors de nos terres !" s’exclame Aheddad qui accompagne son propos par le largage de sa canne au milieu des gens venus faire leurs courses au souk de Seddouk.
150 000 Kabyles répondent à l’appel du chef spirituel de la Rahmanya. Commandés par les cheikhs Azziz et M’hand, les tribus bataillent dans la vallée de la Soummam et aux portes de Bougie jusqu’à juin 1871.
Des conflits de zaouïas et des querelles de leadership ne tardent néanmoins pas à apparaître et les Français vont reprendre la maîtrise de la situation. Le vieux cheikh est arrêté et jugé à Constantine. Ses fils Azziz et Mhand ainsi que Boumezreg, frère d’El-Mokrani, sont déportés en Nouvelle-Calédonie d’où le premier parviendra à revenir après plusieurs péripéties .
Bien que lointain, le souvenir de Nfaq n 71 demeure encore dans l’imaginaire kabyle car la défaite donne lieu à de cruels lendemains. L’épisode continue de retentir encore de nos jours en des éclats qui résistent au temps. Passée dans le langage de tous les jours, l’expression, "markits a lxuja tecdeh !" (huissier, inscrit qu’elle a bien dansé !), daterait de séances d’humiliation durant lesquelles les épouses des insurgés étaient contraintes de danser en public sous les yeux goguenards de la soldatesque et des affidés. Les terres des insurgés seront séquestrées. Un séquestre qui structure aujourd’hui encore l’argumentaire des villageois des hauteurs d’Akbou qui contestent la restitution des terres aux descendants du bachagha Ben-Aly-Chérif.
Par la dépêche de Kabylie